La sociologie est-elle utile?
Par Andrea • 11 Juin 2018 • 3 482 Mots (14 Pages) • 578 Vues
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Bernard Lahire, en argumentant la réponse à la question «A quoi sert la sociologie ?», qualifie celle-ci de singulière, de particulière. Tout d'abord on peut rappeler qu'elle s’est développée avec un certain retard par rapport aux autres sciences mais ce « retard », comme le précise Bourdieu, tient au fait que la sociologie est une science spécialement difficile. Une des difficultés majeures réside dans le fait que ses objets sont des enjeux de luttes comme des choses que l’on cache, que l’on censure, pour lesquelles on est prêt à mourir parfois. On parle ainsi plutôt de la difficulté particulière qu’il y a à faire de la sociologie qui tient très généralement à ce que les gens ont peur de ce qu’ils vont trouver. La sociologie affronte sans cesse celui qui la pratique à des réalités rudes, elle désenchante. C’est pourquoi, contrairement à ce que l’on croit souvent, elle n’offre aucune des satisfactions que l’adolescence recherche souvent dans l’engagement politique. De ce point de vue, elle se situe tout à fait à l’opposé des sciences dites «pures» (ou des arts « purs ») qui sont sans doute pour une part, des refuges où l’on se retire pour oublier le monde, des univers épurés de tout ce qui fait problème, comme la sexualité ou la politique. Elle a aussi eu du mal à être considérée comme science qui pourtant pour la plupart des sociologues en est une ( «La bonne sociologie serait scientifique et se distinguerait nettement de productions intellectuelles relevant d’autres genres» Boudon 2010.) Mais la sociologie n'est pas seulement particulière à cause de son retard. Elle reste une discipline critique mais aussi et surtout très critiquée ce qui d'ailleurs est le principal argument de la réflexion de Lahire. Parlons déjà de son sens critique. D’abord, la critique selon les Lumières est critique des préjugés (irrationnels) par la droite raison. Il est clair que dans ce sens très général, la sociologie est fille des Lumières. Elle constitue un savoir du social différent, voire contradictoire ,de celui des acteurs. En ce premier sens, il n’est pas faux de soutenir que toute sociologie est potentiellement critique. Mais comme le demande Berger, «qu’est-ce que faire de la sociologie sinon combattre des mythes, des explications sans fondements, des préjugés de toutes sortes véhiculés au sein d’une société ?». Lahire le confirme d'autant plus en notant «qu'elle remplie souvent une fonction critique». Nous sommes à l'heure actuelle dans des sociétés critiques. Les sociologues sont toujours entre la science et la critique politique et morale. Ils sont en tension entre la connaissance experte du monde social et la dénonciation de la distance par rapport aux principes, aux réalités de la société. Mais la critique dans les sciences sociales se prolonge par la mise en cause. Par exemple, les sociologues sont souvent là à mettre en cause tel ou tel programme de telle ou telle institution. De ce fait, le modèle normatif de la parentalité a été analysé mais aussi critiqué par de nombreux sociologues comme Delphine Chauffant et Sandrine Dauphin qui critiquent la non-acceptation de la société des changements de parentalité qui sont de plus en plus nombreux (de nouvelles familles apparaissent comme homoparentalité, monoparentalité...). Or il semble que la sociologie est souvent et surtout là pour remettre en cause des choses négatives qui dévalorisent notre société. Les stigmatisations dues aux origines sociales mais aussi le racisme sont critiqués mais pour de bonnes raisons, ils sont mauvais et créer des illusions et de l'ennui aux sociétés. Un autre principe de Luc Van Campenhoudt, s'affranchir des catégories de pensées instituées, peut nous faire réfléchir à ce sujet, sur le fait que nous sommes dans une société d'illusion et où la sociologie intervient. Ressort la question de l'ethnocentrisme, notre vision de la culture des autres est influencé par les préjugés de notre propre milieu social. Les sociologues sont ainsi là pour nous affranchir des ses pensées qui nous sont instituées. De plus comme le remarque Bernard Lahire dans sa réflexion, le sociologue ne se préoccupe pas de savoirs si les vérités qu'il dénonce ou qu'il apprend seront agréables ou déconcertantes, si il est bon de changer les rapports établis ou non. On note ici une autre fonction, une autre utilité de la sociologie. Il est non plus question qu'elle ne serve qu'à la compréhension entre les sociétés mais aussi à les protéger, à les rendre meilleures en critiquant donc en mettant en cause certains de leurs comportements, de leurs pensées. Si, nous avons vu que la sociologie est particulière premièrement à cause de son retard et deuxièmement, de sa fonction critique, elle l'est aussi puisque contrairement à d'autres sciences, disciplines elle est énormément critiquée. Cet élément est aussi très présent dans la réflexion de Lahire. Rien qu'en posant la question de son utilité, la sociologie est critiquée puisque en demandant ça on ne lui trouve donc pas de sens, pas de raisons d'exister donc ceci est bien une forme de critique envers cette science sociale. Si elle a mit autant de temps à exister c'est aussi à cause de ça, du fait qu'elle a toujours été critiquer, rabaisser aujourd’hui peut-être moins qu'avant certes mais il est toujours difficile pour elle de se faire une place importante parfois. Le sociologue est dans une position très particulière puisqu'il est sans cesse obliger de passer autant de temps à expliquer et justifier sa démarche qu'à livrer les résultats de ses analyses. Bernard Lahire insiste vraiment sur cette science qui est critiquée, c'est même la base de son sujet. Il explique que «tout sociologue qui prétend faire œuvre scientifique et, par conséquent, défendre son indépendance d'esprit cotre tout imposition extérieure à la logique de son métier, est amené un jour ou l'autre à défendre, discrètement ou rageusement, sa liberté à l'égard de toute espèce de demande sociale.» Dans ce sens, même les débutants sont amenés à critiquer leur futur en demandant aux professionnels des inquiétudes prosaïques mais compréhensibles les appelle Lahire de type «quels débouchés avec la sociologie ?» Donc la sociologie est critique mais aussi critiquée et particulière d'où sa difficulté. On peut alors mieux comprendre la question «A quoi sert la sociologie ?» puisqu'il est difficile de la cerner si nous ne la connaissons pas un minimum.
La sociologie est critiquée mais si elle existe dans notre superstructure c'est que l'infrastructure le permet et aussi si la société investit
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