Au-delà du Suivi-Evaluation des projets de développement

...

Un projet est une entreprise planifiée composée d’un ensemble d’activités interdépendantes coordonnées, conçues pour atteindre certains objectifs spécifiques dans le cadre d’un budget donné et au cours d’une période donnée. L’importance de la science des projets est qu’elle décrive avec le plus de précisions possibles le changement souhaité, et les étapes nécessaires dans leur ordre chronologique. Elle permet également d’évaluer les contraintes de temps et de ressources matérielles, financières et humaines. Du reste, elle conduit à cerner la qualité de l’environnement et les risques qu’il comporte. Vu qu’elle embrasse tant la sphère privée que publique en passant par les corps intermédiaires, la science des projets constitue la principale clé de la réussite tant individuelle que collective, d’autant plus que l’obtention de financement y est souvent sujette. L’assertion selon laquelle il n’y aurait pas de vent favorable à celui qui ne sait où il va pourrait bien s’appliquer ici. En effet, les investisseurs sont généralement très réticents à financer des projets mal identifiés et mal formulés. En revanche, il est plus aisé de les convaincre voire de les faire accourir lorsque les termes sont bien exprimés. Par quels moyens formuler judicieusement les termes d’un projet ? Telle est la question à laquelle nous nous confronterons à présent.

Il est recommandable que tout projet soit le fruit d’une démarche participative. Il faut commencer par une investigation de la situation que l’on désire améliorer. Face aux différents problèmes auxquels ils sont confrontés, les individus et les groupes adoptent souvent des solutions données. On gagnerait à examiner le mécanisme de ces dernières avant de passer à une analyse approfondie des problèmes. On peut définir un problème comme un écart constaté entre l’idéal et le concret ou le vécu. Une méthode courante dénommé l’arbre à problèmes consiste à dégager ensemble un problème central dont on essaie de détecter autant les causes primaires et secondaires que les effets immédiats et lointains. A partir de l’arbre à problèmes, on construit l’arbre à solutions avec des cases équivalentes. L’établissement de ce dernier arbre débouche sur la planification.

La planification peut être définie comme un processus de choix entre les différentes lignes de conduite possibles et de classification, par ordre de priorité, des mesures à prendre en vue de changer pour le mieux une situation spécifique. En effet, il n’est généralement pas possible d’appliquer à la fois toutes les solutions préconisées dans l’arbre à solutions. Des options s’imposent. Celles-ci seront déterminées par la planification qui comporte essentiellement deux niveaux, la planification stratégique et celle opérationnelle. La planification stratégique est l’orientation et la définition à long terme des politiques de développement d’une organisation. Elle implique la capacité de prévoir et de se préparer à des changements structurels ou à des adaptions dans le cadre d’une période relativement longue. Elle influence et prend en compte les changements structurels et infrastructurels. Menée par les cadres supérieurs des organisations, elle se traduit souvent par l’élaboration d’un ensemble de documents de base tels que les conventions, les contrats fondamentaux, le règlement intérieur, les manuels de procédure, les lettres de mission, les fiches de poste, les mémoires d’identification de projet, les budgets-programmes. Quant à la planification opérationnelle, elle consiste à définir toutes les activités nécessaires à la réalisation des stratégies. Elle comprend les plans de travail, les tableaux de bord, le budget détaillé, etc. La planification optimise les chances de succès des projets mais n’annihile pas les risques.

La décision de mettre en œuvre des projets comporte presque toujours des risques. Un risque est un facteur susceptible d’entraver la bonne marche du projet et d’en compromettre les résultats et les objectifs. Il est important de scruter attentivement les risques pour ne pas se lancer dans des impasses. Certains risques nécessitent d’abandonner le projet. Les autres d’envergure moindre doivent être mentionnés. Cette procédure témoigne de la maitrise du projet par les acteurs et permet de prévoir quelques mesures palliatives. Il est également recommandable de mentionner les forces et faiblesses, les opportunités et menaces. L’existence de ces dernières, induit des mesures d’accompagnement. C’est le suivi que nous abordons dans les lignes qui suivent.

Le suivi est l’ensemble des dispositions prises pour attester que les réalisations correspondent à la planification. Il permet de vérifier que les ressources prévues sont suffisantes et utilisées à bon escient. Le suivi est la collecte régulière et l’analyse systématique des informations au fur et à mesure de la réalisation des activités prévues par le projet. Le but est d’en améliorer l’efficacité. Le suivi se base sur les objectifs définis et les activités planifiées permettant la réalisation desdits objectifs. Le suivi permet de cadrer les activités dans le sens de la planification définie par les documents fondateurs du projet ou de l’organisation. La réalisation correcte du suivi permet de disposer d’une base de données inestimable pour de judicieuses prises de décisions. Il permet de savoir si les ressources prévues sont suffisantes et utilisées à bon escient. Il est important de mettre au point dès le stade de la conception des indices permettant de vérifier au fur et à mesure les résultats et de garantir l’efficience que l’évaluation se chargera de mesurer.

Evaluer c’est donc estimer à un moment précis et donné dans le temps à quel point les objectifs d’un projet ou plus généralement d’une organisation ont été atteints. L’évaluation permet de mesurer l’effet réel du projet en relation avec les objectifs définis au départ. Elle se rapporte aussi à ce que vous avez entrepris de faire, ce que vous avez accompli et la façon dont vous avez mené à bien vos activités. En général, six (6) grandes familles de critères servent à évaluer les projets. Il s’agit de la pertinence, de la cohérence, de l’efficience, de l’efficacité, de l’impact et de la viabilité. Les deux premiers, la pertinence et la cohérence portent sur la conception, l’essence du projet. L’efficience porte sur la mise en œuvre. L’efficacité sur les résultats. L’impact et la viabilité émanent des deux précédents critères. L’évaluation permet de jouir de la moisson engrangée et de repartir pour de nouvelles conquêtes.