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Les sens ne sont-ils pas suffisants pour nous fournir toutes nos connaissances ?

Par   •  12 Septembre 2018  •  1 772 Mots (8 Pages)  •  533 Vues

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D’après Leibniz, « Les vérités nécessaires, telles qu’on les trouve dans les mathématiques pures, et particulièrement dans l’arithmétique et dans la géométrie, doivent avoir des principes dont la preuve ne dépende point des exemples, ni par conséquence des témoignages des sens». Leibniz parle des mathématiques qui reposent sur des « vérités nécessaires », ils sont basés sur des démonstrations. Les sciences doivent reposer sur des preuves, des éléments objectifs que l'on peut démontrer avec la raison. En effet, dans la science on n’utilise que la raison : La connaissance des vérités nécessaires et universelles n’est donc pas acquise par les sens. Les mathématiques prouvent donc que les sens ne suffisent pas à nous fournir toutes nos connaissances.

Les sens ne fournissent pas à chaque fois une connaissance vraie. En effet, ils sont sujets à des illusions dont il faut savoir se garder. Ainsi, les sens ne suffisent pas à nous indiquer parmi les impressions qu’ils nous fournissent lesquelles sont des connaissances véritables et lesquelles ne le sont pas.

Il y a des choses que les sens ne sont pas capables d’atteindre et dont l’idée même ne peut être fournie par eux entièrement. Par exemple, l’infiniment grand et l’infiniment petit ne peut faire l’objet d’une expérience sensible. L’idée du monde est d’ailleurs métaphysique plutôt que scientifique car on peut connaitre des parties du monde mais jamais faire l’expérience du monde entier. Le monde peut donc être pensé mais pas connu. Ce n’est donc pas scientifique puisque connaitre et expliquer revient toujours à rapporter ce qu’on explique à un terme extérieur.

Les sens nous donnent une idée incomplète de la réalité, ils donnent des informations mais en cachant d’autres informations. C’est grâce à l’élaboration scientifique que nous pouvons outrepasser les limites de nos sens. L’expérience scientifique nous permet de nous instruire objectivement, d’outrepasser les limites de nos sens et leur subjectivité. Pour cela, il faut suivre une méthode ayant un objectif de liaison avec des faits ayant déjà formé un ensemble théorique. Il faut une élaboration de moyens théoriques et techniques pour permettre à la réalité d’être accessible aux sens. Il faut une élaboration rationnelle et conceptuelle de ce que nous fournissent les sens pour en faire une connaissance objective. Il faut une méthode pour distinguer ce qui est illusoire de ce qui est réel dans l’expérience des sens. Enfin, il faut que la démarche soit démonstrative pour arriver à une vérité scientifique. La sagacité est cette capacité de l’esprit d’inventer une démonstration.

Il paraît nécessaire de reconnaître qu'il y a dans l'esprit des principes qui organisent et règlent le fonctionnement de l'expérience sensible, de telle sorte que l'on puisse en tirer de véritables connaissances, si bien qu'il faut dire qu'il y a dans l'esprit deux sources de toute connaissance « actuelle » : la sensibilité et la raison. Cependant on peut soutenir, que les principes rationnels eux-mêmes viennent de l’expérience sensible seule et se forment progressivement sans que l’on ait à supposer leur existence originaire dans notre esprit depuis notre naissance.

Pour les empiristes, il n’y a pas besoin d’idées innées pour rendre compte de l’origine de nos connaissances. Il y a un apprentissage des principes rationnels à partir des sens, tout provient de l’expérience des sens.

L’existence d’idées innées ne semble pas correspondre à un fait qu’on puisse observer. Même lorsqu’une idée s’impose à nous, il y a un effort intellectuel pour que l’évidence de l’idée s’impose à nous. De plus, la répétition d’expériences semblables permet d’acquérir progressivement des représentations fondamentales et structurantes, à travers des relations de causalité, de succession, de régularité, d’incompatibilité, de concomitance entre éléments observés. Il y a une progression dans les expériences que l’on fait, qui sont au début de notre existence rudimentaire, mais fondatrice. Les sens ne sont donc pas passifs, ils correspondent à une capacité d’identification, de distinction, de saisie des relations.

Mais la connaissance ne suppose pas seulement des représentations des choses, qui soient générales, relationnelles et causales ; une connaissance véritable doit pouvoir être universelle et nécessaire. Or l’universel et le nécessaire ne sont pas les objets d’une expérience possible mais les conditions d’une connaissance achevée.

L’universel et le nécessaire sont par définition valables dans tous les cas. Ils ne peuvent donc pas être démontrés par l’expérience, puisque cette dernière ne porte que sur des cas. Même la répétition d’une multitude de cas ne peut prouver l’universalité et la nécessité, qui sont donc une démonstration purement rationnelle. Pour Leibniz, la nécessité des vérités, puisqu’elle ne peut être prouvée par les sens, et donc par des réalités extérieures, est donc innée. Une véritable connaissance scientifique, objective et nécessaire, provient donc de l’esprit originel.

En conclusion, les sens ne peuvent suffire à nous procurer toutes nos connaissances, non seulement parce qu’on ne peut tout voir et tout expérimenter physiquement (les sens ne suffisent pas), mais aussi parce que certains objets de connaissance scientifique ne peuvent être l’objet d’expérience sensible (par exemple, les mathématiques). Cependant, ces objets reposent sur la nécessité rationnelle pure, qui provient pour Leibniz de l’esprit, de manière innée, à travers la réflexion sur les principes du fonctionnement de l’esprit. Cela permet alors un développement génétique de l’esprit. Pour les empiristes, au contraire toutes les connaissances résultent des sens et de la réflexion sur ces derniers, il y a une évolution personnelle sur la capacité d’entendement.

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