Les Faux Monnayeurs - Famille Vedel Azais
Par Ramy • 24 Septembre 2018 • 1 448 Mots (6 Pages) • 515 Vues
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Les deux soeurs Vedel, Rachel et Sarah, représentent deux manières opposées de réagir face à une famille étouffante : en effet, la première, résignée, se dévoue corps et âme aux siens, à sa famille, tandis que l'autre cherche à s'émanciper.
En plus d'être au coeur d'importants conflits familiaux notamment dû à la religion que nous aborderons, les frères et soeurs ne se manifestent pas non plus un amour débordant : Armand traite Sarah de "putain", Laura de "garce" et appelle Alexandre "mon cochon de frère" ce qui prouve bien le manque de valeurs du personnage d'Armand qui semble même parfois dénué de toute raison comme on peut le voir quand Armand enferme Bernard et Sarah pour qu'ils passent la nuit ensemble. Ce dernier épisode donne d'ailleurs lieu à une scène très ambiguë, presque incestueuse, quand Armand entre au petit matin dans la chambre, contemple les deux amants endormis, et embrasse le mouchoir tâché du sang de la défloration de sa soeur comme on le constate dans le chapitre 9 de la partie 1.
- Conflits familiaux et religion/protestantisme
La famille est le plus souvent présentée comme oppressive dans les Faux Monnayeurs. Le meilleur exemple en est la pension Azais, lieu familial par excellence, dont le narrateur souligne "l'air empesté qu'on y respire, sous l'étouffant couvert de la morale et de la religion" dans le chapitre 7 de la partie 2. (p.241)
Dans ces familles bourgeoises que l'on côtoie dans ce roman, notamment les Vedel-Azais, aucune sincérité n'est donc possible comme on le constate de par le vieil Azais qui "impose autour de lui l'hypocrisie" comme le dit Edouard dans le chapitre 12 de la première partie, pas tant cette fois par respect des convenances que par un excès de vertu et de confiance aveugle.
Dans la famille Vedel, c'est donc la religion qui conduit à l'hypocrisie : la morale exigeante du vieil Azais contraint tout le monde à lui mentir puisqu'il n'accepte pas que quiconque soit en désaccord avec ses croyances, et Edouard dénonce "l'épaisseur de mensonge où peut se complaire un dévot" dans le même chapitre; pour Armand Vedel, son père "joue au pasteur" (III, 16) tant cette foi devenue son gagne-pain est nécessaire.
Cependant, ces croyances sont remises en question lorsque le pasteur Vedel demande à Dieu dans un journal intime dérobé par sa fille Sarah et qu'elle lit à Edouard, la force d'arrêter de fumer. Edouard s'étonne car Vedel lui a dit avoir déjà arrêté de fumer, Sarah répond : "cela prouve que "fumer" était mis là pour autre chose". A la réaction d'Edouard, "abasourdi", on comprend que Sarah a deviné les penchants de son père, incompatibles avec sa croyance religieuse. (I, 12)
- Les faux semblants
De plus on pourrait dire que le mensonge est bien une maladie. En effet il y a une abondance du mensonge et des faux semblants dans la famille. Armand, par exemple, dira qu’il n’est « sincère que quand il blague », dès lors on ne peut absolument plus savoir où se trouve la vérité. Laura se marie, mais fuit son mariage pour retrouver son amant, et éprouve également des sentiments envers Edouard. Elle restera dans le demi-mensonge permanent. La religion est aussi un sujet entrainant également le mensonge de presque tous les membres de la famille.
On peut donc conclure que le mensonge est présent dans toute la famille Vedel-Azaïs.
- Echo à Gide
Enfin, pour Gide, la famille Vedel-Azais est un moyen parmi tant d'autres d'amener dans son roman une touche autobiographique. Le protestantisme de cette famille est en effet un écho à la vie de Gide lequel est issu d'une famille de la bourgeoisie protestante. De plus, Vedel-Azaïs est une référence à l'Ecole alsacienne dans laquelle il a passé une partie de sa scolarité.
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