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La droitisation à l'anglaise : évolution du parti UKIP

Par   •  8 Mai 2018  •  2 682 Mots (11 Pages)  •  473 Vues

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Après la poussée électorale d’UKIP en 2012, l’année 2014 marque l’explosion pour UKIP. Cette explosion a lieu aux élections locales britanniques d’abord. Le parti travailliste profite du mouvement de balancier habituel au moment des élections intermédiaires en gagnant 324 conseillers et 6 conseils de comtés. Les conservateurs pâtissent de cette victoire du parti travailliste en perdant 236 conseillers et 11 conseils de comtés. Quand aux libéraux-démocrates, ils poursuivent leur chute entamée au lendemain de leur accession au pouvoir en perdant 310 conseillers et 2 conseils de comtés. C’est UKIP qui réalise un très beau score en gagnant 161 sièges de conseillers. Jusque là, le parti pour l’indépendance dur Royaume-Uni n’en possédait que deux.[11]

En vérité, le succès d’UKIP éclate au moment des élections européennes de 2014. Avec 27.49 % des voies, UKIP améliore son score de 11 points. Il totalise 4,376 millions de voies et obtient 24 sièges au parlement européen, un score en progrès de 11 sièges[12]. Pour la première fois depuis le début de la mandature conservatrice, UKIP passe en tête d’une élection. Le plus souvent, ce sont des électeurs conservateurs qui sont passés chez UKIP par euroscepticisme ou pour montrer leur désaccord avec la conversion des conservateurs au libéralisme sociétal. Preuve en est le score des travaillistes qui totalisent 25 % des voies, améliorant leur score de près de 10 points et gagnant 7 sièges de députés européens On constate également l’effet de balancier d’électeurs conservateurs qui sont passé chez les travaillistes face à la crise économique et à la politique d’austérité. Quand aux libéraux-démocrates, ils échouent en totalisant 6.87 % des voies et en perdant 10 sièges. Seul un député libéral-démocrate siègera au parlement européen à partir de 2015.

II- Stratégie de dédiabolisation du UKIP

Au fil et à mesure que UKIP est de plus en plus plébiscité par l’électorat britannique, les rapports entre le parti conservateur et le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni évoluent. Le comportement des conservateurs et celui du UKIP est assez semblable à celui de leurs homologues conservateurs et eurosceptiques européens.

Après avoir été longtemps diabolisé, UKIP tente une stratégie de normalisation. Qualifié par David Cameron de « barjo d’extrême-droite »[13], Nigel Farrage cherche à se faire une respectabilité. UKIP a toujours eu une réputation sulfureuse. Cette réputation est toujours alimentée par les déclarations et les affiches de campagne d’UKIP. Lors de la campagne des européennes, le parti eurosceptique a déployé des affiches polémiques pour alerter les britanniques des dangers de « l’immigration de masse ». Cette affiche proclament « 26 millions de personnes cherchent du travail en Europe. Devinez après quelle boulot ils vont courir ? » et montré un doigt pointant vers celui qui la regarde.[14] Récemment, UKIP a fait alliance avec un député polonais d’extrême droite Robert Iwaszkiewicz qui a tenu des propos négationniste pour combler défection d’une élue lettonne au parlement européen. [15] Cette alliance a inquiété le conseil des représentants de la communauté juive britannique.

Actuellement, UKIP est en chute dans les intentions de vote pour les élections législatives générales qui auront lieu en 2015. Nigel Farage a donc décidé de débaucher des élus et des électeurs au sein du parti conservateur en normalisant son image. Il ainsi refusé de faire alliance avec le Front National car « l’antisémitisme est dans l’ADN du FN » selon lui.[16] Une alliance avec le parti pour la liberté (PVV) néerlandais ou le Jobbik hongrois est également refusé à cause de l’histoire politique de ces partis et de leurs positions sur l’Islam par exemple.[17] Par ailleurs, il tente de s’approprier d’autres thèmes que ceux de l’Union Européenne, de l’immigration et de la grandeur perdue de l’empire britannique. Lors des élections locales de 2012, UKIP a pris des engagements sur le baisse des impôts[18], le renforcement de la lutte contre la criminalité ou encore la construction de lycées.[19] Ainsi, la stratégie de dédiabolisation d’UKIP a plutôt bien fonctionné étant donné leurs beaux résultats lors des élections locales et européenne de 2014. Ce qui a fonctionné, c’est le refus de l’alliance avec certains partis européens, l’enracinement local ainsi que l’ouverture vers d’autres thèmes que l’immigration et l’Union Européenne.

III – La pression idéologique du UKIP

L’élément majeur de la montée d’UKIP au cours des élections législatives partielles, des élections locales et des élections européennes, c’est le fait que de nombreux électeurs conservateurs de déportent du parti conservateur vers UKIP. Il convient de signaler deux types de raisons qui poussent un électorat conservateur radicalisé vers UKIP. La question de la souveraineté nationale est fortement exploitée avec la lutte contre l’Union Européenne. Les lois, imposées par l’UE, désavantageraient le Royaume-Uni. La crise identitaire travaille également les électeurs britanniques. On peut la penser sur la question des mœurs. La conversion des conservateurs au libéralisme sociétal a choqué certains électeurs conservateurs qui n’ont pas admis la légalisation du mariage homosexuel ou la réforme de la chambre des Lords. Par ailleurs, la question de l’immigration attire l’électorat conservateur à la fois pour des raisons identitaire liés à une immigration des pays de l’Est et à l’islam et pour des raisons économiques.

Cette déportation de l’électorat conservateur a conduit David Cameron à changer de discours et de braquet sur l’immigration et sur l’Union Européenne. A la suite d’une augmentation de 39 % des flux migratoires[20] en 2014, il a annoncé un certain nombre de mesures radicales pour limiter l’immigration, notamment celle en provenance d’Europe de l’Est. Il a souhaité qu’un immigré travaille quatre ans sur le territoire britannique avant de toucher un certain nombre de prestations sociales tel que des crédits d’impôts ou les logements sociaux. Il souhaite qu’au bout de six mois de recherche de travail sans succès, un immigré soit obligé de rentrer dans son pays d’origine. La plupart de ces mesures sont inapplicables dans l’état actuel des traités européens[21] et de la jurisprudence européenne.

Cela rejoint la promesse principale faite aux électeurs conservateurs tentés par le vote pour UKIP. David Cameron a promis d’organiser un referendum sur la sortie de l’Union

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