La religion est-elle socialement utile ?
Par Junecooper • 23 Mars 2018 • 1 755 Mots (8 Pages) • 598 Vues
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Il est vrai qu’il y a une vie collective dans nos sociétés et qu’il est même possible de faire des analogies avec des formes anciennes ou de montrer des traces d’anciennes cérémonies religieuses. C’est le cas du nouvel an comme l’a montré Mircea Eliade dans Le sacré et le profane où du collectif se constitue. Il n’en reste pas moins vrai que l’analogie est trompeuse. Ce n’est pas parce que nous avons encore des cérémonies, voire des rites, qu’il y a une religion qui fonde notre vie sociale. En vérité, il n’en est rien. Il y manque le caractère collectif de la croyance. Les cérémonies du 14 juillet commémorent bien un événement fondateur. Mais à la différence de la naissance du Christ, il n’est en aucune façon l’irruption du sacré dans le profane. Il n’est dès lors pas interdit de se référer à une religion mais elle ne peut instituer la société. Celle-ci repose donc sur la capacité des hommes à être autonomes et à ne pas se soumettre à des croyances qu’ils n’ont pas eux-mêmes examinées.
De plus, il ne suffit pas de dénoncer l'erreur des religions pour les faire disparaître : leur permanence tient à la permanence des désirs qui les soutiennent. Karl Marx, dans Critique de la philosophie du droit de Hegel, considère que la religion est « l'opium du peuple », c'est-à-dire comme une drogue qui lui fait oublier ses soucis et le soulage, mais ne l'aide pas à résoudre ses problèmes (son exploitation économique), et bien au contraire l'affaiblit et le pousse à se soumettre (elle justifie le travail comme expiation du péché originel ; elle justifie la hiérarchie sociale).
En un mot, le problème était de savoir si la religion est utile à la société. Il est apparu que la religion pouvait jouait le rôle de sanction morale, mais plus fondamentalement qu’elle pouvait être considérée comme l’institution même du social. Or, s’il est vrai que la société humaine a commencé par la religion, elle a fini par se libérer de sa tyrannie. En se fondant sur l’autonomie de l’homme, en la cantonnant dans l’espace privée, la société permet à la religion de lui donner le meilleur, le dépassement de l’égoïsme, en évitant le pire, un collectif exclusif et violent.
Introduction :
Notre réaction spontanée nous porte à penser que la religion est utile à la société. La religion vise l'unité de la communauté, sa cohésion pacifique. Elle relie les hommes entre eux et à Dieu. L'origine étymologique du terme religion renforce cette idée, puisqu'il vient du verbe latin « religare », relier, qui désigne d'une part, l'union des hommes avec des puissances surnaturelles ; d'autres part, l'association des hommes entre eux.
Toutefois, il ne faut pas s'arrêter à la qualité d'association de la religion. Si celle-ci associe les hommes, elle n'en est pas moins socialement nuisible, voire dangereuse. En effet, ne favorise-t-elle pas implicitement la reproduction et l'entretien sempiternels d'une violence sociale qu'elle souhaitait éliminer ?
Peut-on dire pour finir de la religion qu'elle est un « moment social » à dépasser, ou certains constats irréductibles doivent-ils nous amener à relayer très prudemment ce jugement un peu hâtif ?
Conclusion :
Si nous résumons les acquis des deux premières parties, nous devons bien admettre que la religion constitue un élément essentiel de la culture et que, sur un plan philosophique, elle peut être redoutablement cohérente sinon rationnelle. Mais les critiques rationalistes et matérialistes sont tout aussi justifiées, d’autant qu’elles se prévalent maintenant de la science et de ses acquis, lesquels obligent à refouler la religion, pour une large part, dans l’imaginaire.
Les justifications philosophiques et rationnelles de la religion sont plus que fragilisées. Du point de vue métaphysique, la mort reste pensable en faisant abstraction d'un Dieu et d’un au-delà. Du point de vue moral, l’argument “s'il n'y a pas de Dieu, tout est-il permis” ne tient pas. Du point de vue social enfin, la civilisation et la culture peuvent bien survivre et évoluer sans le laisser guider par la religion (ce qui ne veut pas dire qu’il faille l’éradiquer).
Néanmoins le symptôme d’un “retour du religieux”, phénomène ponctuel et non global, mais récurrent, doit toujours être interprété comme un problème dans la civilisation. Ceux qui se tournent vers la religion sont-ils les déçus de la civilisation dite “matérialiste” et “capitaliste” ? Quelques soit les problèmes considérés, quand il s’agit de l’avenir des sociétés et de l’humanité, l’on ne peut jamais faire l’'économie d’une pensée du phénomène religieux.
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