Le marché financier
Par Matt • 30 Janvier 2018 • 1 857 Mots (8 Pages) • 572 Vues
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III – Le fonctionnement du marché secondaire : prix et valeur des
entreprises
1 - Détermination de la valeur d’une entreprise en bourse
La détermination de la valeur d’une entreprise en Bourse (dite valeur boursière, ou valeur de marché) est basée sur le montant de sa capitalisation boursière (somme du cours de titres cotés à une date donnée). Cette valeur se fixe suivant la loi de l’offre et de la demande : plus les titres d’une société sont demandés, plus le cours du titre augmente et plus la capitalisation boursière de la société s’accroît. Les investisseurs vont déterminer leurs offres et leurs demandes en se fondant sur diverses analyses. Les « fondamentalistes » vont par exemple se baser sur des données économiques (ex. : les résultats de la société, ses perspectives d’évolution, son marché, son niveau d’endettement, l’évolution de la demande mondiale, etc.). Les tenants de l’analyse technique (ou chartiste) vont davantage s’intéresser à l’évolution du cours des sociétés par rapport au marché, et au comportement des autres agents : leurs décisions d’achat ou de vente seront motivées par des analyses (souvent très complexes) des fluctuations récentes du titre coté. On peut remarquer que les analyses techniques se rattachent clairement à la vision de J.M. Keynes sur le fonctionnement des marchés boursiers : à travers la célèbre métaphore du concours de beauté, celui-ci démontre que les investisseurs doivent avant tout s’attacher à anticiper les comportements des autres investisseurs plutôt que se forger une opinion sur l’état de santé (ou la « beauté ») d’une entreprise particulière.
2 – « Le mimétisme » en bourse
Le mimétisme est le terme moderne (et politiquement correct…) utilisé par les économistes pour caractériser les comportements moutonniers ou les « esprits animaux » décrits par Keynes sur les marchés financiers. Il s’agit de la tendance qu’ont les investisseurs placés en situation d’incertitude à imiter le comportement des autres agents sur le marché. Ce comportement contribue à amplifier les fluctuations boursières et est à la base des phénomènes de bulles spéculatives (et des krachs boursiers, qui viennent corriger les erreurs commises sur les fondamentaux dans le secteur concerné). Il est important de noter que, contrairement à ce qu’affirmait Keynes, les comportements mimétiques ne sont pas forcément le signe d’un manque de discernement des agents : en situation de forte incertitude (qui est la règle sur les marchés boursiers), il est rationnel de chercher une règle de décision pour guider ses investissements. Dans ce cadre, le mimétisme est une règle relativement efficace : il est rationnel d’acheter un titre lorsque celui-ci augmente de manière continue, et de le vendre lorsqu’il baisse). Le problème se pose lors des corrections brutales (krachs boursiers) : dans ces situations, le mimétisme conduit les agents à perdre leur mise… sauf s’ils anticipent une action des autorités publiques pour faire face au krach (via l’injection de liquidités sur le marché). Dans ce cas, ils peuvent limiter leurs pertes (surtout s’il s’agit de gros investisseurs et de professionnels), ce qui les encourage à prendre des risques. Ce phénomène d’aléa moral peut expliquer pourquoi les leçons de la crise financière n’ont pas encore été vraiment tirées par les investisseurs institutionnels et les banques… et que les marchés financiers sont repartis à la hausse en 2009-2010 « comme si de rien n’était » : les économistes voient déjà se former de nouvelles bulles spéculatives (ex. : le marché immobilier chinois, ou les titres de la dette publique des pays riches).
3 – Prix et valeur de l’entreprise
En théorie, une entreprise qui réalise des bons résultats économiques doit voir le cours de ses titres augmenter. Par exemple, en 2011, le groupe Alcatel a réalisé des bénéfices et son cours a, dans la foulée, augmenté. En effet, quand les bénéfices sont en hausse, les actionnaires doivent en théorie voir les dividendes versés grossir ; l’entreprise accroît ses marges de manoeuvre, ce qui rend a priori le titre plus attractif pour les agents à capacité de financement. Le mouvement inverse est également prévisible, comme l’illustre encore le cas d’Alcatel Lucent, où les cours boursiers semblent bien corrélés aux bénéfices réalisés par l’entreprise : malgré un chiffre d’affaires en hausse entre 2009 et 2010, l’entreprise n’a pas réalisé de bénéfices. La chute des bénéfices s’est accompagnée logiquement d’une baisse importante du titre à partir de 2008.
On peut noter le même phénomène pour le groupe Arkema : la chute des bénéfices en 2011 a entraîné une baisse importante de la valeur de son titre au cours de cette même année.
REMARQUE :
Il peut toutefois arriver que la valeur fondamentale d’un titre soit potentiellement élevée, mais que le cours évolue de manière défavorable. Le cas du groupe eBay peut illustrer ce problème
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Les explications de ce type de phénomène sont complexes, mais on peut dire que les anticipations des agents jouent un rôle fondamental : ce ne sont pas tant les résultats actuels de l’entreprise, mais ses résultats futurs qui sont pris en compte. Certaines entreprises ne parviennent pas à susciter la confiance des investisseurs, car ceux-ci anticipent des difficultés à venir. Dans le cas d’eBay, les doutes portaient notamment sur les résultats de sa plate-forme de téléphonie mobile (Skype), que le groupe a vendu depuis. Pour information, on peut noter que les cours se sont nettement redressés depuis la fin 2009, et que le titre a retrouvé son niveau du début 2008.
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