Portrait de Laurent Fignon
Par Matt • 7 Avril 2018 • 3 043 Mots (13 Pages) • 616 Vues
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avec de grands coureurs comme Bernard Hinault ou Greg LeMond, le même qui lui fera perdre le Tour de France 1989, il remporte le Critérium International et collabore à la victoire du « blaireau » sur le Tour d’Italie. C’est un équipier qui apprend vite. Il terminera même 15ème du général de cette course, son premier grand Tour - course de trois semaines – ce qui est très rare pour de très jeunes coureurs comme il l’était.
Le Tour de France, il ne tardera pas à la remporter. En 1983, dès sa première participation avant même ses 23 ans il marque un grand coup et s’affiche aux yeux de tous comme la jeune pépite du cyclisme mondial. Les français découvrent cet homme, cet inconnu du grand public réaliser un réel exploit.
Cette performance sera cependant minimisée par un grand nombre de personnes. Bernard Hinault blessé, Pascal Simon ayant abandonné alors qu’il était leader du général, Fignon a en effet profité de ces absences de marque pour s’imposer sur la Grande Boucle.
Pour répondre à ses quelques détracteurs, Fignon, encore une fois, ne tardera pas. Désormais leader de son équipe, il s’impose une nouvelle fois sur le Tour de France en 1984. Il se montre très à son avantage en montagne, parfois même insolent face à ses concurrents directs comme Bernard Hinault évoluant dans une autre équipe. Sa deuxième victoire finale sur le Tour de France laissait alors penser que de nombreux autres allaient suivre. Il n’en fut rien.
Cette année 1984, après 1989, fut la plus aboutie sur le plan sportif. Un titre de champion de France remporté haut la main lui a permit d’arrivée sur le Tour de France en tant que grand favori. Néanmoins, il connut l’échec quelques mois plus tôt lors du Tour d’Italie. Une deuxième place, déjà, qui avait mené à polémique.
L’Italien Francesco Moser, vainqueur du Giro en 1984 a en effet été suspecté d’avoir été aidé par les organisateurs à deux reprises. Tout d’abord en ayant annulé au dernier moment la montée du mythique col du Stelvio lors de la 18ème étape pour cause de neige et de l’Aprica. Or, neige il n’y avait point. Ce fut même un sprinteur qui remporta l’étape jugée à l’origine comme la plus difficile du Tour d’Italie 1984. Deuxième raison évoquée, la présence d’un hélicoptère devant Laurent Fignon lors de l’ultime contre-la-montre afin de le freiner.
Les années qui suivirent furent beaucoup plus compliquées pour « L’intello» comme il était surnommé par le peloton à cause de ses lunettes et de l’obtention du bac. L’équipe Renault-Elf ayant disparue, il court désormais pour la formation Système-U. Il ne participe pas au Tour de France 1985 pour cause de blessure au tendon d’Achille. L’année 1986 pourtant marqué par un succès sur la Flèche Wallonne en début de saison n’est guère plus enthousiasmante. Il abandonne sur le Tour de France et renonce à finir la saison pour de nouvelles blessures.
1987 semble être l’année de la résurrection car il semble enfin débarrassé de ses nombreuses gênes. Et pourtant. Une victoire d’étape sur le Tour de France, une troisième place au général du Tour d’Espagne, certes, mais cela reste bien maigre pour un sportif de son niveau que l’on voyait comme la star du cyclisme mondial suite à ses deux succès prématurés sur le Tour de France.
Un nouveau coureur semble se présenter en 1988. Privilégiant les courses d’un jour, il s’adjuge Milan-San-Remo, Paris-Camembert et termine troisième de Paris-Roubaix. Cependant, il ne s’illustre pas sur les Grands Tour, ceux qui forgent les plus grands coureurs, les plus grands palmarès aussi. Il sera même lâché dans un contre-la-montre par équipe sur le Tour de France, ses coéquipiers roulant trop vite pour lui. Il abandonnera quelques jours plus tard.
A 28 ans, c’est déjà l’âge de faire un premier bilan. Laurent Fignon semble être de ces sportifs réalisant des exploits dès leur début de carrière mais dont la confirmation tarde à venir, voir ne vient jamais. De ces champions qui se laissent emportés par le succès et ne peuvent conserver toutes leurs aptitudes à l’effort, celui la même qui permet de remporter des courses, des titres, bref être grand.
Ce serait se tromper que de penser cela de Laurent Fignon. Monsieur Laurent Fignon. La preuve en est. En 1989, il signera sa plus belle année sportive et terminera premier au classement de la Fédération Internationale de Cyclisme Professionnel au terme de la saison. Plus que sportive d’ailleurs, ce sera l’année qui lui permettra de rester dans les mémoires, de ces années qui vous font devenir grand. De ces années dont les enfants des générations suivantes ont pu découvrir grâce à Jean-Paul Ollivier durant leurs vacances de juillet.
1989 commencera de la meilleure dès manières. Une victoire à Milan-San Remo, puis une revanche prise sur 1984 en s’adjugeant le Tour d’Italie pour la première fois de sa carrière.
Tout est donc réunit pour que Laurent Fignon renoue avec le succès sur le Tour de France. Ce même Tour de France qui voilà maintenant cinq qu’il a remporté pour la dernière fois. Une éternité dans une carrière de sportif. Mais il se passera ce qu’il se passera.
La fin de carrière sera quant à elle plus décevante. Comme si ces huit secondes avaient laissées une trace dont Laurent Fignon ne put jamais se défaire. Un conflit avec son directeur sportif de toujours Cyrille Guimard suite à son non positionnement en tant que leader de l’équipe sur le Tour 1991 l’amènera à changer d’équipe.
Il remporte en 1992 une neuvième et dernière étape sur le Tour de France sous ses nouvelles couleurs de Gatorade. Après avoir abandonné la Grande Boucle en 1993, il décide de raccrocher le vélo au mois d’août suite au Grand Prix de Plouay.
• Un homme atypique
Derrière le coureur se cache un homme. Trop souvent oublié. Il n’est pas exagéré de dire que Laurent Fignon a également construit sa légende avec son terrible caractère. Il a su surmonter des épreuves, répondre aux critiques pour toujours démontrer qu’il méritait d’être reconnu. Et pas seulement pour avoir perdu le Tour de France pour huit secondes.
Tout au long de sa carrière et après, il a su prouver qu’il avait sa place parmi les grands noms du cyclisme mondial. Cependant, certaines rancœurs telles que sa deuxième place sur le Tour d’Italie en 1984 au profit de Francesco Moser dans des conditions douteuses et son échec sur le Tour de France en 1989 l’auront marqué en tant qu’homme.
Avant de devenir professionnel, déjà, Laurent
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