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Corpus et commentaire

Par   •  10 Septembre 2018  •  1 923 Mots (8 Pages)  •  359 Vues

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Finalement, en quoi ce récit de bataille s'éloigne-t-il de la tradition épique ?

Nous observerons dans un premier temps le tableau que nous offre Stendhal sur la guerre. Puis dans un second temps, cette image que l'auteur donne de Fabrice au lecteur, une sorte d'anti-héros.

I/ Le tableau de la bataille

métonymie

Ce court extrait est une représentation très réaliste de la guerre et donc éloigné du tableau épique. Le point de vue est interne, nous sommes à travers le regard de Del Dongo.

La scène est décrite brusquement et « un frisson d'horreur » l.20 parcours l'échine de Fabrice.

C'est une description brute d'une bataille qui s'offre au lecteur : « cadavres » (l.15 et 19) ; « malheureux blessé » l.29. Il y a une connotation : « malheureux habits rouges qui vivaient encore », le rouge fait référence au sang et les habits aux corps humains, donc les corps presque morts, sont ensanglantés : ce qui renforce l'effet d'horreur. Il y a une métonymie utilisée « habits rouge ».

Le champ de bataille n'est pas dis directement, c'est « une grande pièce de terre labourée » l.14 par la guerre, il est « jonché de cadavres » l.15. Il y a une insistance sur la saleté, mais finalement, c'est comme si la guerre avait fait le ménage : des milliers d'hommes sont tués et l'espace nettoyé.

Le lecteur est quelque peu désorienté en même temps que Del Dongo. En effet nous voyons à travers le regard du personnage et ce dernier est confus « Fabrice ne comprenait pas » l.18 ; « ne faisait pas assez d'attention » l.27. Il est perturbé de cet environnement qu'il n'imaginait pas du tout comme cela.

Cette guerre qu'il voit devant lui ne correspond pas aux attentes de Fabrice qui croyait que cela correspondait aux romans de chevalerie. Il n'est donc pas préparé «se donnait toute la peine du monde pour que son cheval ne mît les pieds sur aucun habits rouges » l.25.

L'auteur vise sur la description de la bataille pour placer un cadre réaliste mais enlève au personnage principal les caractéristique habituelles du héros épique. On parle alors d'anti-héros...

Cet anti-héros est un être étranger, il n'est pas français et l'auteur le met à part dès le début de l'extrait « Fabrice était tellement troublé qu'il répondit en italien » l.2. Stendhal l'enfonce : « une petite phrase bien française, bien correcte », il utilise deux fois « bien » pour renforcer l'idée qu'il est étranger. Mais ce langage bien correcte souligne la différence avec lui et les autres militaires « qui gourmande » l.43, c'est un langage soutenu. Ce dernier est en opposition au langage familier des militaires «bêta ! Ah ça ! » l.47. Le personnage est différent de ses collègues militaires.

Le personnage « ne comprenait pas » l.18 tous « ses habits rouges », il est totalement naïf et finalement ne connaît pas ce qu'engendre la guerre. Fabrice est étranger parce qu'il n'est pas français mais aussi parce qu'il ne connaît rien à la guerre contrairement aux autres militaires.

Le « Pardi ! » de son interlocuteur, donne une évidence à la réponse à sa question : il est un militaire ignorant. Ce militaire en plus d'être étranger et ignorant, est maladroit, il est surnommé péjorativement : « blanc-bec » l.30 ; « bêta ! Ah ça ! Où as-tu servi jusqu'ici ? » l.47.

Il est aussi pathétique, en effet au début de l'extrait il dit qu'il vient d'acheter son cheval, cet homme est ridicule en plus de répondre en italien à son général « l'ho comprato poco fa » l.4.

Le personnage éprouve une certaine pitié pour les blessés à terre : « en regardant un malheureux blessé » l.29 ; « ne mît les pieds sur aucun » l.25 ; « fort humain » l.24 ; « toutes les peines du monde » l.24. Il est le seul à éprouver de la compassion mais cela ne doit pas se faire : la guerre n'est pas le moment où il faut montrer sa pitié pour les blessés. La seule qualité développé chez lui est cette compassion qui est humaine et normal, mais cette qualité doit partir lorsqu'il s'agit d'un champ de bataille.

Il n'a aucune valeur qui soit guerrière. Cette image est aussi renvoyée lors de l'intervention du narrateur à la ligne 8 qui nous implique avec « Nous avouerons que notre héros était fort peu héros en ce moment ». Le narrateur juge Fabrice : il est le héros et personnage principal de l'histoire mais n'est pas le héros de cette guerre. Il n'a aucune valeur guerrière et sait juste éprouver de la compassion : c'est un anti-héros.

Pour conclure, cet extrait nous donne à voir un tableau épique renversé : un champ de bataille « jonché de cadavres » qui sont « vêtus de rouge ». La tradition épique fait briller les actes des héros par leurs combats, mais ici Del Dongo a une seule envie : fuir cette guerre et ses horreurs. Il n'est pas à sa place, il est un parfait anti-héros, naïf, étranger, maladroit qui se retrouve confronté à la réalité de la guerre, bien loin des romans chevaleresques construit à base d'héroïsmes épiques.

Cette rêverie créée par les romans de la part de Del Dongo rappelle la jeune Emma Bovary de Gustave Flaubert qui vit elle aussi dans un monde imaginaire qu'elle s'est créée grâce aux romans à l'eau de rose. Certes non dans le sujet de la guerre mais celui de la passion amoureuse, thème d'une vie extraordinaire qui est traité de la même façon.

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