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La place des femmes dans les Faux-Monnayeurs et dans le Journal des Faux Monnayeurs?

Par   •  4 Octobre 2018  •  7 574 Mots (31 Pages)  •  689 Vues

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En vue de répondre à cette problématique, il conviendra dans un premier temps de nous intéresser à l'influence mitigée des femmes qui interagissent dans le destin des hommes, après quoi notre attention se portera sur l'implication des femmes au sein de la confusion des sentiments qui aboutissent sur des débâcle sentimentales. Notre troisième partie sera axée sur le rapport des personnages féminins avec l'argent, symbole des relations humaines, et cela nous diligentera vers une quatrième partie étudiant la relation des femmes avec la liberté, en lien avec leur place dans la société.

En premier lieu, nous pouvons donc porter notre attention sur l’influence mitigée des femmes qui interagissent au sein du destin des hommes. Le roman faisant l’éloge des relations homosexuelles masculines, il est nécessaire pour l’auteur de conférer un rôle secondaire aux femmes et de les peindre en des représentations assez négatives. En effet, la femme semble posséder plus de défaut que de qualité, elle est, globalement, inapte à l’éducation, à l’amour et à la sagesse,ce qui peut-être fait de ce roman un roman misogyne. Cependant, cette idée reste dans le doute, certains personnages féminins n’étant pas dépourvue de qualités et pouvant influencer positivement le destin des hommes qu’elles rencontrent. De ce fait, nous pouvons tout d’abord nous intéresser au cas de Laura Douvier, épouse de Félix Douvier. Si l’on prend en considération l’étymologie latine de son prénom (en sachant que Gide n’a rien fait au hasard), nous pouvons aisément suppléer les principaux composants de la personnalité de la jeune femme qui symboliserait ainsi la dame idéale de l’amour courtois, mais également la femme chaste, inaccessible aimée et idéalisée. Ces qualifications se concrétisent au sein du roman. En effet, le personnage de Laura est liée à celui de Bernard, et leur rencontre va permettre l’évolution de ce personnage masculin, la jeune femme étant un élément déclencheur quant à la découverte identitaire de Bernard, elle va contribuer à l’évolution de ce personnage grâce à l’amour qu’il va lui porter. Par ailleurs, l’amour qu’il lui voue est platonique, sans aucune sexualité et relève de la dévotion, comme le dépeint la citation suivante « Il

[ Bernard ] ne croyait à aucun dieu, de sorte qu’il ne pouvait prier ; mais son cœur était envahi d’un amoureux besoin de don, de sacrifice ; il s’offrait. Son émotion demeurait si confuse qu’aucun mot ne l’eût exprimée ; mais soudain le chant de l’orgue s’éleva. ‘‘Tu t’offrais de même à Laura’’ dit l’ange ; et Bernard sentit sur ses joues ruisseler des larmes ». Ainsi, nous comprenons que Bernard aimait divinement Laura, la percevant comme un être thaumaturge, il va aduler Laura de la façon la plus mythique. De plus, Bernard abdique ses croyances d’adolescent au contact de Laura, et il reconnaît avoir changé auprès d’elle « Je ne me sens plus le même qu’avant de l’avoir connue ». Ce changement est d’autant plus flagrant que, en échange de cet amour qu’il lui voue, il ne demande rien en échange, le simple fait de l’aimer le satisfait. De surcroît, Laura ne va pas se contenter – de façon involontaire – de révéler l’aspect pure et doucereux de Bernard et de le diligenter vers la sagesse, bien plus, elle va également permettre à celui-ci de revoir son jugement quant à son père adoptif, et ce de tel sorte que, en plus de pouvoir désormais « aimer son nom » (de famille, soit Profitendieu)prononcé par la jeune femme et d’avouer qu’il a « mal agi » envers son père adoptif, Bernard reconnaîtra ses torts et finira par retourner sous le toit paternel. Néanmoins, ce personnage de Laura est loin de posséder des aspects uniquement vertueux et débonnaires (bien que ce soit contre son gré qu’elle parvienne à aider Bernard), ce protagoniste rentrant en scène par l’intermédiaire d’une lettre adressée à Édouard où elle lui confie être enceinte de Vincent Molinier qu’elle a rencontré dans le sanatorium, alors que tous deux étaient malade. Cependant cette relation est un échec car tout deux se rétablissent de leurs maladies, et cette guérison s’accompagne de l’effondrement de leur amour, Vincent lui préférant Lady Griffith. On peut également assimilé Laura à une charge, une responsabilité du fait qu’elle soit perçue comme faible (par exemple, elle implore l’aide d’Édouard financièrement, Bernard la secours lors de leur rencontre en l’empêchant de tomber du fauteuil défectueux etc.…), s’apparentant au stéréotype de la femme en détresse. Vincent se sent également responsable d’elle à un moment où il lui propose l’argent qu’il a gagné mais qu’elle refuse, n’y voyant que de la pitié et non de l’amour, après quoi il l’abandonne lâchement pour fuir sa culpabilité. Par ailleurs, Laura est plus ou moins à l’origine de la rupture amicale de Bernard et Olivier qu’elle cautionne involontairement et sans le savoir, Olivier jalousant l’amour que son ami lui avoue pour la jeune femme (en plus de sa présence auprès d’Édouard dont le jeune Molinier est épris) dans une lettre. D’autre part, nous pouvons rattacher le personnage de Laura à celui qu’Édouard évoque dans le Journal des Faux-Monnayeurs lors d’un dialogue avec Lafcadio, soit celui de la petite sœur « - Mieux encore : une petite sœur, délicate de santé, qui aurait besoin de vos montagnes. [….] Songez à ce que serait une sœur ! A ce que vous seriez avec une petite sœur sur les bras, et qui vous aurait dit un jour : « Cadio, mon petit Cadio, depuis la mort de nos parents, tu es tout ce qui me reste au monde…. »

- Je me dépêcherais de lui trouver un séducteur.

- Vous dites cela parce que vous ne l’aimez pas. Mais si elle existait, vous l’aimeriez ».

Ici, l’image d’une femme faible ayant besoin d’un homme pour l’aider transparaît et peut être comparée au protagoniste de Laura. Par ailleurs, on peut aussi y apparenter le personnage de Marguerite Profitendieu, cette dernière ayant également commis un adultère avec un amant de passage, union de laquelle est naît Bernard. Cette tromperie sera découverte par l’enfant adultérin et, comprenant sa bâtardise, ce dernier prendra l’initiative de quitter le foyer et écrira une lettre mensongère à l’égard de son père adoptif où il feint de le haïr. L’éducation du jeune garçon semble donc échouée au vue de son comportement immature adopté à ce moment là (heureusement sa rencontre avec Laura le ramènera à la raison et lui permettra de comprendre les profondeur de la vie et d’acquérir

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