Les passions David hume
Par Plum05 • 16 Octobre 2017 • 2 312 Mots (10 Pages) • 659 Vues
...
dans les phénomènes passionnels : il s’agit des "relations d’impressions et d’idées".
L’association des idées tient au fait que l’esprit ne peut se fixer durablement sur une idée : "la règle (…...) consiste à passer d’un objet à ce qui lui ressemble, à ce qui lui est contigu ou à ce qu’il produit". "Quant une idée est présente à l’imagination, une autre, qui lui est uni par les relations précédentes, la suit naturellement…".
Il se produit une association comparable d’impressions : "toutes les impressions qui se ressemblent sont reliées entre elles ; l’une n’a pas tôt surgi que les autres la suivent immédiatement . Le chagrin et la déception suscite la colère ; la colère, l’envie ; l’envie, la malveillance ; la malveillance ressuscite le chagrin, jusqu’à ce que le cercle se referme".
La temporalité des passions est donc essentielle chez David Hume ; il souligne leur instabilité : "il est difficile pour l’esprit, quand il est mû par une passion, de s’en tenir à cette seule passion, sans changement ni variation. La nature humaine est trop inconstante pour admettre une telle régularité ; l’instabilité lui est essentielle"
"elles obéissent comme à un principe d’inertie qui les fait persévérer dans leur état jusqu’à ce que d’autres forces passionnelles viennent "les mettre en mouvement" sur le modèle de l’association." (M.Korichi, 2000).
En effet toute passion ressentie peut devenir à nouveau la cause d’une autre passion suivant des voies dont il importe de prendre la mesure de la complexité.
La double temporalité des passions
Si les passions passent facilement d’un objet à un autre qui lui est contigu, cette transition s’effectue plus aisément lorsque l’objet le plus important se présente en premier lieu : "ainsi nous est-il plus naturel d’aimer le fils en raison de notre amitié pour son père que d’aimer le père en raison de notre amitié pour son fils ; le serviteur en raison du maître que le maître en raison du serviteur ; le sujet en raison du prince que le prince en raison du sujet." (D.Hume, 1991, 187.) En somme "les passions (…) descendent plus facilement qu’elles ne montent"
En revanche, "quand nous tournons notre pensée vers un grand et un petit objet, l’imagination passe plus facilement du plus petit au plus grand que du grand au petit."
La raison en est que "l’on remarque davantage ce qui a la plus grande influence ; et ce qu’on remarque davantage se présente plus promptement à l’esprit."
En définitive la force des passions l’emporte sur celle de l’imagination. Les affections étant "des principes plus puissants que l’imagination, rien d’étonnant à ce qu’elles l’emportent sur celle-ci et qu’elles tirent l’esprit de leur côté. En dépit de la difficulté qu’éprouve l’imagination à " passer de l’idée du grand à l’idée du petit, une passion dirigée sur la première produit toujours une passion semblable envers la seconde." (JP Cléro, 1985)
De fait une claire perception des passions doit aller au delà de la pensée intuitive.
II. DES RAPPORTS ENTRE LA PASSION LA MORALE ET LA RAISON
2.1.La raison et les passions
La raison gouvernée par les passions
Contre Pascal qui soutient la contradiction entre la passion et la raison, et Descartes qui postule la suprématie de la raison sur la passion, David Hume défend une troisième voie qui est celle du gouvernement de la raison par la passion.
En premier lieu, la raison ne saurait à elle seule constituer un motif pour une action de la volonté. Dans la mesure où l’entendement considère les relations abstraites entre les idées, alors que la volonté nous place toujours dans le monde des réalités, "la démonstration et la volition semblent, pour cette raison, totalement disjointes l’une de l’autr ". Qui plus est, "le raisonnement abstrait ou démonstratif n’influence jamais aucune de nos actions, sinon par sa direction de notre jugement concernant les causes et les effets".
Par exemple, la perspective de la souffrance ou du plaisir produit par un objet quelconque est à la source d’une émotion d’aversion ou de propension qui pousse à l’action. Par suite, en vertu des relations d’impressions et d’idées, cette émotion s’étend à tout ce qui entre en connexion avec l’objet d’origine, y compris la relation de cause à effet. "Le raisonnement intervient ici pour découvrir cette relation", (….) "l’impulsion ne provient pas de la raison qui ne fait que la diriger".(D.Hume, 1991, p270). A contrario "lorsque les objets eux-mêmes ne nous affectent pas, ils ne peuvent jamais gagner d’influence par leur connexion ; il est évident que, comme la raison n’est rien d’autre que la découverte de cette connexion, ce ne peut être par son moyen que les objets sont susceptibles de nous affecter" (D.Hume, 1991, p270)
En second lieu, la raison ne peut jamais s’opposer à la passion pour diriger la volonté puisqu’elle est inactive : qu’à elle seule elle ne puisse "ni produire une action, ni susciter une volition, j’en infère que cette même faculté n’est pas davantage capable d’empêcher une volition ou de disputer la préférence à une passion ou à une émotion. C’est là une conséquence nécessaire." (D.Hume, idem).
En définitive, "la raison est et ne doit qu’être l’esclave des passions ; elle ne peut jamais prétendre remplir un autre office que celui de les servir et de leur obéir". (D.Hume idem)
Les sources d’opposition entre les passions et la raison
Dans l’approche empiriste de Hume, "les idées ne sont que des copies affaiblies d’impressions sensibles issues de l’expérience, associées et combinées par l’imagination" (F.Rognon, 1997, p18). Il est donc impossible que la vérité et la raison puissent s’opposer à la passion ou que celle-ci puisse contredire celles-là, puisque cette contradiction consiste dans le désaccord des idées (…) avec les objets qu’elles représentent."
Cependant, les passions peuvent s’opposer à la raison dans des cas particuliers : lorsqu’elles s’accompagnent d’un jugement ou d’une opinion : " d’abord, quand une passion telle que l’espoir ou la crainte, le chagrin ou la joie,
...