Le Bonheur selon Aristote
Par Ramy • 22 Août 2018 • 4 001 Mots (17 Pages) • 869 Vues
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3) La question de la méthode
Quel type de sciences? Quel type de savoir peut-on utiliser pour étudier l'éthique?
Aristote, dès le premier chapitre de L'Ethique à Nicomaque parle de cette méthode => question du critère qui va se poser pour la sphère éthique -> la recherche du critère va se heurter à un discours => celui de la science démonstrative (epistemè).
"Nous aurons suffisament rempli notre tâche si nous donnons les éclaircissements que comporte la nature que nous traitons.C'est qu'en effet, on ne doit pas chercher la même rigueur dans toutes les discussions indifféremment, pas plus qu'on ne l'exige dans les productions de l'art."
"On doit donc se contenter en traitant de pareil sujets et partant de pareils principes, de montrer la vérité de façon grossière et approchée."
"On ne doit pas non plus, quelle que soit la matière traitée, réclamer uniformément la cause. Il y a au contraire des matières où il suffit de se contenter de faits." (I,1)
Quand on traite d'éthique et de politique, il faut partir de ce qui nous est connu et non de ce qui est connu absolument. "Il faut en effet partir des choses connues, et une chose est dite connue en deux sens, soit pour nous, soit d'une manière absolue. Sans doute devons-nous partir des choses qui sont connues pour nous. C'est la raison pour laquelle il faut avoir été élevé dans des moeurs honnêtes, quand on se dispose à écouter avec profit un enseignement portant sur l'honnête, le juste, et d'une façon générale sur tout ce qui a trait à la Politique (car ici le point de départ est le fait, et si le fait était suffisamment clair, nous serions dispensés de connaitre en sus le pourquoi)." (I, 2)
Pourquoi Aristote propose-t-il une telle approche méthodologique dans le sens de l'éthique?
=> Pour Aristote, la sphère pratique et l'éthique sont de l'ordre de la contingence (et non pas à la nécessité). Dans la sphère des actions humaines, nous n'agissons pas selon une règle de nécessité, contairement aux actions naturelles. Il s'agit ici de comment diriger l'action humaine et donc, pour montrer l'exemple de sa méthode, Aristote va parler de la nature du bonheur.
II) La nature du Bonheur
Il s'agit pour Aristote d'analyser en quoi consiste le bien-vivre et comment on l'acquière. Dans L'Ethique A Eudème, Aristote renvoie le bien-vivre au fait de se fixer un but. "Ne pas donner à sa vie une fin est vraiment un signe d'une grande sottise."
Aristote va utiliser une méthode => ce qui est le plus général pour nous -> un principe.
Au chapitre2, il rappelle que tout le monde est d'accord pour mettre un nom sur ce bonheur, autant personne n'est d'accord sur la nature du bonheur. "Sur son nom en tout cas, la plupart des hommes sont pratiquement d'accord: c'est le bonheur, au dire de la foule aussi bien que les gens cultivés; tous assimilent le fait de bien vivre et de réussir au fait d'être heureux. Par contre, en ce qui concerne la nature du bonheur, on ne s'entend plus, et les réponses de la foule ne ressemblent pas à celle des sages." (I, 2)
Il faut avoir une double entrée sur cette nature du bonheur: - la finalité
- l'activité
1) La finalité
Le bien suprême de la vie, mais sa nature est difficilement discernable. Cependant, il est nécessaire de connaitre la nature du bonheur "Nous avons le devoir de ne pas laisser dans l'ombre la nature du bonheur" (Politique, VII, 13). Sur la nature du bonheur => voir Livre I chapitre 5 (p58/59) -> voir cours sur le Souverain Bien
2) L'activité
Aristote va essayer de démontrer la nature du Bonheur, par une fonction propre de l'être humain, l'ergon/ἒργον ( = fonction propre/le devoir). P. Ricoeur traduit ergon par "plan de vie" => c'est ce que l'être humain va faire pour mener sa vie. "Nous devons établir qu'il s'agit ici de la vie selon le point de vue de l'exercice, car c'est cette vie là qui parait bien donner au terme son sens le plus plein. Or s'il y a une fonction de l'homme consistant à une activité de l'âme conforme à la raison, et si nous disons que cette fonction est génériquement la même dans un individu quelconque et dans un individu de mérite, l'excellence due au mérite s'ajoutant à la fonction." (I, 6) => l'ergon sera l'excellence. Aristote est en train de décrire qu'une vie la plus parfaite possible est une vie rationnelle et cette vie rationnelle est une vie qui agit => une vie selon le point de vue de l'activité. Si l'homme partage avec les plantes une vie végétative, en revanche, il y a quelque chose qui est propre à l'être humain => "c'est une certaine vie pratique de la partie rationnelle de l'âme" (I, 6). Distinction entre la simple aptitude, la simple manière d'être et l'exercice. Il faut distinguer ce qui est en acte (energeia/ένέργεια) => l'actualisation de l'aptitude et ce qui est en puissance. En vue de l'accomplissement de la fonction propre (ergon).
L'acte est toujours supérieur à la puissance. Entelekeia = finalité de l'accomplissement.
3) L'excellence
Aristote cherche à cerner la fonction propre de l'être humain, il l'a trouvé dans une certaine activité de l'âme conforme à la raison ou qui n'existe pas sans la raison. Il va rajouter une troisième fonction, qui est celle d'excellence pour mettre en avant le caractère éminemment finaliste de la fonction. Pour l'être vertueux, sa fonction sera d'accomplir sa tâche avec succès. Il faut distinguer les actions bonnes des bonnes actions => l'intention va compter. On peut accomplir une action apparemment vertueuse, sans pour autant que l'intention soit bonne -> pratique frauduleuse de la vertu. Le Bien pour l'homme est une activité de l'âme en accord avec la vertu. Dans ce passage là, Aristote pose la question centrale du genre de vie qui est
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