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Revue de presse Kenworth.

Par   •  9 Avril 2018  •  39 546 Mots (159 Pages)  •  595 Vues

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Doc. : news·19960410·LE·006

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Le Devoir

Montréal, jeudi 11 avril 1996, p. A3

Fermeture de l'usine Kenworth

Le syndicat incrimine la fin du Pacte de l'automobile [pic 11]

Chartier, Jean [pic 12]

"Le problème, c'est que le Pacte de l'automobile est éliminé avec le libre-échange. Il finit en 1997, ce pacte, et Kenworth n'a plus à assembler un camion au Canada pour chaque camion vendu au Canada. Kenworth réalise 30 % de ses ventes au Canada mais la compagnie peut dorénavant approvisionner ce marché à partir des États-Unis, et c'est ce qui nous tue."

Laurent Paquette préside la section locale des ouvriers de Kenworth à Sainte-Thérèse. Il travaille à l'usine depuis 24 ans. Il explique que cette usine était plus rentable que toutes les usines de Kenworth aux États-Unis. "On y assemblait 27 camions en huit heures alors qu'il en faut seize aux États-Unis." Toutefois, la compagnie n'a presque rien investi depuis l'acquisition de l'usine Sicard en 1969.

Par contre, le propriétaire a érigé une nouvelle usine à Renton, sur la côte Ouest, pour remplacer celle de Seattle, juste à côté, et depuis quelques mois les fournisseurs américains de l'usine de Sainte-Thérèse envoient leurs produits là-bas. L'usine de Renton est en voie d'être rodée. Elle est prête a assumer la production de Sainte-Thérèse. Il y a aussi une usine Kenworth à Chelicate, dans le Midwest. Ces deux usines-là approvisionneront le Canada.

Laurent Paquette pense aussi que l'usine de Mexicali fait la différence. Les compagnies américaines construisent massivement des usines du côté mexicain; elles y emploient des ouvriers non syndiqués et les paient à moins de 2 $ l'heure. [pic 13]

"Par rapport aux États-Unis, nous gagnions moins, 18 $ l'heure par rapport à 20 $ US pour les Américains, et eux n'étaient pas aussi habiles que nous pour assembler plusieurs camions différents sur une même ligne de montage. Aux États-Unis, une chaîne de 100 camions identiques est mise de l'avant, sinon ça bloque. Ils ont essayé plusieurs fois de confier à des usines américaines une production dépareillée et ça ne marchait jamais. Ça revenait chez nous. En plus, les Américains, ça leur prend 16 heures pour assembler un camion. Ils nous disaient tout le temps que notre main-d'oeuvre est très qualifiée mais ils n'ont pas investi dans l'usine."

Pour lui, la cause de tout ça, c'est l'Accord de libre échange négocié par Brian Mulroney. "Il a commencé à en discuter en 1987 et il a décidé la fin de la protection du Pacte de l'automobile en 1997."

Jasmin Pitre est membre du comité de négociation des ouvriers: "On ne s'attendait pas à ça. On a reçu une brique dans la figure quand Bill Short nous a lu le communiqué de fermeture et a ajouté que la décision est irrévocable et irrémédiable. Ça a duré une minute et demie. Il nous a lu ça en anglais et le conciliateur en chef du ministère du Travail, Gilles Michaud, nous a demandé si on avait des questions. C'était clair. Personne n'a rien demandé."

"C'est sauvage, cruel, d'agir comme ça. Il y a 900 familles qui sont dans la misère depuis neuf mois avec 175 $ par semaine. C'est une claque dans la figure. Il n'y a eu aucun avertissement auparavant. On ne s'attendait pas du tout à ça. Il y en a eu des grèves à Sainte-Thérèse mais c'est pas une raison pour fermer. En 1978, elle a duré neuf mois, la grève. On était prêts à la bataille mais on ne demandait même pas une cent d'augmentation." [pic 14]

En septembre 1995, la compagnie a envoyé un avis de mise à pied à tous les employés ayant moins de 24 ans d'ancienneté. Elle devait les prévenir quatre mois à l'avance selon le Code du travail. Alors, les ouvriers ont plutôt insisté pour un fonds de pension, car certains ouvriers travaillaient là depuis 35 ans.

"La compagnie demandait toujours des concessions. On a fait notre part. On ne savait plus quoi faire." Le syndicat a demandé une prime de séparation pour les ouvriers prenant leur retraite mais cela ne semble pas la coutume aux États-Unis. [pic 15]

On dit que le président de Kenworth, M. Piggett, de Seattle, est un républicain très conservateur. Il est très sensible aux arguments des candidats qui ont réclamé tous les emplois des industries américaines aux États-Unis.

La compagnie Paccar, dont il détient le contrôle, a respecté la demande du gouvernement mexicain de s'associer à une compagnie locale mais il a retiré ses fonds de cette usine après l'ALENA et il a racheté le tout après la faillite, seul.

"Nous assemblons à Sainte-Thérèse des tracteurs à dix roues et des tracteurs à six roues, classe 8 et classe 7. Le classe 7 a été transféré au Mexique et le classe 8 du côté de Seattle. Tous les camions vendus au Canada viendront des États-Unis et du Mexique."

Réal Vanier, directeur adjoint de la grève, sait que l'usine était rentable. "Auparavant, on faisait 16 camions au plus fort de la production. Quand il y a eu 1000 ouvriers, on est passés à 20 camions par jour. Puis, ils ont investi 100 000 $ en diminuant la main-d'oeuvre à 750 ouvriers; on a alors monté la production à 27 camions en huit heures de travail par jour." [pic 16]

Cette usine-ci était la plus rentable des usines de Kenworth mais M. Piggett préfère investir à Seattle. Les ouvriers pensent que la même chose est susceptible d'arriver à l'usine GM de Boisbriand, de l'autre côté de la route, à compter de 1997, et à Oshawa. À la roulotte de piquetage, le soir, les ouvriers disaient: "Écrivez-le qu'on est en christ."

Illustration(s) :

Nadeau, Jacques

Durant près d'une heure, 300 grévistes en colère ont bloqué hier l'autoroute des Laurentides à la hauteur de l'usine de camions lourds Kenworth. L'usine pourrait fermer le 15 juin. La Sûreté du Québec a fait intervenir sa

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