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DC5 AMP, participation à la mise en place et au suivi du projet personnalisé

Par   •  20 Août 2018  •  3 707 Mots (15 Pages)  •  1 221 Vues

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Lors des repas, Monsieur V. aime bien choisir sa place. Il utilise les couverts à bon escient. Parfois, ses refus de nourriture sont des attitudes qui témoignent d’un besoin de reconnaissance et l’humour suffit, dans la plupart des cas, à regagner son adhésion.

Monsieur V. est un homme centré sur lui-même, toute modification de son environnement, y compris les phénomènes météorologiques, sont sources d’angoisses profondes. Son accompagnement pose problème à l’équipe et à l’institution car il a de grandes difficultés à s’inscrire dans la dynamique du foyer (activités, sorties). Il nous questionne très souvent et « rabâche » pour se rassurer puisque toutes les paroles restent importantes et impactent directement sur son état du moment. Il se donne un temps d’observation dans la rencontre et une fois qu’il a accordé sa confiance, il permet l’accompagnement. Son mode opératoire est calqué sur une grande attention, recherche de tous les détails, analyse jusqu’au mimétisme ce qui donne l’impression qu’il a une perception très fine des gens. Il entretient très peu de relations avec ses pairs et reste souvent seul dans sa chambre.

Monsieur V. a toujours un livre à la main. Cet objet lui est nécessaire, il a un effet apaisant. Il sert de support ou de tiers dans la relation à l’autre, évitant ainsi la relation directe ou le trop de présence qui pourrait être insupportable pour lui. Au bout d’un certain temps, cet objet peut s’endommager ou il peut le déchirer, d’abord il demande de le réparer, puis le détruit en totalité. Ce moment est souvent difficile pour lui puisqu’il montre de l’inquiétude, il est mal à l’aise, embarrassé. Ceci peut aussi être un moyen pour appuyer une demande explicite ou implicite comme celle de changer de livre, de sortir pour en acheter un autre.

Monsieur V. est excessivement affecté dans son corps par tout ce qui est soins médicaux. Toute muabilité, toute effraction sensorielle et corporelle sont sources pour Monsieur V. d’angoisses profondes.

Les actions mises en place par l’équipe

Les objectifs poursuivis du Projet Personnalisé de Monsieur V. se déclinent autour de deux axes fondamentaux : sécurité et confiance. « La partie essentielle de la thérapie des psychoses se joue dans la quotidienneté la plus banale, dans ces aménagements du monde de tous les jours, où ils pourront venir à notre rencontre parce que nous l'aurons partagé avec eux. » [5] Permettre à Monsieur V. d’évoluer et de maintenir ses acquis dans un cadre sécurisant et repérant est une priorité de l’équipe.

Dès le premier contact du matin, il est primordial de le rassurer sur le déroulement de la journée, lui rappeler quel personnel intervient, anticiper et le préparer au mieux à d’éventuelles activités ou sorties qui sont pour lui sources d’angoisses.

L’accompagnement lors de la douche ou la toilette doit être discret et bienveillant : bien souvent, Monsieur V. exige plus de notre part une présence rassurante qu’une aide concrète. Il peut cependant nous solliciter pour le shampoing, le rasage bien qu’il soit en capacité d’effectuer tous ces gestes, comme pour réinterroger en permanence la nature de notre relation et notre disponibilité.

Il en est de même pour sa vêture qu’il gère parfaitement, notre rôle est plus de le valoriser, de le conseiller ou de freiner des changements excessifs ou inopportuns. Sa sensibilité à « être beau » nous permet de soutenir tout ce qui favorise son individualisation et articuler ainsi ce travail avec la socialisation (achats à l’extérieur de nouveaux habits…).

Monsieur V. participe activement aux tâches ménagères dans l’espace collectif. Nous avons mis en place des plannings illustrés de pictogrammes afin qu’il se repère plus aisément. Cependant, nous devons doser nos stimulations, en l’encourageant dans ses prises d’initiative, même si parfois c’est difficile.

Lors des repas, nous devons accepter qu’il mange peu et favoriser plutôt le plaisir et la convivialité.

La subtilité et la difficulté de notre accompagnement réside dans l’équilibre à trouver entre les impératifs de la mise en œuvre du projet (fonctionnement interne, plannings d’activités) et la marge de manœuvre nécessaire à Monsieur V. pour vivre et réguler ses angoisses. Aussi, nous lui permettons le plus possible de verbaliser ses peurs, tout ce qui l’insécurise, l’aider à faire le deuil de sa mère. D’ailleurs pour cela, un rendez-vous hebdomadaire avec la psychologue de la structure a été mis en place.

Nous acceptons ses refus, dédramatisons et utilisons l’humour.

L’équipe doit faire en sorte que Monsieur V. puisse être partie prenante de ses activités habituelles qui sont maintenant repèrantes et ritualisées. Il faut éviter l’attente, le prévenir à l’avance des annulations, être clair et ne pas le laisser dans le doute. Mais il est également important que Monsieur V. soit libre de s’exprimer, d’agir et de flâner…

Nous devons également accéder, tout en tempérant, à ses demandes fréquentes et régulières de renouveler cet objet autistique qu’est le livre, en l’accompagnant à l’extérieur.

L’action de l’AMP et la mise en œuvre

Dès mon arrivée sur le groupe et en tant qu’AMP, je prends soin des personnes « par une aide de proximité permanente durant leur vie quotidienne, en les accompagnant tant dans les actes essentiels de ce quotidien que dans les activités de vie sociale et de loisirs »[6]. J’adopte les modalités d’accompagnement de Monsieur V. définies par son projet personnalisé et mises en place par l’équipe.

Dès le matin, le premier contact est primordial et conditionne le déroulement de la journée à venir. J’énumère avec Monsieur V. toutes les composantes de sa journée (activités, tâches ménagères et présence du personnel) car c’est un exercice indispensable à la régulation de ses angoisses et de ses anticipations.

Puis, le petit déjeuner étant pris en toute autonomie, quelques stimulations verbales suffisent à Monsieur V. pour qu’il rejoigne sa chambre et se prépare pour la douche. Je lui propose alors mon aide qu’il accepte ou pas, se satisfaisant parfois juste de ma présence que je m’efforce à rendre le plus possible rassurante et bienveillante. Ensuite, Monsieur V. rejoint sa chambre et s’habille seul. Il me sollicite alors pour une aide au rasage bien qu’il soit tout

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