Lorenzaccio -- Alfred de Musset
Par Ramy • 3 Mai 2018 • 1 606 Mots (7 Pages) • 732 Vues
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→ lâche, pleutre.
Moralement aussi Lorenzo est décrit comme faible et manquant du courage qu’on attend d’un homme → lexique dépréciatif, méprisant :
- Champ lexical de la lâcheté : « le plus fieffé poltron » (fieffé : « qui possède au plus haut degré un défaut, un vice »⇒ double superlatif) ; qui a « peur d’(…) apercevoir l’ombre [d’une épée] à son côté »
- Les expressions « ce pauvre Renzo », « Renzo, un homme à craindre ! », la question rhétorique « C’est là un homme à craindre ? », sous-entendent que rien ne justifie que le Pape se scandalise de son comportement, comme s’il s’agissait des débordements d’un adolescent dont il n’y a vraiment rien à craindre.
- Lorsqu’il lui dit après son évanouissement : « Lorenzetta, fais-toi emporter chez ta mère », cela reprend le mépris décelable dans l’expression « femmelette », la féminité étant ici associée à la lâcheté.
- Lorenzo est le contraire d’un homme d’action, c’est un « rêveur », « un philosophe, un gratteur de papier, un méchant poète ». Et même dans ce domaine si peu viril il est dévalorisé puisqu’il « ne sait seulement pas faire un sonnet ».
⇒ Le champ lexical de la faiblesse physique et morale permet donc à Alexandre de défendre Lorenzo. La violence de ses « attaques » concernant Lorenzo est donc le reflet de la force de son attachement.
⇒ Peut-être aussi Alexandre, malgré l’attachement trouble qu’il éprouve pour Lorenzo trouve-t-il en le dévalorisant le moyen d’affirmer la supériorité du bâtard qu’il est sur son cousin, un Médicis légitime. (Il le lui dit d’ailleurs pour l’encourager au duel : Fi donc ! tu fais honte au nom de Médicis. Je ne suis qu’un bâtard, et je le porterais mieux que toi, qui es légitime ! »)
→ comme un traître.
Lorenzo est « glissant comme une anguille », « il se fourre partout ».
b) Alexandre est certain de savoir à quoi s’en tenir sur le compte de son protégé : « voulez-vous que je vous dise la vérité ? », « croyez que son entremise (…) ne me nuira pas » (noter l’impératif et le futur à valeur de certitude). De même l’expression « Allons, allons ! » qui balaie leurs objections comme n’étant vraiment pas sérieuses.
B. Ce portrait nous montre justement qu’Alexandre s’aveugle.
a) Il ne s’aperçoit pas qu’il se contredit et refuse de voir en Lorenzo « un homme à craindre » alors qu’il sait que Lorenzo peut être « glissant comme une anguille » et qu’il joue très habilement un double jeu auprès des républicains. Il insiste sur l’habileté de Lorenzo à tromper autrui par son apparence et c’est pourtant sur l’apparence de ce dernier qu’il s’appuie pour justifier sa confiance : « Tenez ! » + anaphore de « Regardez-moi » + abondance des déictiques (5 adjectifs démonstratifs, 1 pronom démonstratif, adverbe de lieu « là »).
b) En fait, Lorenzo a su faire en sorte qu’Alexandre s’attache à lui, dépende de lui :
- pour ses plaisirs (c’est son ruffian).
- pour connaître les complots tramés contre lui.
C’est de lui seul qu’il parvient à obtenir des information sur les républicains. La tournure présentative « c’est par Lorenzo que je le sais » montre que Lorenzo a réussi à se rendre précieux grâce à sa traîtrise. La question rhétorique « N’a-t-il pas trouvé moyen à d’établir une correspondance avec tous ces Strozzi de l’enfer ? » fait sentir que l’habileté, la rouerie de Lorenzo ont réussi à l’impressionner.
c) C’est peut-être aussi parce qu’il aime Lorenzo qu’il s’aveugle ainsi.
Alexandre connaît l’intelligence du Cardinal, et ce n’est pas pour rien qu’il a pris ce dernier à témoin au début de l’extrait. Or, malgré la méfiance du Cardinal touchant Lorenzo, il continue à défendre ce dernier. Son jugement échappe donc à la logique, et ce manque de rationalité s’explique sans doute, comme souvent, par quelque chose de passionnel dans ses relations avec Lorenzo, qui dira plus loin : « pour devenir son ami et gagner sa confiance, il fallait baiser sur ses lèvres épaisses tous les restes de ses orgies. »
Conclusion : cette scène est bien une scène d’exposition
- On sait que les républicains complotent contre le Duc. Le climat politique tendu est donc bien perceptible.
- On voit la confiance aveugle (ou plutôt sourde aux avertissements que lui donnent ses conseillers) accordée par le Duc à Lorenzo.
- La multiplicité des noms qui désignent Lorenzo témoignent de sa complexité : il est à la fois homme et femme, un personnage titré, Lorenzo de Médicis, et un personnage méprisable, Lorenzaccio.
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