Histoire politique contemporaine
Par Ramy • 12 Mars 2018 • 1 526 Mots (7 Pages) • 640 Vues
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- Néanmoins présent, sous une autre forme
- Des thèmes récurrents continuant à mobiliser l’électorat
Si les partis se sont unifiés autour de certains grands thèmes afin de progresser conjointement face au monde actuel, la gauche et la droite conservent toutes deux un passé et des thèmes récurrents. Effectivement, la gauche conserve pour particularité le sort des ouvriers et la droite la sécurité. Il serait anachronique de parler d’une annihilation totale du clivage. S’il est affaibli dans certains domaines, ces deux partis continuent aujourd’hui à utiliser leurs fondements idéologiques pour mobiliser leur électorat. Permettre à l’électeur de se représenter l'hémicycle lui facilite considérablement la tâche : à partir du moment où il fait confiance à un bord, il n’a pas besoin de connaître l’intégralité des sujets abordés, il peut se fier aux idées principales du parti qu’il est supposé retrouver dans programme présenté par ce dernier. On parle de marché politique au sens où des entrepreneurs rencontrent les consommateurs pour proposer leurs produits. Dès lors, le clivage n’a pas perdu toute pertinence en tant qu’outil permettant d’analyser la vie politique de la France contemporaine. Les acteurs politiques opposent toujours leurs moyens décisionnels en fonction de leurs idéaux, cherchant à faire valoir leurs principes et non celui de leur adversaire. Selon le parti au pouvoir, la politique française sera encore aujourd’hui plus axée vers les valeurs soit de gauche, soit de droite.
- Une simple évolution du clivage droite-gauche
A partir de ces constats, ne pouvons nous pas parler d’une redéfinition du clivage droite-gauche ? Pour reprendre la théorie d’Apter et Saish dans Revolutionary discourse in Mao’s Republic, il faudrait considérer que les idées politiques divisant ou unifiant les partis se divisent en deux catégories. La première dominerait les aspects quotidiens de la vie politique en se concentrant sur les poids des contraintes de réalité et de la nécessité de compromis à faire entre les demandes des uns et des autres, appelé econocentric. La seconde, dite logocentric, viserait à « susciter des projections constituées sur la base d’une définition doctrinale de la nécessité, qui met en place ses propres règles et principes théoriques au service desquels il développe sa propre logique ». La distinction de ces deux aspects permet de comprendre en quoi le clivage droite-gauche s’est il affaibli, mais également pourquoi il reste présente. Dès lors, quelles seraient les solutions envisageables afin de rétablir une distinction réellement marquée entre les deux partis pour ne pas tomber l’indifférenciation complète ? Peut-être faudrait-il songer à revivifier le système représentatif et la démocratie dans son exercice de façon à ce que les citoyens se sentent associés à la décision. En effet, les représentants d’origine sociale sont actuellement 2% seulement, alors qu’ils étaient 19% d’origine populaire sous la IV République. La France ressemble probablement trop à une oligarchie fermée qui se reproduit de façon endogamique.
Ainsi, le clivage droite-gauche a largement perdu de sa pertinence originelle tout en restant pertinent car il continue à réguler la vie politique française. Nous pouvons tout de même nous demander si Raphaël Rogier ne vise pas juste en soulignant le déplacement du clivage que ne serait plus entre la droite et la gauche mais les populistes et ceux qui résistent : « le populisme transcende la gauche et la droite ». Dépasser cette crise, si nous la considérons comme telle, nécessiterait probablement de pousser plus loin la décentralisation, de créer des instances référendaires plus fréquentes, de changer le scrutin actuel de façon à ce qu’il soit plus proportionnel et plus encore. Finalement, travailler à la démocratisation des institutions plus qu’à l’évolution de l’identité des partis.
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