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Les caprices de Marianne, Musset

Par   •  11 Octobre 2018  •  2 358 Mots (10 Pages)  •  685 Vues

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- Le portrait négatif d’Octave

L’opposition entre « fraîches oasis » et « désert aride » pose Octave comme l’inverse de Coelio. Les termes relatifs à Octave sont dans des phrases négatives. La répétition de « je ne sais point/pas » en écho à « il savait » met en relief cette opposition entre les personnages. L’alexandrin « je ne sais point aimer ; Coelio seul le savait », permet à Octave de se dévaloriser. Les verbes « je n’estime point, n’en veulent plus »renforcent les négations. Il se dénigre par des formules négatives « débauchés sans cœur, ivresse passagère d’un songe » qui insistent sur le caractère superficiel, artificiel de l’amour. Il livre enfin la clé de son comportement « ma gaieté est comme le masque d’un histrion » ; comme la scène I1 l’avait suggérée, le déguisement est un masque destiné à le protéger. Les mots « masques, histrion, vieux, blasés, lâche » achèvent le portrait du personnage ; en faisant l’éloge de Coelio, Octave se présente comme son double négatif.

- Un dénouement tragique

- La double mort de Coelio et d’Octave

Le cadre de la scène l’oriente vers le tragique. La récurrence des termes relatifs à la mort confirme cela. Mais la mort de Coelio se double de la mort d’Octave. En fait Octave est identique à Coelio malgré le masque qu’il porte : « ce tombeau m’appartient » La phrase « c’est moi qu’ils ont tué »indique une cassure dans le personnage. La répétition « Adieu » précise les plaisirs auxquels renonce Octave ; il abandonne sa joie de vivre (« gaieté, insouciance, joyeuse, jeunesse »), les fêtes et les plaisirs (« repas, soupers, mascarades (cf. scène 1), les plaisirs amoureux et la débauche (« sérénades, femmes »). Octave tue en lui le libertin qu’il était. C’est cette identification à son ami mort qui le pousse à adopter le même mode de vie : il se referme sur lui-même par un renoncement total « ma place est vide sur la terre », dit-il après un triple ai à la jeunesse, à la vie sociale et au libertinage. Il est devenu Coelio.

Le tragique lié à la mort de Coelio se renforce par le discours d’Octave et il est renforcé par l’absence de toute perspective de bonheur.

Octave devient finalement un personnage romantique : il emploie le registre lyrique pour exprimer son identification à son ami et renonce à l’amour et à l’amitié. Son double positif est mort et il ne lui reste rien. Cet adieu à l’amour est renforcé dans la dernière réplique. Il se purifie par la pureté de Coelio.

- L’impossibilité au bonheur

La mort de Coelio rend définitivement impossible l’amour entre les deux autres. L’adjectif « vide » souligne qu’octave renonce à la vie. La mort de Coelio, bien loin de rapprocher Octave et Marianne les sépare encore plus que lorsque Coelio était vivant. Parce qu’il est irréversible, ce dénouement est tragique et il conduit à s’interroger sur la signification du passage. Chacun des trois jeunes gens est renvoyé à son malheur et à sa tristesse : Coelio est mort, déçu par l’amour et l’amitié ; Octave meurt affectivement, renonçant au monde ; Marianne s’en retourne à sa vie conjugale, prison pour elle maintenant qu’elle sait ce qu’est l’amour. Aucun n’a pu réaliser son rêve.

- Une image de la condition humaine

Les deus personnages de Coelio et Octave, deux facettes d’une même personnalité met l’accent sur la complexité et l’ambiguïté de l’homme. Le renoncement au bonheur d’Octave fait apparaître la part de sensibilité présente dans chacun, même le plus libertin des personnages, puisque toute la pièce à montré Octave comme un « danseur » sur le fil de la vie. Mais cette démarche a lieu dans une situation tragique, et la scène est marquée par le pessimisme de Musset.

En effet, le triple destin de Coelio, Octave et Marianne est marqué par l’impossibilité de l’amour réciproque. Ainsi, ce dénouement ne se contente pas de refermer l’action, il rend compte du tragique de l’existence humaine. L’aébsence de communication prouve que l’amour sur terre est impossible.

Conclusion : Au-delà de l’intérêt dramatique du texte qui fixe le sort des personnages, ce dénouement est caractéristique du théâtre de Musset en ce qu’il se termine par une mort ; il se caractérise par son pessimisme fondamental, en concluant sur l’impossibilité du bonheur en amour. Il présente une vision de la condition humaine tragique et ambiguë

NB : l’illustration de l’esthétique romantique

Cette scène est emblématique du drame romantique :

Ajoutée après coup elle insiste sur la volonté de l’auteur de briser les unités classiques. Le lieu est indéterminé « un cimetière » ; le temps est flou : il y a au moins trois jours de plus par rapport à la scène précédente, délai catholique traditionnel. L’unité d’action est aussi rompue : la question du début – est-ce que Coelio parviendra à obtenir les faveurs de Marianne – n’a plus cours ; la question est Marianne fera-t-elle céder Octave par ses avances.

Non-respect des bienséances et de la vraisemblance : est-il convenable pour Marianne de se livrer ainsi à Octave ?

On retrouve avec le cimetière l’ambiance shakespearienne chère aux romantiques : scène V d’Hamlet, après la mort d’Ophélie qui amène les interrogations existentielles du personnage ; la aussi cette mort ressemble à un suicide, et là aussi Octave tire des réflexions sur le sens de la vie.

Le travail stylistique de Musset est révélateur aussi du romantisme : la sensibilité exacerbée est rendue par une tonalité élégiaque. Le rythme des phrases, le choix des mètres de la poésie (octosyllabes, décasyllabes, alexandrins) ; la longueur des répliques en font des héros qui parlent beaucoup mais qui sont peu capables d’agir. Il s ne se finissent pas par leurs actes, mais par leurs paroles. L’usage des métaphores est abondant pour traduire l’intimité des personnages et ce que cela à a d’indicible.

Le problème du genre peut être posé : comédie qui finit en tragédie ; pourtant on ne peut parler de tragi-comédie car le devoir n’est pas invoqué comme obstacle au désir.

Il s’agit donc d’un mélange des genres conforme au romantisme. La prose de Musset fourmille de vers

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