Préface Francis Ponge
Par Stella0400 • 6 Octobre 2017 • 1 391 Mots (6 Pages) • 676 Vues
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dans le pain ou la chute est aussi lourde que l’entame du texte. Présentant
une noble croute de pain et une vilaine mie, mais, patatras, le pain sera brisé et
consommé, pas question de le mettre sur une étagère comme une porcelaine
ornementale. Ainsi le poète va jongler avec ses mots, quand il met un objet banal sur un
piédestal, la chute n’est généralement pas loin, montrant que la Nature aime le
mouvement et , en particulier, les équilibres instables. La notion d’équilibre est
purement scientifique, un domaine auquel Ponge montre une grande sensibilité.
Finalement, dans ses poèmes Francis Ponge fait apparaître des points techniques,
scientifique de l’objet. Le cageot montre que cette chose pratique à été créé, inventé,
développé pour pouvoir être brisée facilement grâce à l’agencement parfait de chaque
planche de bois : « Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans
effort » (l, 5). Aussi, comme cette bougie qui a été modélisé d’une façon à avoir une
flamme ne s’échappant pas de son support à cause de son emplacement parfait qui se
trouve au creux de ce dernier : « Sa feuille d’or tient impassiblement au creux d’une
colonnette d’albâtre par un pédoncule très noir ». Et de même qu’elle se nourrit de son
support : « puis s’incline sur son assiette et se noie dans son aliment. ». La description
est digne d’une fiche technique. De même, dans « Le pain », l’auteur parle de la réaction
chimique qui va créer ces chaines de montagnes grâce à la cuisson : « Une masse
amorphe en train d’éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle
s’est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses… ». Comme pour le feu qui
consume ce qui est sur son chemin et qui le fait écrouler à cause du changement de
matière : « Puis, tandis que les masses contaminées avec méthode s’écroulent », il parle
aussi de la réaction des molécules d’air qui se rendent moins denses quand elle sont
chaudes et font voler les débris sous l’effet de la chaleur. Dans « Le papillon » Francis
Ponge nous explique le cycle de la chenille qui devient un papillon se nourrissant de
sucre réfugié dans les tiges des végétaux : « Lorsque le sucre élaboré dans les tiges surgit
au fond des fleurs » , il parle avec beaucoup de détails de l’anatomie de l’insecte comme
nous pourrions le voir dans un livre de Science et Vie de la Terre. Dans chacun des
poèmes choisis il y une notion forte de sciences qui ressort à travers des vers exacts et
précis.
Francis Ponge nous aide à nous rapprocher de la Nature de par les choses qu’il décrit. Il
met l’accent, dans notre réalité, à faire attention à ces banalités essentielles. Il est certain
que, maintenant, nous ne pouvons plus voir les cageots, les portes ou les bougies de la
même façon. Le poète va donner du sens à cette vie quotidienne et va faire naitre un
monde d’émotions juste par l’utilisation de nos sens, sur des observations ou des actions
comme celles d’ouvrir une porte, dont il serait dommage de se priver. Cette fascination
pour l’éphémère, son humour, sa prose toujours en équilibre instable tout en restant
bâtie sur un respect profond de la science font de Ponge un jongleur de mots, un artiste.
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