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Extrait de: « La sociologie de Max Weber » introduction

Par   •  23 Mai 2018  •  1 435 Mots (6 Pages)  •  566 Vues

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partielles pour des usages spécifiques (par exemple, l’histoire et la théorie économique  : Bruhns [1996, 2004] ; Lallement [2004] ; Steiner [2004], la sociologie du droit  : Coutu [1995], Lascoumes [1995] et la théorie de la politique [Bruhns et Duran, 2009]) ou plus ambitieuses, visant à identifier la problématique d’ensemble de l’œuvre. Les lectures proposées de Weber en France durant les années 1990 ont été souvent influencées par l’interprétation de Jürgen Habermas dans sa Théorie de l’agir communicationnel (paru en français en 1987)  : la focalisation sur certains thèmes, tels que la « rationalisation occidentale », le « désenchantement du monde », la question de la légitimité ou encore le polythéisme des valeurs et l’abstinence axiologique que Weber recommandait aux sciences sociales, est en partie le produit de cette influence. D’autres auteurs étrangers ont été traduits depuis, le politiste allemand Wilhelm Hennis [1996], le sociologue américain Stephen Kalberg [2002, 2010], dont les interprétations sont sensiblement différentes. Le travail d’interprétation a particulièrement profité de la publication en cours d’une édition critique de l’ensemble des écrits et de la correspondance de Weber (Max Weber Gesamtausgabe, désormais MWG), entreprise de longue haleine conduite à Munich par un collectif sous l’égide de la Commission de l’histoire sociale et économique de l’Académie bavaroise des sciences  : trente-neuf volumes ont été publiés à ce jour, et l’ensemble devrait en rassembler au total quarante-six. La convergence entre, d’une part, la disponibilité de ce matériel en partie nouveau, ou bien, quand il s’agit d’écrits déjà connus, éclairé par une meilleure connaissance des conditions de rédaction, et d’autre part les incertitudes des sciences sociales contemporaines, en quête de points de repère, explique que Weber ait acquis durant  les trois dernières décennies, en France comme ailleurs, le statut d’une autorité rarement contestée.

Cette obédience quasi unanime est sans doute la difficulté majeure à laquelle doit s’affronter aujourd’hui le lecteur néophyte  : comment s’orienter dans cette œuvre proliférante, comment juger de la pertinence des usages multiples qui en sont faits, à quel interprète s’en remettre pour guider une première lecture ? Il en est de Weber  comme de tout grand auteur  : ses réceptions successives sélectionnent des aspects à chaque fois différents de sa pensée pour les porter durant un temps au premier plan de la lecture que l’on en fait. Cela ne signifie pas que ces lectures sont fausses, ni même forcément partielles, mais que la grandeur d’une œuvre se manifeste précisément à la richesse des ressources qu’elle offre, ressources que les générations ultérieures mobilisent en fonction de la configuration spécifique de problèmes qui constitue leur présent. Le chemin que l’on propose ici de parcourir à travers l’œuvre de Weber n’est donc qu’un chemin possible parmi d’autres, dont les choix ne peuvent être justifiés que par un diagnostic implicite des problèmes principaux qu’affrontent aujourd’hui les sciences sociales et des questions cruciales qui caractérisent notre époque.

Le premier chapitre fournit des éléments d’information relatifs à la formation scientifique et  « à la carrière de Weber, ainsi qu’un aperçu général des différentes parties de son œuvre. Les deuxième et troisième chapitres traitent de ce que l’on appelle communément la « méthodologie » wébérienne. On distinguera ici son épistémologie, c’est-à-dire sa conception de la nature de la connaissance en sociologie et en histoire, ainsi que des relations entre les différentes sciences humaines et sociales, et sa « méthodologie », entendue au sens strict de la systématisation des procédures de l’argumentation. Le deuxième chapitre insiste particulièrement sur la manière originale dont la sociologie wébérienne conjugue le point de vue de l’historien et les exigences de la théorie, tandis que le troisième explicite ce qu’est la sociologie « compréhensive », et les rapports qu’elle entretient avec la psychologie et la théorie juridique. Sous le titre « Rationalités », le quatrième chapitre évoque les ambiguïtés des notions de « rationnel, rationalité, rationalisation ».   À  l’encontre des interprétations qui font de la rationalisation le maître mot de la pensée de Weber, et sans nier l’importance centrale que possède ce thème dans l’ensemble de son œuvre, on invite ici à le considérer moins comme une solution que comme un problème, c’est-à-dire comme le point de condensation d’une ambivalence qui traverse toutes les dimensions de ses analyses. Le dernier chapitre, enfin, recentre le programme de connaissance de Weber autour des notions de « conduite de vie » et de « puissances sociales », à la lumière desquelles se laisse reconstituer la cohérence entre ses positions épistémologiques et ses analyses concrètes."

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