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Francis Ponge - Les mûres

Par   •  12 Mai 2018  •  2 411 Mots (10 Pages)  •  2 393 Vues

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III. La leçon des mûres au poète

a. Le dégout des idées

Constamment affirmé par Ponge, il s’exprime par le goût par la description de la chose concrète. La route ne même pas au dessus des choses, dans le monde des idées. Le poème avertis qu’il n’est pas une philosophie du poème, ce n’est pas une activité philosophique. Le poème suit une direction horizontale. De même le poème refuse de se définir comme entreprise de spiritualisation, la route où l’on trouve les mûres ne mènent pas à l’esprit. Il n’y a ni abstraction philosophique, de transformation de la chose en idée, ni spiritualisation de la matière. On ne donne pas d’esprit à la mûre. Il s’agit donc d’affirmer ici que le poème est une définition matérialiste, on ne sort pas de la matérialité des choses. Le poème se définit comme une matérialité « buisson typographique » c’est une réalité concrète, visuelle. Dans le dernier paragraphe une leçon est tirée sur les mûres. Cette leçon ne décolle pas de la réalité concrète des mûres décrite, c’est pourquoi le poète « en prends de la graine ». Le poète joue sur le double le sens, celui littéral et celui figuré. Le sens figuré passe en premier, mais le sens figuré dans le contexte est remotivée si bien que l’on comprend que la leçon des mûres c’est une consommation des mûres. Le poète est dans un rapport concret des choses. Enfin le discours n’est pas abstrait, un discours concret à travers le poète définit concrètement le poème. Il y a bien une leçon mais pas une moralité abstraite. La leçon doit rester une leçon de choses (équivaut à l’histoire naturelle). Le poème se rapproche d’une leçon de choses au sens de l’histoire naturelle et non pas d’une philosophie du poème.

b. Le refus de la sacralisation du poème et du poète

La route que le poème borde de buisson ne mène ni hors des choses. Définition matérialiste du poème exprime le refus de sacralisation du poème il s’exprime d’abord par le lien des hommes et des oiseaux et puis des mûres d’autre part. On voit que la poésie n’est pas sacralisée, on peut souligner que l’oiseau est une figure du lyrisme (rossignol qui chante, figure très répandu), et voici que cette image se trouve réduit à un tube digestif. Il y a une de désacralisation de cette figure de la poésie lyrique. Le poète dans la dernière séquence, pas de majuscule pour parler du poète. Ici le poète est un homme qui fait le métier de poésie y compris quand il se promène. Il y a reprise de l’association poète/promeneur, association très présente dans la poésie, la marche fait traverse le réel et est propice à la rêverie. Ici elle n’est mythifiée, c’est une activité professionnelle. De plus refus de la sacralisation avec le comique, comparaison avec rogue et puis les jeux de mots. A ce comique s’ajoute une auto ironie constante, le poème ironise en se comparant à un fruit pauvre et son aspect rébarbatif. Il y a dans le poème une auto dévalorisation ludique du poème lui-même.

c. Ecrits et écriture

La mûre à pour particularité que son nom se raccorde à la maturité, c’est une chose qui accède à elle-même lorsqu’elle devient mure. Jeu de mot qui insiste sur le fait de maturation, si l’on rapporte cette maturation au poème lui-même, ce choix de la mûre est le choix de privilégié est la question de la genèse du poème. Dans le parti pris des choses, idée que ce qui est intéressant c’est moins le produit fini que l’écriture. Il y a des passages qui sont arrivés à maturité dans le poème, d’autres qui y sont presque et d’autres qui en sont loin. Des éléments très aboutis et d’autres qui mériteraient d’être retravaillés. Alors s’annule la distinction entre le signifiant et le signifié. Les mots collent aux choses. Quant à la fleur dans sa fragilité vient dire que le poème dans son début est fragile, le début de rédaction demande de patient efforts. A travers ces patients efforts de la fleur, ce qui est récusé c’est l’idée de l’inspiration, le poème est plus pensé comme écrit, un développement mais c’est un développement précaire, fragile, qui pourrait s’arrêter d’une minute à l’autre, il doit se défendre. Ce caractère défensif de l’écriture. Ceci fait comprendre pourquoi dans la deuxième séquence le poète ne dit pas vert au lieu de kaki car kaki couleur du militaire. Il doit se défendre avant d’apparaître comme la mûre mure.

En conclusion dans ce poème la description des mures se doublent d’une définition du poème, qui insiste sur sa dimension typographique, visuelle et puis sur son statut de résultat d’un lent et fragile effort de maturation. Le poème est doublement du côté de l’écriture. Et il du côté de l’écriture car il est un processus, genèse, développement qui s’achèvent qu’avec la réconciliation du signifié et signifiant. Le poème est lui-même comme une chose, c’est pourquoi la route qui mène au poème ne va ni hors des choses et à l’esprit. Il affirme qu’il est un parti pris des choses au même titre que Le Cageot, refusant toute sacralisation de la poésie et refusant que la poème bascule dans la philosophie. Toutefois « honte et repentir des mûres » va faire du poème une critique acerbe, Ponge relisant son poème se reconnaît pour mérite d’avoir choisi comme allégorie une chose très modeste mais Ponge consacre cette note surtout à critiquer le manque d’attention véritable à la chose qui marque ce poème. Ainsi le fruit n’est pas composé d’une agglomération de sphères, c’est donné une sorte de régularité géométrique qui n’existe pas dans les vraies mûres. Il se reproche d’avoir géométrisé ses mûres, les avoir tirées vers l’abstraction pour produire cet objet parfait où les mûres deviennent le murmure du poème. La perfection factice du poème le dégoute. « Il manque trop de choses à ces mûres qui font leur réalité ». Ce qu’il trouve factice c’est la subordination de la description des mûres à une réflexion sur la poésie. Cette subordination fait que les mûres tendent à ne plus être décrites pour elle-même mais ce qu’elles définissent du poème. Ce poème n’a pas fait cette perfection car il ne fait ce qu’il dit, il va hors des choses pour penser la poésie. Ponge à la suite de cette critique va essayer de faire en sorte que la réflexion méta poétique ne vient pas concurrencé la définition description de la chose. Le poète est d’abord celui qui fait attention aux choses et en « prends de la graine ».

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