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Elargissement à l'Est de l'UE

Par   •  12 Septembre 2018  •  2 445 Mots (10 Pages)  •  462 Vues

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2 – des raisons pécunières ont aussi influencé les Etats membres sur leur position ; les transferts financiers générés par les politiques redistributives de la Communauté étaient importants dans la mesure ou les pays “de la cohésion” (à commencer par l’Espagne et le Portugal) risquaient de souffrir de la concurrence des nouveaux adhérents et de voir s’amoindrir les retours jusque là obtenus. Pour des raisons économiques également car les pressions concurrentielles de ces pays dans les mêmes secteurs de spécialisation qu’eux (agriculture, industrie traditionnelle) étaient assez fortes pour qu’ils soient réticents à une ouverture totale du marché à l’Est. Cette double argumentation négative pour leur économie les place légitimement sur une position plus réservée.

3 – les conceptions du projet de construction européenne ont finalement pesé sur les négociations. Bien que ce dernier soit plus subjectif il permet selon certains auteurs d’expliquer les attitudes différentes des Etats membres. La Grande-Bretagne qui est alors encline à faire rentrer ces candidats dans la communauté voit plutôt l’Union sous un aspect économique et mercantile car il prone une vaste zone de libre-échange. Réciproquement, les Etats membres, plus attachés au renforcement de l’intégration semblaient voués à redouter une telle dilution du projet. De facto, la France, l’Italie, la Belgique ont ainsi tenu à réaffirmer dans un protocole annexé au traité d’Amsterdam que la réforme des institutions de l’Union constituait une priorité absolue pour la conclusion des premières négociations d’adhésion.

On l’a vu, beaucoup d’auteurs approché la question de l’élargissement de façon réaliste, cependant il serait très réducteur de borner ce phénomène si large à une explication si succincte et si simpliste. On peut donc élargir le champ d’explication à quelques idées complémentaires.

Les explications complémentaires

L’influence de l’administration supranationale

On peut dire que l’élément administratif majeur était la Commission. En se faisant attribuer la responsabilité du programme PHARE (Pologne-Hongrie-Aide à la Restructuration des économies), elle a vu ses prérogatives augmenter en raisons des masses financières de plus en plus conséquentes, car le programme s’est étendu et institutionnalisé à la demande des pays sous tutelle qui percevaient les mesures d’aides comme superficielles et sans grand effet pour eux, ils dénonçaient en effet des « mesures trompe-l’œil ».

Des auteurs comme Cécile Robert dénoncent ce rôle de « leadership » de l’administration communautaire et la fustigent car il est moralement présomptueux d’ « expliquer aux administrations de l’Est le sens de l’acquis communautaire ». Elle met en exergue sa capacité à « produire des solutions acceptables pour les Etats membres », et sa façon insidieuse de déjouer les dispositifs institutionnels des pays de l’Est pour pouvoir les diriger mais sans les commander formellement car les traités leur interdit. Néanmoins, il me parait normal que les Etats membres tiennent le rôle de concepteur et d’animateur. Même si les détracteurs estiment que l’UE outrepassait son champ d’action en « dictant » la position morale à tenir dans le but d’acquérir une nouvelle légitimité en matière de politique étrangère, je pense que la fin justifie les moyens. La Communauté Européenne est très variée si on s’en tient à la diversité des identités, elle est composite. Dans un souci de cohésion, d’unité, et surtout dans l’optique d’éviter que le projet de construction ne se disperse, il faut un ciment, une base solide, que les Etats membres se sont investis d’incarner, telle la France qui s’érige en « gardien du temple » contre un risque de dissolution du projet. Bien qu’au départ la logique était d’aller de l’économie au politique, il n’est plus question que de ça car la gouvernance d’une Europe à six n’est pas la même qu’une Europe à vingt-sept. Les critères s’étoffent et touchent de plus en plus de sphères de la société (religion), au risque d’être pris à mal. Les Etats membres doivent être porteurs d’une vision et d’une conception de l’Europe. Sur un ordre éthique, aucune religion ne prévaut sur une autre mais je pense que la construction doit se faire sans risque. A contrario, une mauvaise gestion de l’intégration serait nuisible à la communauté entière (exemple avec la réunification de l’Allemagne mal gérée qui a conduit ses voisins européens à une conjoncture économique délicate ; sauf qu’au lieu d’être économique le désordre serait social en l’occurrence). Il existe par ailleurs un autre mode de collaboration qui permettrait aux pays en lice de tirer profit des avantages économiques sans avoir à subir les contraintes politiques. Je pense à l’association plutôt qu’à l’adhésion.

Les facteurs cognitifs

Ces travaux mettent l’accent sur les visions du monde et les croyances qui influencent les idées que les acteurs se font de leur rôle. « le postulat de départ repose cette fois sur l’existence d’une identité collective et d’un ensemble de normes partagées par les membres de l’Union. […] cette identité et ces normes seraient en tout état de cause suffisamment ancrés dans la culture ouest-européenne pour empêcher les comportements déviants et pour renforcer la position des partisans de l’élargissement ».

Le projet de construction européenne est fondé sur l’existence d’une « communauté de valeurs », sur l’existence dans les pays d’Europe occidentale d’une démocratie libérale, l’adhésion à une économie de marché et à la protection des libertés individuelles, et sur l’opposition commune à l’émergence du camp de l’Est qui pourvoie une vision du monde contraire.

Le retour à l’Europe réclamé par les anciennes démocraties populaires est un appel à l’engagement des Etats membres pour se « repentir » du passé (conquêtes et abandons du passé). L’élargissement prend la tournure d’un « impératif moral ».

Les attentes réciproques des Etats membres et des candidats à l’élargissement

La position des pays communautaires.

D’un point de vue réaliste, la victoire du camp qui était favorable à l’adhésion peut s’expliquer par l’intérêt, et l’influence des forces en présence. Il relevait de la concomitance des revendications des anciennes démocraties

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