Portrait de Giton - Les caractères - La Bruyère

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C’est un homme auquel tout le monde se soumet. En effet, ses faits et gestes sont suivis et tout le monde agit en fonction de lui. Il considère son entourage non pas comme des égaux, mais comme des êtres dénués de toute épaisseur intellectuelle ou psychologique. Ils ne sont que des êtres sans importance à l’existence fragile. Giton est également un homme pleins d’audace, à l’égo surdimensionné qui ne fait pas attention aux autres et qui se croit supérieur au monde qui l’entoure. En effet, il ne se gêne pour personne et agit comme s’il était le centre du monde : « on ne l’interrompt pas, on l’écoute ». Les seuls attraits de Giton sont le produit de sa richesse. Il se croit donc, grâce à celle-ci, au dessus de toutes règles sociétales ou de tout autre homme. Enfin, c’est un personnage insolent, indiscret, égocentrique et vaniteux.

3) Argus a le teint hâlé, le visage creux, l’oeil instable et la démarche fébrile, lente; il a les épaules serrées . Il ne parle pas ou avec crainte ; ne dit pas ce qu’il sait, et il écoute souvent, avalant toute parole, souriant à toute histoire, ne déniant jamais montrer son désaccord; d’ailleurs il n’en a pas. Argus est rêveur, tête en l’air; il n’a aucune assurance, ni prestance, et personne ne l’écoute. Il abaisse son chapeau sur ses yeux pour qu’on ne le voit pas, garde les yeux baissés et ne les lève jamais à moins de vouloir voir plus haut que lui; d’ailleurs il ne le veut presque pas. Il crache si bas qu’il en vient parfois à se cracher dessus, n’éternue que lorsqu’il est seul et se mouche silencieusement dans le même mouchoir sale. Il ne dort pas; il est plein de compassion pour les autres, leur rend tous les services qu’ils veulent. Ils lui demandent et Argus exécute. Il se règle sur les autres, marche quand les autres marchent, s’arrête quand ils s’arrêtent; il ne tient aucune place, n’occupe aucun espace. Il fait tout pour n’être qu’aperçu, se cache quand on le fixe, se dissimule dans la foule. Lorsqu’on lui propose de s’inviter aux groupes, il ne fait que très peu de politesses, refuse maladroitement, articulant mal. Argus a peur de leurs regards, de leurs jugement; il est plein d’humilité. Pour le peu de choses qu’il dit il ne se fait pas entendre. Il est timide, empathique, patient, chétif, mystérieux sur les affaires du temps. Il n’a aucun talent mais assez d’esprit. Il est pauvre.

4) L’honnête homme, à l’époque classique, est un modèle d’homme "idéal" obéissant aux valeurs sociales, morales et intellectuelles du XVIIe siècle. L’expression est née sous la plume d’auteurs classiques tels que le Chevalier de Méré et Nicolas Ferret. Il doit avoir des valeurs sociales, morales et intellectuelles comme le décrit Nicolas Ferret dans son oeuvre L’honnête homme ou l’art de plaire à la cour. Il a été éduqué dans le monde, façonné par les salons parisiens, connaît l’ambiance de la cour et connaît la littérature. La Bruyère dans son oeuvre Les Caractères - De la mode, désigne l’honnête homme comme un homme de foi. Il sait parfaitement se tenir en société, et fait preuve de nombreuses qualités caractéristiques des bonnes moeurs. Il est galant, charismatique, intègre et courtois. Il sait plaire et brille en société. L’homme honnête a l’amour de sa patrie comme le montre Bossuet dans son oeuvre Oraison funèbre de Louis de bourbon. Il refuse la flatterie, la pédanterie et la préciosité. On retrouve ces caractéristiques dans le théâtre de Molière où les personnages pleins d’excès prêtent à rire et connaissent l’échec alors que les personnages mesurés suscitent la sympathie su spectateur et réussissent dans leurs projets. L’honnête homme est naturellement charmant et sait s’intégrer à toutes sortes de discussion avec élégance et humour, comme le soutient La Rochefoucauld dans ses Maximes. Les femmes le désirent et les hommes l’admirent. L’honnêteté est évidemment l’une de ses grandes qualités. Enfin, il est plein d’esprit bien qu’il ne l’étale jamais, mais sait le montrer lorsque