Avons-nous un pouvoir sur nos désirs ?
Par Junecooper • 22 Octobre 2018 • 1 410 Mots (6 Pages) • 521 Vues
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Le désir peut donc parfois se contrôler par la volonté mais cela reste complexe : Est-ce qu’il existerait une autre solution qui permettrait d’avoir un pouvoir sur nos désirs ?
Le désir donne à l’homme des objectifs, des buts à atteindre. De ce point de vue, le philosophe Spinoza définit dans L’Ethique le désir comme « l’essence de l’homme ». Il appelle cela le conatus. Autrement dit, plus notre désir est grand, plus notre envie de vivre est forte : cela augmente la puissance de l’être. La liberté de la volonté est une illusion de la conscience selon Spinoza. Effectivement, notre conscience a des failles et notamment la faiblesse de la volonté. Médée dit « Je vois le bien mais je fais le mal ». Il en est de même pour nos désirs : nous voyons le bien dans la mesure où ils nous combleraient si on les réalise, mais, on ne voit pas le mal qu’ils causeront si on ne les réalise pas. Selon Spinoza, ce qui explique la faiblesse de la volonté, c’est le fait que lorsqu’on désire quelque chose on voit le bien que cela nous apporte immédiatement donc cela est concret. Cependant, on ne voit pas les conséquences des biens futurs car cela est abstrait. C’est encore une fois le cas des addictions : nous voulons nous faire plaisir au moment où nous fumons une cigarette par exemple mais on ne souhaite pas arrêter de fumer car les conséquences futures sur notre santé restent floues. Donc d’après Spinoza, si on croit que nos pensées sont libres alors on différencie notre âme de notre corps ; toutefois il n’existe pas de distinction entre l’âme et le corps (selon Spinoza qui est matérialiste) ; donc on ne peut pas vraiment avoir un pouvoir sur nos désirs grâce à la volonté.
Dans ces conditions, il est inutile de vouloir maîtriser notre désir par la volonté mais il faut plutôt le maîtriser par la connaissance. Plus précisément, pour avoir un pouvoir sur nos désirs il faudrait avoir la volonté de maîtriser le désir par ses connaissances. La connaissance permet de tirer des leçons de l’expérience et plus on a de connaissances plus on a de moyens en notre pouvoir pour satisfaire nos désirs. La souffrance causée par nos désirs vient de la compulsion de répétition d’après Freud. Il s’agit de reproduire un même schéma pour reproduire un désir. Cela se produit régulièrement avec le désir amoureux : on souhaite former un couple avec quelqu’un, et même si cela échoue et nous fait considérablement souffrir nous reproduisons le même schéma afin de combler ce désir un jour. Spinoza propose donc une solution pour arriver à contrôler nos désirs par la connaissance et arrêter d’en souffrir : il faut apprendre à connaître les causes et conséquences de nos désirs. Si je connais mieux les causes et conséquences de mes désirs alors je ne renonce pas à mes désirs et j’arrive alors à mieux connaître ceux qui me rendent heureux et ceux qui me rendent malheureux.
Ceci étant, il est parfois difficile de connaître les réelles causes de nos désirs et leurs réelles conséquences.
Nous sommes incontestablement esclaves de nos besoins. Mais nous avons un certain pouvoir sur nos désirs. Nous sommes esclaves de nos désirs uniquement s’ils sont superficiels. Ceci étant, les désirs nous font régulièrement souffrir. Pour moins en souffrir ou apprendre à ne plus en souffrir nous essayons de les contrôler. Nous avons donc un certain pouvoir sur nos désirs d’après Descartes qui suppose que nous sommes dotés d’une volonté libre pour parvenir à les maîtriser. Or, cette solution est contestable et contestée car elle est inefficace et il n’a pas été prouvé que notre volonté est libre. Pour cela, une autre solution bien plus acceptable existe pour qu’on ait un pouvoir sur nos désirs : celle proposée par Spinoza. Cette solution consiste à nous libérer de nos désirs mauvais grâce à notre connaissance et de cultiver en parallèle nos désirs bons. L’homme peut donc contrôler les désirs qui le font souffrir principalement grâce à sa connaissance.
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