La petite Fadette commentaire composé
Par Christopher • 6 Décembre 2017 • 1 472 Mots (6 Pages) • 1 231 Vues
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On s’est bien que Landry s’est retrouvé face à une situation délicate et devant un choix à faire : quitter sa famille et son frère ou bien laisser Sylvinet, qui était plus fragile que lui, s’en aller pour la Priche. Voulant épargner son frère, Landry s’est proposé de partir. Même le sort semblait en convenir suite aux épreuves de la courte-paille et de pile ou face. Il s’agit donc d’un sacrifice de sa part. Il semblerait donc injustifié de le blâmer ou de le qualifier de dure et d’insensible. A fortiori, ce n’est pas Landry qui a choisi de partir sans dire au revoir. Le père Barbeau, voulant ménager Sylvinet et la mère, a jugé plus juste de ne pas les réveiller pour le départ. Ce n’est pas sans un pincement au cœur que le garçon s’est résigné face à cette demande. En effet l’emploi de l’adverbe « bravement » par le narrateur n’est pas anodin. Il connote un sentiment de tristesse et de chagrin admirablement masqué par un stoïcisme apparent. Il est donc évident que l’opposition établit par la mère est erronée. Les deux bessons sont tendres et sensibles. Toutefois, le cadet a une force de caractère lui permettant de faire face aux épreuves et de dissimuler ses peines. Cette séparation tout aussi difficile pour l’un que pour l’autre nous amène à nous questionner sur l’importance de cet évènement pour la suite de l’intrigue et pour l’avenir des bessons.
Ce passage représente le point de départ de l’intrigue. C’est une scène capitale qui scellera l’avenir des bessons. Si l’on examine l’œuvre dans sa globalité, on constatera que tous les évènements postérieurs émanent de cette scène. La métamorphose de Sylvinet en est un parfait exemple. La séparation va faire naître en lui une jalousie à l’égard de son frère. Cette transformation est prévisible quand on connait la fragilité et l’amour inconditionnel que porte Sylvinet pour son besson. Alors que Landry va travailler, découvrir le monde et se faire de nouveaux amis, Sylvinet restera à la maison comme le petit protégé de la famille. La coupure sera donc bénéfique pour l’un mais dévastatrice pour l’autre. En outre, au début du récit, la mère Sagette avait prévenu les parents contre le risque de laisser les bessons s’accoutumer l’un à l’autre. Elle insistait même sur le fait de les différencier sur tous les points. Le destin des bessons étaient en quelque sorte scellé à partir du moment où les parents ont négligé les conseils de la vieille femme. Malheureusement la séparation est venue beaucoup trop tard .Cette scène ne fait que confirmer ce qui a été implicitement prédit dans les premiers chapitres du récit et annonce implicitement ce qui va venir. Ainsi, ce roman champêtre revêt la structure d’un petit conte pour enfant de par la naissance même des deux bessons, mais aussi de par cette prédiction de la mère Sagette et de l’apparition de la petite Fadette qui va introduire la magie, le merveilleux dans l’œuvre. De cette façon, on peut dire que George Sand a accompli sa mission à savoir écrire « une douce chanson, un son de pipeau rustique, un conte pour endormir les enfants sans frayeur et sans souffrance ».
Pour conclure, on peut dire tout d’abord que cette scène nous transmet l’émotion et le déchirement de la mère face au départ de son fils. Une douleur qui l’a conduit à analyser le caractère de ses bessons établissant ainsi une opposition qui n’est pas tout à fait légitime ni représentative des deux adolescents en particulier Landry. C’est une scène également capitale puisque elle représente le mécanisme déclencheur de tous les évènements postérieurs qui vont introduire le personnage féminin à savoir la petite Fadette. Sa présence nous amènera sans doute à revoir le genre de l’œuvre et à considérer celle-ci davantage comme un conte féérique qu’un simple roman champêtre qui mêle le romantisme au réalisme.
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