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Pourquoi avons-nous besoin d'un dieu ?

Par   •  31 Mai 2018  •  7 156 Mots (29 Pages)  •  545 Vues

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L’un des premiers arguments qu’il est aisément possible d’affirmer est que la religion, à l’origine, ait été créée principalement pour expliquer certains phénomènes qui semblaient mystérieux à l’homme. L’être humain est par nature un être vivant qui a besoin d’explications, qui a besoin de comprendre le monde qui l’entoure et pourquoi tel évènement se produit plutôt qu’un autre. L’exemple le plus flagrant reste celui des phénomènes naturels. Sans les savoirs scientifiques que nous avons aujourd’hui, comment les grecs pouvaient-ils expliquer les éclairs pendant un orage ? Les mouvements des marées ou la violence de certains orages ? Les croyances se sont alors imposées comme une évidence pour donner un sens à tout cela. Afin d’expliquer ces phénomènes, il s’est alors agit de réponses divines aux actions des hommes. Un orage grondant sera par conséquent le signe que les hommes ont contrarié les dieux et se sont attirés les « foudres de Zeus » ; une tempête en mer sera symbole du mécontentement de Poséidon, etc. Cela permet ainsi aux hommes d’apporter des explications aux phénomènes naturels et de créer une corrélation entre ces derniers et leurs actes à eux. Ce type de réflexion est particulièrement présent dans les sociétés grecques et romaines comme nous avons pu le voir mais également dans les cultures que l’on peut qualifier de « primitives ». L’importance capitale du Dieu Soleil dans la culture inca ou dans les sociétés égyptiennes sont, me semble-t-il, d’autres exemples de ce mécanisme. En réalité, ces croyances peuvent, pour ces sociétés, s’apparenter à un savoir. Ce qui échappe à notre entendement est effrayant pour nous, nous n’avons aucune prise sur quelque chose dont nous ne saisissons pas les tenants et les aboutissants ; il est donc primordial de saisir la portée des différents processus avec lesquels nous devons composer au cours de notre existence. Cette idée m’a fortement évoqué ce que rappelle Kant dans son livre Critique de la raison pure lorsqu’il évoque le fait que la raison humaine est forcément troublée lorsqu’elle fait face à des questions auxquelles elle ne peut apporter aucune réponse. Expliquer, c’est rendre un phénomène moins surprenant en lui trouvant un contexte qui soit davantage dans l’ordre des choses. C’est pourquoi ces cultures ont voulu comprendre le monde qui les entoure et les phénomènes qui en découlent. En en comprenant le fonctionnement et l’ordre logique, ils s’affranchissent du contrôle qu’ont ces manifestations sur eux et ainsi renverser la situation pour passer d’une posture de soumission à une posture de domination. Ainsi plus qu’une volonté de comprendre, c’est avant tout une façon de mieux connaître le phénomène pour mieux l’appréhender, voire le maîtriser. Je suis tout à fait d’accord avec cette idée que développe Pascal Boyer au cours de son livre, cependant il me semble que de cette aspiration découle un certain nombre de rituels : s’attirer les bonnes grâces des divinités au travers de sacrifices, de divers rites devient alors incontournable. Mais se pose aujourd’hui un problème qui me parait central : bien que ces coutumes soient tout à fait envisageables dans les premiers temps de l’humanité, au moment où les connaissances scientifiques restaient encore peu nombreuses et incertaines, comment expliquer qu’actuellement, avec toutes les avancées scientifiques des derniers siècles, certains croient encore en des énigmes telles que la résurrection du Christ ? Bien sur, pour les individus ayant évolués dans les cultures occidentales, il semble tout à fait fantaisiste de penser que les éclairs témoignent du mécontentement d’un dieu. Mais de nombreuses cultures sont encore très proches de la nature et continuent à réaliser des rites. Ainsi, cet argument me semble aujourd’hui quelque peu dépassé, tout particulièrement dans les sociétés qui ont évolués et dont les connaissances scientifiques se sont accrues au fil du temps et des découvertes.

De même que l’homme a cherché, via la religion, à expliquer les phénomènes naturels, il a également tenté d’élucider certaines expériences mystérieuses. Comment interpréter un rêve étrange que nous faisons ? Comment expliquer le fait que certaines personnes puissent avoir des « prémonitions » et de se fait présager que quelque chose va se produire dans le futur avant même que la situation ne soit possible. Pascal Boyer explique ainsi dans son livre que tous ces évènements mystérieux sont une autre raison du succès des religions au sein de l’humanité. Ces phénomènes sont inconnus à l’homme et, tous les comme les phénomènes météorologiques cités plus haut, nous avons besoin de leur donner une explication et une signification pour mieux les appréhender et en devenir maître plutôt qu’esclave. Il faut expliquer de façon suffisante certains aspects de l’existence humaine, mais nous avons besoin de donner une explication précise à chaque chose et ne pas en faire une généralité, à fait extraordinaire, convient une explication extraordinaire. Ceci est particulièrement visible dans l’Islam. En effet, j’ai pu remarquer que cette religion attache une grande importance aux rêves, qu’elle distingue en trois catégories : le rêve véridique (rahmani), celui qui représente un désir personnel (nafsani) et celui qui est démoniaque (shaitani). Ensuite, chaque objet rêvé, dans un contexte précis, aura une signification rapportée à la religion musulmane et aux cultes qui s’y rattachent. Dans un contexte autre, un même objet n’aura peut-être pas la même signification d’où l’absence de généralité relevée par Boyer. Il me semble toutefois que la psychanalyse de Freud et tout particulièrement sa théorie sur les significations des rêves rejoint cette idée. De nombreux psychologues pratiquent également l’analyse onirique et le fait de vouloir raccrocher les significations à des aspects religieux me semblent biaiser. Après tous, les rêves sont le reflet de notre inconscient, de notre « Ca » pour reprendre les termes de Freud et pas forcément de notre rapport à la religion. Le psychanalyste en fait d’ailleurs la voie royale de l’accès à l’inconscient dans son ouvrage L’interprétation des rêves (1900) où il explique justement qu’aucune limite n’est présente dans les rêves. Ce qui, pour moi, est opposé à la religion qui elle au contraire, pose des limites, notamment morales, que l’on ne peut avoir dans nos rêves. Il en va de même pour tous les autres phénomènes de ce genre. Certaines personnes affirment avoir vu des esprits. La religion a alors cherché à expliquer cela en disant que ces spectres étaient des personnes mortes, des « âmes en peine » qui

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