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Question sur les Faux-Monnayeurs

Par   •  13 Novembre 2018  •  1 204 Mots (5 Pages)  •  438 Vues

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des autres personnages du roman. Il a une forte présence dans le roman. Tous les deux ont le même statut social, tous deux sont rentiers, issus d’un milieu aisé. Ils partagent également une éducation protestante stricte et une orientation sexuelle (l’homosexualité) que Gide prête à Edouard. Ainsi que certains éléments autobiographiques (La Pérouse est inspiré du professeur de piano de Gide; école alsacienne). Ce sont aussi deux écrivains et ont des préoccupations similaires, des « questions de métier ». Comme sur l’énonciation à propos de l’épisode du vol du livre, anecdote véridique racontée par Gide dans son journal (FM,I,11 et JFM p42). Ils partagent aussi les mêmes convictions esthétiques comme leur refus du réalisme considéré comme une impasse artificielle et leur rêve d’un « roman pur ». Il existe aussi des similitudes entre les deux journaux : jeu de miroir (Edouard se réjouit d’avoir pu écrire au matin de sa nuit passée avec Olivier (III,12 / Gide le signale pour son roman dans son journal en date du 7 décembre 1921). De plus, Gide reconnaît lui-même qu’Edouard est une extension de lui-même (JFM, 1 novembre 1922 « personnage d’autant plus difficile à établir que je lui prête beaucoup de moi »). Et naturellement, tous deux écrivent un roman intitulé Les Faux-Monnayeurs ce qui accentue le dispositif spéculaire.

Gide prend ses distances vis-à-vis d’Edouard, selon son habitude de considérer ses personnages comme s’ils agissaient indépendamment de sa volonté, de manière autonome. II le juge sévèrement : dans le chapitre VII qui clôt la deuxième partie, le narrateur passe en revue les personnages et dit qu’Edouard « [l]’a plus d’une fois irrité » (FM, II, 7). Dans le JFM, p.67, il écrit qu’Edouard est un « raté », un « amateur » et il programme son échec : « ce pur roman, il ne parviendra jamais à l’écrire ». Plus tôt (p. 61 aout 1921) il dit qu’il « bluffe ». En fait, tout se passe comme si on avait affaire à un double en trompe-l’œil, comme si Gide cherchait une fois de plus à égarer son lecteur sur une fausse piste. Ils ont également des conceptions romanesques différentes. Gide part de deux faits divers pour écrire son roman (JFM p.22 16 juillet 1919 « je crois qu’il faut partir de là, sans chercher plus longtemps à construire »), Edouard, lui, y renonce à la fin du roman, incapable qu’il est de comprendre le suicide de Boris. Son désir de «roman pur» l’amène à vider le roman de toute substance, de sorte que son projet n’est qu’une chimère. Le seul extrait de son œuvre, porté à la connaissance du lecteur par l’intermédiaire de Georges à qui il le fait lire dans le chapitre XV de la troisième partie, n’est pas convaincant et frappe par l’artificialité de son style. Ce passage peut être lu comme un pastiche de Gide. L’auteur semble osciller entre identification et distanciation à l’égard de son personnage. Edouard n’est pas l’unique double potentiel et imparfait de Gide : l’écrivain se projette aussi dans d’autres personnages du roman comme Boris, Bernard ou encore Olivier. Il y a surtout une différence essentielle : Gide parvient à créer son roman au contraire d’Edouard qui finalement échoue trop occupé peut-être à expérimenter la vie. Edouard ne représente plus qu’une voix, certes essentielle dans le dispositif polyphonique de Gide.

Edouard est important dans ce roman de par sa complicité et son importance auprès des autres personnages, il joue un rôle clef en reliant entre eux les différents fils de l’intrigue et ses personnages. Mais il a également un rôle symbolique de par le fait qu’il soit la représention peut être de l’auteur dans son roman, et pose donc la question d’une auto fiction.

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