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Le sophiste, Platon

Par   •  20 Novembre 2018  •  2 483 Mots (10 Pages)  •  618 Vues

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- Le discours sur l’être et le « parricide » de Parménide :

C’est à ce moment que le dialogue rencontre la difficulté qui sera centrale dans toute la suite du livre, celle du statut du mensonge, c’est-à-dire du discours qui ne dit pas l’être, qui dit le non-être.

Il est entendu que le sophiste ment. Il ne dit pas les choses comme elles sont. Or, mentir, c’est dire ce qui n’est pas, le non-être. Les interlocuteurs s’aperçoivent que si nous suivons le poème sur l’Être de Parménide, nous tombons dans le plus grand embarras : car Parménide nous dit que l’être est, le non-être n’est pas. Dans ce cas, le mensonge et l’erreur deviennent impossibles. Tout ce que je dirai sera vrai, du seul fait que je le dise. Comment envisager que le non-être, d’une certaine manière, soit ?... L’Étranger doit donc admettre qu’à en rester à la thèse de Parménide, on tombera rapidement sur la position des sophistes, pour qui tout est vrai, ou tout est faux. Cette aporie signe l’échec d’une première tentative de définition du sophiste.

Socrate et l’Etranger doivent donc admettre qu’il leur faut critiquer radicalement l’ontologie parménidienne : c’est le moment du « parricide ». Il faut oser tuer le père si sa doctrine se heurte à une objection fondamentale.

Les sophistes arrivent à parler du non-être, puisqu'ils créent des illusions pour tromper les gens riches. Et même l'étranger y arrive, ne serait-ce qu'en disant qu'il est imprononçable et impensable. Cela semble être une auto-contradiction de dire que le non-être est ceci ou cela. Car on parle de lui comme d'une unité existante, ayant certaines propriétés. Le non-être devrait seulement ne pas être. Or ce n'est pas le cas, puisque les sophistes ou l'Étranger en parlent. La seule solution possible est donc de s'opposer à la thèse de Parménide, pour qui seul l'être est. Même le non-être doit avoir un certain être.

Sans cela en effet, il serait impossible de critiquer les sophistes. On ne pourrait dire qu'ils mentent, puisque le faux étant le non-être, ils ne pourraient rien dire de faux. Pour dire que les sophistes mentent, il faut donc qu'ils puissent parler du non-être, c'est-à-dire de ce qui est faux. Il faut pouvoir dire que ce qui n'existe pas existe, et que ce qui existe n'existe pas. Les notions d'être et d'un, au centre de la philosophie de Parménide, si elles ne sont pas révisées, nous laisseront impuissants face aux sophistes.

- Le problème de l’être :

Ce moment, que l’on désigne comme celui de la dialectique ascendante, est l’un des plus magistraux de toute l’œuvre de Platon, de par la radicalité de son questionnement, sa haute technicité et sa façon d’articuler une question hautement « philosophique » (les rapports de l’être et du non-être) à une interrogation concrète et pressante (qu’est-ce qu’un sophiste ?).

Les deux interlocuteurs définissent ce que sont les genres de l’être, en ne retenant que les principaux.

Platon se montre là encore non-dogmatique et très libre par rapport à son discours : il n’est pas utile de chercher tous les genres, il suffit de considérer les plus importants : le Même et l’Autre, le Mouvement et le Repos. Il suffit en effet de reconnaître que certaines choses sont mues ou meuvent, que d’autres sont en repos ; que certaines choses sont différentes, d’autres semblables. Il ne serait pas utile de compliquer davantage.

Après avoir critiqué les grandes théories de l'époque en ce qui concerne l'être ( les doctrines pluralistes notamment, c'est à dire celles qui disent que l'être est un et tout par exemple ), Platon s'attaque à deux autres doctrines : celle qui insiste sur le fait que l'âme est matérielle ( Héraclite ) et celle qui insiste sur le fait que l'âme est une Idée ( Socrate ). Pour la première des doctrines, il énonce le fait qu'il existe des réalités incorporelles : la Justice, la Sagesse... Si l'âme, et donc l'être, est matériel, alors ces réalités incorporelles n'existent pas, si elles existent, ils existent des réalités incorporelles et donc l'âme, et donc l'être, n'est pas – uniquement – un corps. Pour contrer la théorie des Idées, l'étranger se sert de la première doctrine pour définir l'être. C'est une puissance « soit d'agir soit de pâtir ». Pour Socrate, existence et devenir sont différents. Ce qui va changer n'est pas vraiment. Ce qui reste identique est réellement. Mais l'Homme, répond l'étranger, a accès au devenir grâce aux sens, et à l'existence via l'âme et ses raisonnements. Platon opte pour une philosophie allant entre les deux doctrines, indiquant que le corps et l'âme, pour former l'être, communiquent.

En effet, Le fonctionnement des genres entre eux est défini par l’entrelacement des formes. Ce n’est qu’en respectant celui-ci que l’on peut tenir un discours sensé. Ceux qui confondent les genres, qui attribuent le devenir à l’être par exemple, ne disent rien de compréhensible. Leur discours ne veut rien dire, il se contredit lui-même.

- Les Fils de la terre et les Amis des Formes

La question de l’être a souvent été la cause du conflit entre matérialistes, pour qui l’être est le corps (n’existe que ce qui offre une résistance), et partisans des Idées, qui non seulement admettent l’existence de l’âme, mais aussi d’entités transcendantes comme la justice ou la sagesse. Ces deux parties sont désignées respectivement dans le dialogue par Fils de la terre et Amis des Formes.

Contre les Fils de la terre, l'étranger déclare qu'il existe des âmes justes et d'autres injustes ; or si on ne reconnaît pas l'existence de la justice il y aura des âmes sages et d'autres folles. L'âme est certes corporelles à leur avis. Mais pour ce qui est de la sagesse et de toutes ces autres réalités que vise la question, la honte les retient d'oser ou bien de leur dénier absolument l'être, ou bien d'affirmer catégoriquement que toutes sont des corps.

Contre les Amis des Formes, l'étranger critique la division qu'il opère entre le devenir et l'existence. Ce qui est sujet au changement, au devenir n'est pas ; ce qui est vraiment est stable. L'étranger leur répond que l'homme, de par son corps a contact avec le devenir par le biais de la sensation

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