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Théologie Morale, exposé

Par   •  21 Juin 2018  •  1 774 Mots (8 Pages)  •  491 Vues

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Amour et obligation

Aider les jeunes à raisonner sur leurs propres actes serait un excellent point de départ. Il serait absurde de parler d’obligation (manque de liberté). La raison nous place face à nous-même, car nous ne entrons en rapport avec personne, nous ne prenons aucun engagement, pas même avec Dieu, la raison étant dans l’homme principe spécifique de régulation, de direction pour la conduite de toute personne humaine.

A la différence avec un non-croyant, Le chrétien pense son acte par une raison éclairée par la foi. Mais eest-il vrai que le bien moral se résout en un rapport purement rationnel, préalable, comme on nous le dit, au problème personnel de l'homme et à sa relation personnelle avec Dieu, c'est-à-dire à l'influence du dynamisme interne, qui le porte vers Dieu et ses frères? En d'autres termes, est-il possible de penser le bien, sans se découvrir, en cette pensée même, engagé par la valeur morale et, donc, sans impliquer le dynamisme de l'amour? Si la doctrine de l’amour forme des vertus a prouvé quelque chose, c'est bien le lien essentiel qui rattache intimement, par le dedans d'eux-mêmes, l'acte moral ou la vertu à la tendance profonde d'amour. Cette tendance assure la forme de moralité, c’est l’habitus qui perfectionne notre volonté, une volonté qui devient tout amour.

Selon Saint Thomas, on ne saurait concevoir le bien moral en général, et n'importe quel bien

moral particulier, sans prononcer un jugement de conscience qui relie, en un rapport vivant et concret, la conscience au Dieu personnel. Impossible de séparer la morale d'un dialogue d'amour, implicite certes, mais très présent à tout acte humain, et ce dialogue, quand il s'agit du juste, rapporte en action l'acte humain au Père, en Jésus, par l'Esprit Saint.

Saint Thomas, aujourd’hui, saurait parler certainement aux jeunes.

Je dirai à un jeune, en résumé, que le bien, que nous pensons par la raison, est valeur en soi, nous saisissant en ce centre de nous-même, où notre dépendance ontologique de Dieu se manifeste par le dynamisme de l'amour. En ce dynamisme, saint Thomas a démontré l'essence de la moralité. Si la moralité humaine doit être élevée à l'ordre de la grâce et s'exprimer en valeurs chrétiennes sans cesser d'être humaine, c'est de ce centre dynamique, élevé par la charité, que se répandra partout la vie évangélique.

Je reviens à l’idée, que les jeunes ont besoin de voir des modèles et non des prédicateurs, et je termine par cette petite histoire vécue, qui touchera le cœur d’un jeune beaucoup plus que n’importe quel « discours moral » :

"Je conduis ma voiture en dépassant l’agressivité qui monte en moi et contre les autres afin de faire le premier pas ; c’est incroyable, quand je renonce à mon droit à la priorité, je me rends compte chaque fois qu’au carrefour suivant, le vendeur pas loin fait la même chose avec quelqu’un… Si je me comporte différemment, l’agressivité au contraire augmente. Un samedi, je dois accompagner mon fils à l’école, j’ai fait un saut à l’église pour une brève prière assise au dernier banc. Tout d’un coup, dans cette église déserte, une personne entre, s’approche de moi, m’arrache mon sac sur mes genoux et s’enfuit. Panique : mon mari est en Espagne pour le travail et sans clé je n’aurais pas pu rentrer chez moi… Dans mon sac, tous mes documents… je m’élance instinctivement, me précipite dehors alors que le voleur démarre sa moto pour fuir. Je m’agrippe à son bras, le prie de me laisser les clés et mes papiers… il me traine et me fait tomber mais réussit à s’enfuir. Un jeune couple qui avait assisté à la scène s’est tout de suite approché pour m’aider. Lui, médecin, a vu que je n’avais que des égratignures, et s’est lancé en insultes contre l’agresseur : « ces gens-là un jour ou l’autre mourront tous ; le Sida leur fera justice ». À ces mots, qui me font plus de mal, je réponds avec tout mon amour possible : il me semble que c’est un pauvre type qui se trouve peut-être dans une situation terrible qui l’a poussé à faire ce geste désespéré. La colère de mon aide disparait et il me donne raison. Alors que je repars, en pensant que seul l’amour peut vaincre le mal et la haine, coupant court à la chaine de situations négatives, un peu plus loin je retrouve mon sac sur le bord de la route : dedans il y avait tout même l’argent. Rien n’est petit de ce qui est fait pas amour… même une bouteille par terre que je ramasse, la toilette plus propre, pour que celui qui passera après moi la trouve comme moi j’aurais voulu la trouver…"

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