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Le pouvoir en question : de la domination à la révolution chez Marx et Foucault

Par   •  8 Novembre 2018  •  4 308 Mots (18 Pages)  •  635 Vues

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2/Le pouvoir n’est pas figé, il n’appartient à personne

Les discours évoluent, les vérités aussi par extension, alors, le pouvoir n’est pas figé, il n’est pas une structure, il n’est pas une institution, il n’appartient à personne en particulier, « c’est le nom qu’on prête à une situation stratégique complexe dans une société donnée »[12]. C’est sans doute ce qui distingue le mieux Foucault et Marx quant à leur définition du pouvoir. Chez Marx le pouvoir appartient à une classe dominante, de manière globale, chez Foucault, le pouvoir ne se possède pas, le pouvoir se constitue dans des relations et des rapports individuels. Ceci permet d’appuyer la distinction entre le structuralisme/holisme de Marx et le nominalisme/individualisme de Foucault.

- Dominer ou se soumettre

A. La domination sur le marché et la domination dans les organisations

Jacques Bidet a tenté de concilier l’inconciliable dans son ouvrage Foucault avec Marx[13], paru en 2014. Dans le premier temps de son analyse, il signale que cette alliance implique un rapport complexe d’affinité/répulsion. Affinité d’une part dans le sens où Marx et Foucault analyse le pouvoir et la domination dans une approche historique. Répulsion d’autre part dans le sens où se distinguent deux penseurs en termes théoriques et méthodologiques. L’ambition de Bidet étant de comprendre deux approches dans une même construction théorique afin de définir « la théorie générale de la société moderne ».

Selon Bidet, le temps présent est à comprendre dans les termes d’une instrumentalisation de la raison, qui consiste en ce que deux « médiations », le marché et l’organisation, deviennent des facteurs de classes. Quand Marx définira la classe dominante par son potentiel de pouvoir en terme de propriété, Foucault définira la classe dominante par son potentiel de pouvoir en terme de savoir. Bidet distingue alors le pouvoir-propriété du pouvoir-savoir. Nous aborderons dans un premier temps le pouvoir-propriété par l’examen de la production de la plus-value chez Marx, soit, la domination sur le marché, et dans un second temps, nous analyserons la conception du Panoptique chez Foucault, soit, la domination dans les organisations (le pouvoir-savoir sera abordé dans le II.B.).

1/La production de la plus-value chez Marx

Marx entend que l’ambition de la production capitaliste n’est pas la richesse des nations et de ses peuples, mais la richesse abstraite : la plus-value. Le raisonnement qui le mène à une définition de la production de la plus-value pourrait être divisé en cinq proposition. La première implique que la valeur de n’importe quelle marchandise est proportionnelle à la quantité de travail incluse en elle. La seconde implique que le salaire de l’ouvrier ne dépend pas de l’offre et de la demande quant à la marchandise en question, mais plutôt du cours du blé, en effet, le prix du travail est le prix nécessaire pour compenser l’altération des facultés de l’ouvrier ainsi que ce dont il a besoin pour subvenir aux besoins de sa famille. La troisième implique que le temps de travail nécessaire à l’ouvrier pour produire une valeur égale à celle qu’il reçoit sous forme de salaire est inférieure à la durée effective de son travail. La plus-value étant la quantité de valeurs produites par l’ouvrier au delà du temps de travail nécessaire. L’ouvrier travaille donc en parti pour lui-même, et en parti pour son patron, c’est ce que Marx appelle le surtravail. La quatrième implique une volonté d’accroitre la plus-value par deux moyens. La première solution est d’augmenter la plus-value absolue, en augmentant le temps de surtravail des ouvriers. La deuxième solution est d’augmenter la plus-value relative, en diminuant le temps de travail nécessaire. Après l’abolition des Corn Laws notamment, on a pu importer du blé à meilleur cout pour nourrir les ouvriers, et ainsi, baisser leur salaire. Enfin, la cinquième proposition implique une distinction entre le capital constant, correspondant aux machines et matières premières, et le capital variable, correspondant au travail des ouvriers. En suivant ces propositions, seul le capital variable crée de la plus-value. Aujourd’hui, on réalise que ce raisonnement est obsolète étant donné que les ouvriers sont remplacés par des machines.

Marx a distingué le travail de la force de travail. La force de travail a moins de valeur que le travail, le prix de la force de travail étant le salaire accordé à l’ouvrier, et le prix de travail est le prix final de la marchandise. Le profit que percevra le capitaliste est la différence entre ces deux prix. Cette conception de la domination s’inscrit dans le matérialisme historique évoqué plus tôt, plus précisément il s’agit de l’exploitation.

2/Le Panoptique : modèle d’une société disciplinaire chez Foucault

Jeremy et Samuel Bentham ont imaginé à la fin du XVIIIème siècle un modèle architectural d’une prison sans faille en terme de surveillance[14]. Dans ce qu’ils ont appelé une structure panoptique, le détenu est constamment visible du gardien, sans que le gardien soit vu du détenu. Le gardien étant logé dans une tour centrale, il peut observer, surveiller, tous les détenus. Jeremy Bentham a pressenti en cette conception des conséquences bien plus larges que le sort singulier des détenus : « La morale réformée, la santé préservée, l'industrie revigorée, l'instruction diffusée, les charges publiques allégées, l'économie fortifiée — le nœud gordien des lois sur les pauvres non pas tranché, mais dénoué — tout cela par une simple idée architecturale »[15]. Foucault a appliqué cette conception architecturale en un modèle abstrait d’une société disciplinaire où règnerait la surveillance et le controle social. Selon lui, ce modèle d’observation peut être appliqué aux organisations telles que l’école, les hôpitaux, les usines et entreprises, etc. Il s’agirait d’un « laboratoire de pouvoir »[16] dans lequel l’observateur (le gardien de la prison par exemple) pénètre dans le comportement des Hommes, permettant « un accroissement de savoir [qui] vient s'établir sur toutes les avancées du pouvoir, et découvre des objets à connaître sur toutes les surfaces où celui-ci vient s’exercer »[17]. Ainsi, nous sommes « dans une machine panoptique, investis par ses effets de pouvoir que nous reconduisons nous-mêmes puisque nous en sommes un rouage »[18]. En suivant l’allégorie de

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