Analyse de pratique Le corps objet
Par Stella0400 • 6 Janvier 2018 • 1 284 Mots (6 Pages) • 621 Vues
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face à la surcharge de travail que présentait alors le soignant (qui, immédiatement après m’avoir donné ses consignes se dirigea au pas de course vers une autre chambre), je ne pus faire part de mon ressenti et avis sur la toilette de la patiente.
Un sentiment de frustration et de désarroi m’envahit alors, me sentant désemparée et ne sachant comment agir : agir de mon plein gré, au risque d’aller à l’encontre du personnel soignant me formant ?
La patiente me « sortit » rapidement de cette inquiétude et me permit de « trancher » quant aux actes que je devais effectuer, me demandant, malgré les recommandations du soignant, de lui faire sa toilette de préférence à la douche ou au lavabo.
J’ai ainsi décidé d’appuyer ses dires en m’attelant à une toilette au lavabo comme prévu initialement.
II. Questionnement
Par quels moyens rendre peu à peu l’autonomie du patient afin d’assurer un retour à domicile ?
Faut-il privilégier sa gestion du temps (contraintes horaires rencontrées) à l’autonomie du patient (faire à sa place pour ne pas perdre de temps) ?
Le soignant en SSR doit accompagner le patient à un retour à l’autonomie afin de favoriser son retour au domicile. Autrement dit, et face à la situation rencontrée, le soignant doit favoriser l’aide partielle à l’aide totale à travers une toilette au lavabo plutôt q’une toilette au lit.
Dans la situation rencontrée, le patient se trouve dépendant et non autonome :
d’une part, parce qu’il ne se lève pas du lit, ne se déplace pas...
d’autre part, parce qu’il ne participe pas à sa propre toilette (les gestes doivent être rapides et le soin accéléré).
Aucun sens, ni muscles ne sont alors sollicités, le patient perd très rapidement ses capacités de prise en charge et d’autonomie.
Par ailleurs, en raison de l’âge avancé de la patiente, la perte d’autonomie peut être rapide et fulgurante induisant de lourdes conséquences sur son devenir en tant que personne indépendante.
Il me semble juste de favoriser au mieux l’autonomie du patient à travers une aide à la toilette la moins présente possible : proposer au patient de se laver le visage pour les moins autonomes, jusqu’aux parties intimes pour les plus autonomes. Dans ce sens, initier le patient au plus vite (en fonction de ses capacités à se mouvoir) à la toilette au lavabo ou douche. Ne pratiquer alors la toilette au lit qu’en cas d’incapacité du patient à se déplacer (patient alité).
Selon Philippe Lecorps, des projets de vie mis en place dans les services « expriment la volonté d’une prise en charge individualisée et globale des résidents dans l’optique de préserver le plus possible l’autonomie de la personne »
Faire participer le patient à sa propre toilette induit un gain de temps pour celui-ci mais également pour le soignant.
Selon Philippe Lecorps, « L’idéal d’un soin performant et soucieux du ’corps-sujet ’ se heurte à la loi d’airain du fonctionnement de l’institution : les contraintes inhérentes à son organisation, à la répartition du temps de travail constituent autant d’obstacles structurels »
III. Axes d’amélioration
Confrontée à un problème d’éthique et de respect du patient, je n’ai pas su rentrer en communication avec l’équipe soignante afin de leur faire part de mes réticences quant à leurs pratiques s’appliquant à la toilette de Madame B.
Je n’ai malgré tout pas accepté de laisser s’installer une relation de domination (loi d’airain précitée) en n’effectuant pas les actes demandés et en accompagnant ainsi la patiente dans la salle de douche.
Après avoir pris conscience de l’importance de partage ou de confrontation des idées au sein d’une équipe, je ne me contenterai pas dorénavant d’agir pour le bien être du patient, je m’appliquerai également à communiquer d’avantage avec le personnel soignant : ici sur l’autonomie et le « corps-sujet/objet ».
Bibliographie
LECORPS, Philippe. Le corps, objet ou sujet des soins. ENSP, Rennes : Module interprofessionnel de santé publique, 2003
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