TD, comptabilité, étude de cas.
Par Ramy • 31 Mai 2018 • 2 558 Mots (11 Pages) • 593 Vues
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C'est d'ailleurs ce qu'il tente de me faire comprendre au travers de sa présence dans la salle de gymnastique à des heures non-autorisées.
- Pour ma part, j'ai entrepris une scolarité modeste dans un milieu social protégé. Mon éducation personnelle résulte d'une autorité parentale forte où les conflits sont rapidement éludés par le non-dialogue. Ayant souffert de cette situation, je ne souhaite pas reproduire ce fonctionnement. Aujourd'hui, jeune stagiaire en éducation physique, je ne sais comment aborder les relations pédagogiques difficiles et bien souvent, j'appréhende les situations de conflit.
Ma situation professionnelle m'amène aussi à avoir d'autres préoccupations. Dans une classe de 35 élèves, les accidents peuvent très vites survenir. Je suis conscient des possibilités de travail en autonomie dont disposent les élèves de lycée (si un minimum de consignes pour les mettre en activité leur a été fourni), mais je n'aime pas laisser ma classe seule.
La deuxième intervention de Mourad me place en situation de crise. C'est un conflit intérieur qui me tiraille entre la nécessité de ne pas laisser ce jeune homme détériorer le matériel pédagogique et le besoin de gérer rapidement ce problème pour redescendre et rejoindre ma classe.
Donc, bien avant la relation conflictuelle entre Mourad et moi-même, chacun de nous est animé de conflits internes éminemment dépendant de son vécu personnel:
- un besoin de reconnaissance d'un côté,
- un besoin autoritaire (je représente la loi et doit m'assurer du respect de la règle) et sécuritaire de l'autre.
Cet aspect correspond à ce que nous définissions comme "conflit de devoir ou de conscience" dans notre partie théorique. En fait, nous sommes tout deux animés par un besoin identitaire. Selon DELIGNIERES D. ET DURET P. (1996), l'identité est la manière pour une personne de se qualifier ou d'être qualifiée: "l'identité repose sur l'auto-perception (façon de se définir), la représentation sociale (façon de se percevoir par rapport aux autres) et la désignation (façon d'être défini par les autres)."
En E.P.S., la reconnaissance de Mourad passe par une évaluation positive de ses capacités motrices. Mettre à l'épreuve son corps dans les activités physiques acrobatiques est pour lui un moyen privilégié de construction de son identité. Les retours (feed-back) positifs, que peut lui fournir l'enseignant, agissent alors comme un miroir de son image.
De l'autre côté, le respect est une preuve de reconnaissance pour l'enseignant. Comme nous l'avons expliqué plus haut, ce n'est pas uniquement d'autorité dont nous parlons mais surtout de confiance. Nous pensons que le propre d'un enseignant est avant tout d'obtenir la confiance de ses élèves pour espérer ensuite les faire progresser.
◊ Le conflit
Sans nous en rendre compte, nos histoires personnelles nous placent en situation de conflit dès notre première rencontre. La confrontation démarre lorsque nous tentons d'entamer le dialogue. Lorsque je pénètre dans la salle de gymnastique, Mourad souhaite que je l'observe et fasse un retour positif sur sa pratique gymnique.
Je réponds à cela par des préoccupations sécuritaires. Il recommence une semaine plus tard en jouant un rôle différent comme pour me signifier que je ne suis pas en accord avec ce qu'il attend de moi.
La semaine passée, il demeurait dans un cadre où seule la transgression vis à vis de la sécurité était présente. En d'autres termes, en présence d'un enseignant et dans un cadre horaire différent, cette situation aurait été parfaitement normale.
La deuxième semaine, il transgresse volontairement une autre règle, celle de l'utilisation du matériel. Il est dans une salle de gymnastique mais ne fait pas de la gymnastique, il tape sur un plinthe.
Voyant que mon intervention de la semaine passée n'a eu aucun effet, j'essaie de responsabiliser Mourad en lui expliquant qu'il peut être amené à rembourser le matériel cassé et qu'il n'est pas en conformité avec les règles établies dans le règlement intérieur de l'établissement.
- "Vous ne pouvez pas savoir ce que ça fait du bien de se défouler Monsieur"
Il ne fait pas suite à ma question et, comme pour me rappeler que je ne suis pas en accord avec ce qu'il attend, il reproduit le geste que je condamnais.
En fait, il ne s'agit pas d'un dialogue ouvert. Nous ne nous parlons pas directement l'un à l'autre. Chacun communique avec son inconscient et entreprend le dialogue en fonction de ses attentes personnelles.
C'est au moment où le geste est reproduit que commence la partie visible du conflit. Ajoutée à la crise temporelle dans laquelle je me trouve, cette remise en question de mon autorité m'affecte profondément et je vais reproduire inconsciemment ce que j'ai l'habitude de vivre: je veux arrêter "net" le dialogue et m'en décharger en le confiant à son enseignant.
- "Tu veux que l'on s'explique on va s'expliquer...on va immédiatement en discuter avec ton enseignant".
L'angoisse suscitée par l'opposition engendre un comportement d'inhibition. Le conflit ne doit pas se propager et doit être réglé dans les plus brefs délais. L'utilisation d'un médiateur devient d'elle-même nécessaire.
Le choix du médiateur n'est pas sans intérêt. Mourad va devoir se confronter à son enseignant. Ce dernier a obtenu la confiance de l'élève qui reçoit en retour des informations positives sur sa personne. L'épisode de la salle de gymnastique risque de modifier le comportement du professeur et du même coup de détériorer l'identité que Mourad s'est construite.
Comme je suis jeune, il tente de rattraper son erreur en devenant familier.
- "C'est bon Monsieur, on va pas se prendre la tête avec ça "
Nous observons encore une fois le décalage culturel qui existe entre les histoires des protagonistes. L'un est issu d'un milieu où le tutoiement est un moyen de calmer le conflit en montrant
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