Notre société a-t-elle besoin d'admirer des individus extraordinaires ?

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Il me parait évident que l’admiration peut tomber dans la démesure, dans le danger, si bien pour l’admirateur que pour l’admiré, et l’être extraordinaire ne s’accorde pas toujours avec le bon, le juste et l’honorable. Dans la société individualiste actuelle, l’homme doit se protéger, et se responsabiliser.

Il en va sans dire que la société actuelle consumériste amplifie le phénomène des exploits, des modèles, des stars, qu’elles soient fictionnelles ou réelles. La société guide et manipule l’homme en lui servant des individus à adorer, à admirer, à qui vouloir ressembler, tout cela sans se soucier de la certaine fragilité et naïveté de son public. De sorte qu’en exposant abondamment un footballeur, et surtout sa fortune, parti de rien comme Karim Benzema, tous les jeunes hommes issus de milieu difficile croient, aveuglément parfois, pouvoir eux aussi réussir aussi facilement une telle ascension professionnel et sociale, à tel point qu’ils ne voient plus l’utilité d’étudier et de travailler.

Une responsabilité doit être également attribuée à l’homme en lui-même, dans son choix de héros, et dans sa manière de l’utiliser. Il doit se raisonner, prendre un certain recul sur le modèle qu’il idéalise, et se responsabiliser. Dans cette vision, l’exemple le plus probant est celui des parents qui se doivent de surveiller les loisirs, les passe-temps de leurs enfants, notamment en termes de jeux vidéo. La question de l’utilisation de jeux-vidéo, et de ses personnages souvent violents qui influencent la psychologie du joueur est d’ailleurs constamment soulevée dans cette société de plus en plus virtualisée.

Il semble alors évident qu’admirer des individus extraordinaires mais qui se rapprochent de l’ordinaire est moins risqué pour l’homme. Les héros du quotidien sont plus adaptés au commun, aux habitudes de l’homme. Ainsi, les bénévoles de l’association Emmaüs, ou encore plus basiquement les pompiers, sont extraordinaires de par leurs bonnes actions désintéressées et leur sens de l’aide à autrui. L’homme peut facilement s’identifier à lui, l’admirer, et même devenir comme lui, sans « effets secondaires », sans excès, sans violence.

En définitive, si j’avais à juger, je dirais qu’avoir un individu extraordinaire à modéliser, à admirer, participe à la construction identitaire de l’homme, et lui permet de se détacher de sa triste réalité. Néanmoins, extraordinaire ne signifie pas forcément positif, bon, le choix du modèle doit être alors raisonnable. En outre, le phénomène d’adoration présente des dérives, et peut constituer un réel danger pour l’homme, s’il n’est pas maîtrisé. Pour y remédier, je pense que la société et l’homme doivent tous deux se responsabiliser, pour ainsi conserver les fonctions positives primaires d’admirer un être extraordinaire.