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La mondialisation est-elle irréversible ?

Par   •  13 Novembre 2018  •  1 595 Mots (7 Pages)  •  466 Vues

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La mobilité des facteurs de production connaît de nombreux obstacles dans la 1ère moitié du XXe siècle : dès 1880, hostilité aux migrations. Quant aux capitaux : contrôles des changes à cause des règlementations pour sortir de la crise de 1930, retour en force des pratiques interventionnistes des banques centrales : interdiction de mouvements de capitaux courts (leur retrait diffusion de la crise)

La mondialisation, pendant longtemps, ne fait plus recette : l’économie de marché paraît devoir être encadrée, réhabilitation de l’intervention de l’Etat. KEYNES : « fabriquons chez nous tout ce qu’il est raisonnablement possible de produire et, avant tout, avec des capitaux essentiellement nationaux » National Self-Sufficiency, 1933. Surtout : la mondialisation actuelle ne fait que démanteler les mécanismes de surveillance et de contrôle financiers crées… à la suite de 1929.

C] Parce que la mondialisation débridée n’a pas que des conséquences positives

La spécialisation est loin d’être neutre. PREBISCH parle d’une détérioration des termes de l’échance des produits primaires face aux produits manufacturés entre 1875 et 1914, ce que conteste BAIROCH, mais note quand même « qu’une erreur d’hier peut être la réalité d’aujourd’hui ».

L’ouverture doit s’accompagner de mesures destinées à améliorer la spécialisation, attirer les IDE. Inutile en effet d’opposer le libre-échange au protectionnisme : dans les deux mondialisations, les échanges de marchandises ont progressé sans que l’on applique un libre échange pur ; la spécialisation est trop sérieuse pour qu’on laisse le marché la déterminer. Pire : « taylorisation sanguinaire » (LIPIETZ) : exploitation de la main d’œuvre sans transfert technologique. Risque aussi de dumping social, de mépris de l’environnement.

III] La poursuite de la mondialisation passe par la mise en place d’une véritable gouvernance mondiale

A] Des contestations grandissantes

« La Mondialisation fait peur », COHEN, Richesse du monde, pauvreté des nations : accusée de déséquilibrer les échanges, accroître le chômage. La « première mondialisation » inquiétait les paysans français/anglais, maintenant inquiète les populistes qui dénoncent la désindustrialisation. CHESNAIS : « les besoins du développement doivent l’emporter sur la spéculation internationale ».

Elle accroît les inégalités entre Nord et Sud, n’améliore pas les conditions de vue. Part des PMA dans les échanges mondiaux : 4%-->1% entre 1960 et 1990. 160 pays du 1/3 Monde récupèrent à eux tous un peu plus d’une dizaine de milliards de dollars d’IDE. Le Nord représente les ¾ des flux.

B] La récurrence des crises financières

« Les crises des paiements entre des emprunteurs et des prêteurs non-résidents ont régulièrement ponctué l’histoire des financements internationaux depuis le XIXe siècle » N. MARCUS, Crises de la dette, CAE. Défaut de paiement argentin en 1890 faillite de Baring en Angleterre. Révolution bolchévique + 1ère guerre mondiale : fin des investissements de la France. La crise de 1930 se transmet à l’Europe par le reflux des capitaux US placés en Europe centrale

Décennie 1990 : crise du SME en 1992/1993, Mexique connaît un exode massif des capitaux en 1994, effet tequila en Amérique Latine. 1997 : Thaïlande, puis reste de l’Asie. 1998 : Russie car perte de confiance dans la capacité à honorer le service de la dette. Argentine 2001

L’instabilité financière suit de peu la libéralisation financière, aujourd’hui encore. Financiarisation des balances des paiements : flux quotidiens de 2000 milliards, sans commune mesure avec les réserves de change qu’ont les Banques Centrales. « Après l’exubérance, le pessimisme, tout aussi irrationnel », Quand le capitalisme perd la tête, STIGLITZ, 2003. Effets aggravés par les mauvaises politiques du FMI.

C] Certains freins à la mobilité des capitaux sont justifiés

Les marchés sont loin de satisfaire aux conditions de l’efficience. Hypothèse de rationalité mise en défaut à cause des comportements moutonniers, privilégient le court terme, comportement mimétiques car l’information est imparfaite, « concours de beauté » de KEYNES. Absence de valeurs d’équilibre, rétroaction positive.

Les PED ont besoin de capitaux lorsque l’épargne est insuffisante, mais tout dépend de la forme prise par les capitaux. Les investisseurs optent pour des placements courts, alors que le marché financier international se caractérise par d’importantes imperfections de l’information. De plus le FMI joue le rôle de pompier : « Pile, je gagne, Face, le FMI perd » KRUGMAN : l’emprunteur peut recourir à des actions cachées sont le prêteur va pâtir phénomène d’anti-sélection

Les seuls pays sans crise, la Chine et l’Inde, n’avaient justement pas ouvert leurs marchés, note STIGLITZ. Le problème, pour lui, vient de l’écart entre la rapidité de la libéralisation financière, et la lenteur de l’ajustement des dispositifs prudentiels. Chili pratique l’encaje depuis 1991 : dépôt d’un an non rémunéré et obligatoire, modifie ainsi les entrées de capitaux en faveur des investissements de long-terme.

S. BERGER, Notre première mondialisation : « l’histoire nous montre que le phénomène n’est pas irréversible » (p.63).

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