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Science et littérature

Par   •  11 Octobre 2018  •  1 366 Mots (6 Pages)  •  396 Vues

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Dans La vérité scientifique, BOUTY affirme : « La science est un produit de l’esprit humain, produit conforme aux lois de notre pensée et adapté au monde extérieur ». Cet esprit humain maître de science, André MAUROIS croit qu’il peut être tempéré par un autre de ses produits : l’art. Il faut entendre par art une autre façon de conquérir le monde en le recréant, en proposant des modèles variés à travers la peinture, le cinéma, le sport, la littérature et les autres formes d’expression. L’art a ainsi une fonction essentielle de régulation de notre esprit puisqu’il nous permet de fuir, dans la distraction, la pression du monde, la monotonie et l’absurde ou le regard d’autrui.

Plus encore la littérature – ensemble des œuvres écrites visant un but esthétique – à travers ses genres : roman, poésie et théâtre, permet un rééquilibrage mental et peut « mettre de l’ordre dans le monde intérieur » de l’homme. Comme la science sur le plan matériel, la littérature intéresse le côté spirituel ; elle a deux fonctions essentielles : observer les disproportions naturelles ou artificielles de ce monde et proposer un chemin plus sûr à l’humanité.

On peut penser aussi au romancier Victor HUGO à propos du Dernier jour d’un condamné où l’auteur défie tout seul une pratique séculaire de la société : la peine de mort et les autres injustices sociales. Elles sont nombreuses ces œuvres de contestation, où le sort de l’homme est défendu et protégé par ces écrivains, que André MALRAUX appelle les « inquiéteurs » des pouvoirs.

Si on s’arrête aussi à Jacques PRÉVERT, on voit bien qu’en plus de dénoncer les grandes gangrènes de nos sociétés, celles qui tuent l’homme et le dévalorisent – enfant, femme ou vieillard – il prophétise aussi des lendemains nouveaux et plus prometteurs. C’est « le temps des noyaux », ces « paysages changeurs » de demain, ce « quartier libre » ou le soldat ne salue plus son chef, ou encore cet enfant qui échappe à la meute des honnêtes gens de l’orphelinat.

Et ce demain sera celui où le cancre sera l’élève le plus heureux de la classe, où le rêveur – élève Hamlet, deviendra par un tour d’esprit le maître de son professeur, et où enfin, la salle de classe s’écroulera pour laisser les enfants en liberté. Tous ces poèmes de Paroles nous montrent un idéal, un paradis peut-être trop grand, ou trop loin de nous, ou trop parfait de liberté, d’amour et de vie. En attendant ces hypothétiques réalisations, on peut toujours en rêver. Jean GIONO n’a-t-il pas dit que « l’écrivain doit être un professeur d’espérance » ?

Et puis ce monde imaginaire reste la seule arme morale qui peut arrêter la frénésie avec laquelle la science et ses corollaires conduisent le monde des hommes à l’autodestruction et au désastre, par l’explosion, l’affrontement des passions et des idéologies.

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Au terme de cette longue analyse, il devient évident que la science telle qu’on la perçoit a envahi toute notre vie pour l’expliquer, au point que l’on parle même d’une science de l’homme. Cela est aussi vrai qu’elle nous aide en mettant à nos pieds la farouche nature déjà conquise. Pourtant, l’esprit humain toujours avide de conquêtes a besoin d’être modelé, guidé et averti par une autre forme de connaissance qui est l’art, et plus encore la littérature. André MAUROIS dit que les deux sont indispensables ; nous ajouterons qu’ils sont inséparables pour l’homme de notre temps.

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