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Bts 1er année NRC Culture G

Par   •  20 Septembre 2018  •  1 866 Mots (8 Pages)  •  465 Vues

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à une caste. Qu’on se réunisse entre aristocrates comme en témoigne Jacques Voisenet ou entre prolétaires dans le passage de Zola, on pratique l’entre-soi, la mixité sociale n’est pas de mise. Aujourd’hui, cet état d’esprit se retrouve dans ce qu’il est commun d’appeler la « jet set », sorte d’« aristocratie » nouvelle qui se reconnaît à l’argent qu’elle dépense et à sa notoriété médiatique ; qu’on ait « mérité » son succès grâce à une authentique carrière d’artiste ou qu’on ait eu pour seule tâche de s’exhiber sous des caméras, tel Steevy Boulay du Loft (sorte de titre de noblesse moderne), on ne se mêle pas aux anonymes. En revanche, on convie volontiers les journalistes de M6 qui pourront immortaliser les louches de caviar, les bains dans une piscine de champagne et l’usage curieux fait actuellement du « don et du contre-don » évoqué par Voisenet. Il est même assez comique d’entendre Laetitia Hallyday nous conter ses angoisses à propos du cadeau qu’elle a prévu pour l’anniversaire d’une de ses relations : un service complet en cristal réalisé en exemplaire unique qui compensera peut-être, du moins l’espère-t-elle, la Harley Davidson que cet ami a préalablement offerte à Johnny…

Cette fonction de distinction sociale, en revanche, semble s’estomper nettement dans les repas festifs du commun des mortels. À l’heure où le travail qu’on accomplit ne reflète plus ni le niveau d’études, ni même les efforts accomplis puisque tous sont aujourd’hui susceptibles de perdre leur emploi à la suite d’une délocalisation pour ne citer que cette technique chère aux entreprises,

on ne juge plus son voisin en fonction de son activité. On privilégie alors d’autres affinités, on se réunit autour de passions, de goûts communs, de sorte que les invités sont souvent issus de milieux sociaux hétérogènes. Cette tendance atteint son expression la plus manifeste dans les repas organisés par les membres de « la confrérie de l’andouille » ou autres associations du même acabit, où le lien qui unit n’est plus l’appartenance à une classe, mais l’intérêt qu’on voue à un aliment quelconque.

Cette mixité sociale apparaît clairement dans une émission proposée par M6 Un dîner presque parfait qui, pendant une semaine, met en concurrence cinq candidats qui devront réaliser un repas évalué sur la qualité des mets, la présentation et l’ambiance. L’enjeu de mille euros est assez faible pour ne pas transformer ce jeu en règlement de comptes et on voit souvent se nouer des liens chaleureux entre des passionnés de cuisine venus d’horizons divers.

La fonction de rupture soulignée par Caillois est plus difficile à évaluer. En effet, dans la mesure où nos repas festifs ne sont plus l’occasion de s’enivrer, de s’empiffrer jusqu’à tomber malade, ils paraissent peu distincts du quotidien. Toutefois, puisque la fête est, selon ce sociologue, le temps délimité où l’on peut se déchaîner sans être jugé, elle est aussi très conservatrice. Les périodes festives ont toujours été organisées par les autorités politiques ou religieuses : on peut s’amuser, festoyer pendant une durée donnée, ce qui, par la suite, permet de mieux rentrer dans le rang et d’être plus docile, puisqu’on a eu l’occasion de se défouler et l’illusion d’avoir renversé l’ordre établi. C’est exactement ce qui se joue chez Gervaise où les faces écarlates des ouvriers repus laissent croire qu’ils sont riches et où le vin devient l’allié quasi biblique du travailleur ; une fois la fête achevée, les convives retomberont pourtant dans les difficultés financières, l’exploitation par des patrons peu scrupuleux et les ravages de l’alcoolisme. Nos repas festifs que Caillois juge émiettés, dispersés, presque moroses, n’obéissent quasiment plus aux diktats des gouvernements et des clergés divers. Certes Noël et le réveillon de la Saint-Sylvestre restent populaires, mais les gens en dénoncent l’aspect de plus en plus commercial et s’organisent d’autres « festins » entre amis qui n’obéissent à aucun ordre venu d’en haut, à aucune date fixée par les autorités. Mieux encore, nous brisons souvent tous les schémas traditionnels du repas de fête. Nos fins de mois sont difficiles ? Peu importe un barbecue, quelques côtelettes et brochettes feront l’affaire, la joie est la même. Nous inventons même le partage des frais : l’hôte se charge du plat principal, les invités apportent qui le dessert, qui le vin, qui le fromage. Il se pourrait donc que nos repas festifs, loin d’imiter de façon pâlichonne les anciens banquets, se révèlent être de nouveaux espaces de liberté que nous gagnons sur les autorités politiques et religieuses, et sur le côté commercial de notre société consumériste.

[On saute une ligne avant la conclusion.]

Si on les compare aux banquets d’autrefois, les repas festifs d’aujourd’hui sont marqués par une diminution notable des quantités de nourriture, de boissons alcoolisées et par un nombre moindre de convives, le tout obéissant à de nouveaux paramètres en matière d’hygiène de vie, de transport et d’habitat. La fonction de cohésion d’une classe sociale, en dehors de quelques exceptions, semble s’être estompée au profit d’affinités plus librement consenties et, si la fête paraît moins clinquante, elle pourrait constituer un signe encourageant d’affranchissement par rapport aux diktats d’autorités politiques ou religieuses et à ceux du consumérisme [bilan et réponse à la problématique posée dans l’introduction]. Il est souvent de bon ton d’évoquer avec nostalgie les grands festins d’autrefois si chaleureux, si conviviaux, alors que notre « vilaine société moderne » serait le lieu d’un individualisme forcené, mais n’oublions pas que la générosité du seigneur de Trêves passait par l’achat d’un esclave et que, dans les banquets révolutionnaires du XIXe siècle, les femmes étaient disposées comme des potiches aux fenêtres. Sommes-nous prêts à revenir à de telles pratiques pour retrouver « la bonne chaleur » d’autrefois

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