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Nuit rhénane, Guillaume Apollinaire

Par   •  5 Décembre 2018  •  1 288 Mots (6 Pages)  •  1 167 Vues

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Lorsque le poète évoque que les femmes doivent « tordre leurs cheveux », symboliquement on pense à la réalisté qui se tord.

Le poète tente donc de reprendre le contrôle comme le soulignent les impératifs (« chantez, mettez »). Il oppose au « râle-mourir » mot valise inventé, le chant et la danse. Il espère ainsi chasser la chanson du batelier : « que je n'entende plus ». Mais ce combat semble vain : la chanson envoûtante du batelier continue à se faire entendre : « la voix chante toujours ». Les femmes semblent se moquer du poète puisque le poème se termine « dans un éclat de rire ».

Le dernier vers est isolé comme mis en valeur et le jeu de mot semble clair : le « verre » brisé et en fait le « vers brisé », le vers poétique. En effet le poème semble inachevé puisqu'il ne manque qu'un vers pour que le poème compose un sonnet.

II / Le pouvoir de la poésie

A/ Un poème comme une incantation

Une incantation est une formule magique qui vise à produire un sortilège. Apollinaire semble donc utiliser son poème comme une incantation.

Certains mots reviennent comme un refrain : « verre » x2, « verts »x2, homonymes de « vers ». On trouve également la famille du mot chant : « chanson, chantez, chant, chante » mais aussi « incantent » (latin cantare = chanter).

Le poème est construit selon une structure circulaire qui rappelle la ronde (danse en forme de cercle). Le poème démarre et se termine par « mon verre ».

Plusieurs chants semblent se superposer : celui du poète, celui du batelier, celui des destinataires du poème (désignés par la 2ème personne du pluriel et à travers les impératifs) et même celui des fées/sirènes. Ce sont donc des voix surnaturelles qui semblent l'emporter, le sortilège semble s'accomplir.

B/ La volonté de sublimer le réel

C'est la fonction même de la poésie : sublimer le réel c'est-à-dire le rendre esthétiquement beau, meilleur qu'il ne l'est. « Mon vers est plein » désigne-t-il le trop plein d'inspiration. Enivré, le poète est envahi d'une ivresse inspiratrice : une ivresse d'alcool mais aussi de mots.

Le surnaturel enchante même la réalité pour le poète à tel point qu'il crée des mots nouveaux : « trembleur », « râle-mourir », le verbe « incanter ». Et évidemment pour Apollinaire cette création est aussi synonyme de forme nouvelle (vers et strophes irréguliers) comme l'illustre l'ensemble du recueil.

Enfin, l'ivresse poétique, la création poétique permet au poète d'aller plus loin et de sublimer ce qu'il voit comme s'il passait dans un autre monde. On ne peut s'empêcher de penser à Charon à travers le batelier. Le poème reprend ici le motif antique du poète comme être inspiré et prophète, capable de lire l'invisible. La poésie lui permet donc d'accéder à cet au-delà.

Apollinaire célèbre donc la création poétique et semble appeler à la poésie : il s'adresse directement à son destinaraire (2ème personne du pluriel) et semble enjoindre le lecteur à ne pas rester passif et à participer à la construction du poème : « Debout ». les impératifs « Ecoutez, chantez, mettez ». Apollianire cherche donc à démocratiser la poésie, comme non réservée à une élite. Le lecteur est donc invité à participer à cette ronde de la poésie.

Ccl : poème complexe qui a plusieurs niveaux de lecture : délire du'ne nuit d'ivresse, lyrisme, légende allemande, univers angoissant et célébration de la poésie.

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