Le lien entre le portrait des personnages principaux et la philosophie de Victor Hugo dans Les Travailleurs de la mer
Par Matt • 23 Février 2018 • 2 245 Mots (9 Pages) • 780 Vues
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Le troisième portait est celui de sieur Clubin. On est introduit à ce personnage pour la première fois comme un homme qui « avait sur toute la côte un renom de probité sévère » (p. 201) qui est complètement ironique quand on est réintroduit dans le vrai personnage de Clubin dans le chapitre Un Intérieur d’abîme, éclairé qui se situe après le naufrage de la Durande. C’est dans ce deuxième portrait que Hugo nous révèle sa vraie personnalité et expose le discours intérieur de cet abîme, c’est-à-dire l’âme de Clubin. C’est dans ce passage où le motif du masque est le plus exploré en pratique, du sens qu’ici Hugo explore un caractère dont son visage et ses actions et personnalité sont un masque qui cache le vrai caractère de Clubin. A propos de sa philosophie de l’être, ce passage n’est pas une exploration de la relation entre le visible et l’invisible ; il n’est pas une exploration d’une essence de l’être ; mais c’est une exploration du discours intime quand l’âme intérieure et le visage extérieur deviennent un. L’âme vrai de Clubin a été cachée derrière un masque d’hypocrisie depuis trente ans et ce masque d’« hypocrisie avait pesé […] sur cet homme » (p. 334) au contraire du masque d’expression que porte Déruchette qu’elle semble de porter avec aise et il ne pèse pas sur elle car c’est un masque transparent ; c’est tout simplement ce qu’elle est : « c’était Déruchette » (p. 173). Dans le sens du masque qu’ils portent, Clubin est l’antithèse parfaite de Déruchette. Pour lui son masque est un « armure rigide » (p. 334), un prison dans lequel il « était le prisonnier de l’honnêteté » (p. 334), c’est une illusion et « une caverne » (p. 336) dans laquelle il « avait été opprimé » (p. 335). Après sa révélation le personnage de Clubin est libéré et maintenant il peut être le même sur l’extérieur ce qu’il est a l’intérieur et « l’embrasement intérieur de cette âme s’y réverbéra » (p. 333), donc il avait libéré, illuminé et éclairé par ce naufrage. Le naufrage est donc une forme de libération et rayonnement qui démasquait Clubin et qui lui fournit l’extase et la jubilation d’être finalement lui-même. Oui. Mais avec cette jubilation et délivrance il y a l’ironie du fait qu’il est abandonné et c’est totalement illusoire car maintenant, bien que son âme ait été libérée en arrachant le masque qu’il considérait « une caverne » (p. 336) il est dans la caverne de son environnement, « laissé pour mort » (p. 332) et c’est dans cette ‘libération’ qu’il va mourir. Donc on doit poser la question est-il vraiment libre ? est-il vraiment riche comme il dit « Il était donc libre ! il était donc riche ! » (p. 333) ? Comme Hugo dit, le cœur humain est une « fatalité intérieure » et peut-être cela est le cas ironique pour Clubin.
On a vu que tous les personnages de Hugo sont liés par le motif du masque. Ce motif Hugo explore a travers les façons différentes pour expliquer et peindre sa philosophie de l’être. Pour Hugo ce masque peut être celui de l’hypocrisie et qui cache et opprime l’âme vraie et celui de transparence et qui exprime comme un fenêtre sur l’âme. C’est donc quelque chose qui a des deux pôles opposants, ainsi que sa philosophie sur la relation entre le visible et l’invisible de l’homme. Dans ce sens Les Travailleurs de la mer est plus d’un roman d’amour ou un roman d’aventure ou d’odyssée ; c’est une réflexion sur l’âme et sur l’intime de l’homme aussi.
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