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Apollinaire, « Photographie » : commentaire

Par   •  20 Septembre 2017  •  1 069 Mots (5 Pages)  •  671 Vues

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c. – Les métaphores suivantes : des images de disparition

Le vers 10, placé au centre du poème, apporte un début de réponse à notre question. La métaphore « la fumée de l’ardeur » révèle que la photographie ne parvient pas à restituer la force de la vie, elle en montre au contraire la disparition. Les métaphores qui suivent vont dans le même sens. Aux vers 12-14, la photo est caractérisée par un manque d’énergie. Dans « Et il y a en toi / Photographie / Des tons alanguis », l’adjectif « alanguis » désigne la faiblesse de la photographie, incapable de maintenir intacte la présence imaginaire de la femme aimée. Le poète joue avec les différents sens du mot « ton ». A son époque, « ton » signifiait encore « force, tonus, énergie » et désignait aussi comme aujourd’hui le degré d’intensité de la voix ou d’une couleur. Aux vers 15-16, la photo est associée à une « mélopée », c’est-à-dire un chant monotone et ennuyeux. Aux vers 16-17, elle est « l’ombre / Du Soleil », autrement dit l’envers de la lumière, le contraire de la vie et de la joie.

Ces métaphores révélant une perte d’énergie permettent de comprendre les images du champignon et des jardiniers endiablés. Le poète parle de l’effet bénéfique de la photogra-phie mais emploie des mots n’appartenant pas au champ lexical de la beauté ou du bien. Il suggère ainsi que le pouvoir évocateur de la photographie n’est pas parfait. Elle a certes rétabli un lien entre Guillaume et Madeleine (v.1-2) mais ça ne dure pas. Le poète crée donc les images du « champignon brun » et des « jardiniers endiablés » pour dire que la présence imaginaire de Madeleine est menacée de disparaître. Plus loin, on saura que la dis-parition est bien avancée grâce à des images moins mystérieuses. Les vers qui rétrécissent vont dans le même sens, ils montrent que le lien avec Madeleine s’affaiblit. Et on peut dire la même chose pour la série : champignon, fumée, ombre, qui va vers des réalités de moins en moins saisissables.[pic 1]

Le poète ne déplore pourtant pas la disparition de celle dont il a ressenti un bref instant la présence. Il dit même que cette disparition est belle, répétant « Qu’est sa beauté » aux vers 5, 11 et 19. C’est tout simplement parce qu’en ne pouvant pas maintenir la présence ima-ginaire de Madeleine, la photo l’inspire, elle lui donne la force de composer un poème.[pic 2]

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