Analyse pratique prélevement sanguin
Par Ramy • 21 Février 2018 • 2 105 Mots (9 Pages) • 578 Vues
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Ce soin m’a également questionné quant à ma capacité à repérer les signes d’anxiété du patient dans une situation de soin technique. Si je me suis assurée obtenir le consentement libre et éclairé du patient, en référence à la loi du 04 mars 2002 relative aux droits des malades, je n’ai pas évalué son appréhension du soin. Les prises de sang peuvent être vécues de manière anxiogène par les patients notamment lorsqu’ils savent avoir un mauvais capital veineux ce qui était le cas de Mr L. Ils appréhendent la douleur lorsque le soignant cherche l’accès veineux. Le corps mémorise aussi inconsciemment des douleurs passées liées aux hématomes postponction[5]. Les personnes atteintes de maladie chronique comme Mr L. sont marquées par des prélèvements à répétitions. De ce fait, j’aurais du demander au patient où il avait l’habitude d’être prélevé pour rendre le soin le moins douloureux possible et s’il redoutait ce geste invasif. Je me suis fait une représentation erronée du patient de part sa profession, sa décontraction apparente et son caractère jovial. Les préjugés et stéréotypes sont néfastes pour une prise en charge personnalisée. Ces représentations sont utilisées à visée d’orientation pour guider nos pratiques et ont une visée justificative face à nos comportements, attitudes et propos tenus[6].
Par ailleurs, connaissant mes difficultés à effectuer des soins rapidement, je me suis hâtée pour prélever mes patients. Cet empressement s’est fait au détriment d’une attitude soignante bienveillante. La surcharge de travail perçue et le stress qu’elle engendre ne doit en aucun cas venir impacter la qualité des soins. J’éprouve également encore des difficultés à me concentrer sur mon soin technique (ayant ici 9 tubes à prélever) tout en me montrant attentive et disponible pour le patient. Aussi, je n’ai pas su rassurer Mr L. Il aurait été plus judicieux de ma part de continuer à échanger avec le patient autour de sa passion pour le théâtre, tout en l’incitant à ne pas regarder le soin réalisé. L’entretien d’accueil se faisant ultérieurement, je n’ai pas pu évaluer chez ce patient le seuil de stress engendré par l’hospitalisation et la découverte potentielle de signes de complications de sa maladie. La peur fait partie des diagnostics infirmiers référenciés dans la Classification Internationale NANDA[7] en tant que « réponse à la perception d’une menace consciemment identifiée comme un danger ». Je me dois d’être plus vigilante quant aux signes annonciateurs à savoir : un état de qui-vive, d’agitation, de nervosité ou de stupeur, une concentration excessive sur la source de peur ou un comportement d’évitement, et des manifestations somatiques (tachycardie, tachypnée, nausées, diarrhées, tension musculaire, transpiration abondante, bouche sèche, pupille dilatée…). J’ai ainsi appris qu’il n’y a pas d’acte « anodin » pour les patients et que l’on doit être particulièrement vigilant face à des soins « banalisés » par les soignants car très fréquents dans nos pratiques quotidiennes.
D’une manière générale, il me faut mieux connaître mes limites. N’ayant pas encore toute la dextérité nécessaire à la bonne réalisation des soins, une attitude plus professionnelle aurait consisté à demander à ma collègue de prendre en charge un patient en moins. Mes objectifs étaient peut être surévalués. J’ai néanmoins su demander de l’aide lors de la réalisation du second prélèvement ; tout en ne déléguant pas le soin. J’acquière peu à peu de la confiance en moi. Lors de mes précédents stages, j’avais tendance plus facilement à passer la main à un autre soignant de peur d’être à nouveau en échec et nocif pour le patient. J’ai tracé la synthèse des informations concernant ce soin dans le dossier patient, comme recommandé dans les critères d’évaluation de la compétence 4.
Pour conclure, la ponction veineuse nécessite précision, hygiène et sécurité et demande une attention ajustée au patient. Cette expérience m’a sensibilisé aux risque d’AES, l’accident percutané étant la cause la plus fréquente d’AES rapporté. [8]
ANALYSE DE PRATIQUE SYNTHETISEE DANS LE PORTFOLIO
Lieu :
Service d’hospitalisation de jour en diabétologie
Cadre : Soins de courte durée.
Activités réalisées :
Prélèvement sanguin avec exposition au risque d’AES.
Observations, Etonnements :
- La ponction veineuse nécessite précision, hygiène, sécurité et demande une attention ajustée au patient. Il n’y a pas d’acte « anodin » pour le patient ; nous devons y être particulièrement vigilants lors de soins « banalisés » par les soignants car très fréquents dans nos pratiques.
- Elle peut être vécue de manière très anxiogène chez des patients atteints de maladies chroniques au capital veineux fragilisé de peur de la douleur induite par la recherche de l’accès veineux ou par les hématomes post-ponctions.
- Elle nécessite une bonne connaissance des conditions de prélèvements et de transports des échantillons de sang. Il est impératif, afin d’éviter des interférences par transfert des additifs entre les tubes via l'aiguille ou le bouchon, de respecter un ordre lors des prélèvements
Difficultés et Points à approfondir :
- Repérer les signes d’anxiété chez un patient « d’apparence détendue ».
- Allier soins techniques et soins relationnels
- Développer de la dextérité dans la manipulation du système de protection des épicrâniennes.
- Respecter davantage les conditions d’utilisation optimale des COPT.
- Se remémorer régulièrement les procédures à suivre en cas d’AES.
Réalisation autonome de l’acte :
Je suis capable de réaliser seule un prélèvement sanguin lorsque les veines sont facilement palpables. Il m’arrive fréquemment de devoir passer la main à un autre soignant en cas de 2 échecs consécutifs. Mon geste reste donc à améliorer, ma rapidité d’exécution également.
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