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Le jardinier et son seigneur, la Fontaine, 1668

Par   •  20 Janvier 2018  •  1 159 Mots (5 Pages)  •  599 Vues

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Toute la progression du récit est donc organisée pour montrer à quel point, une fois la machine de destruction mise en route, il est impossible d’arrêter cette fatalité du malheur. On n’est pas loin là d’une petite tragédie, vu l’aspect inéluctable du malheur provoqué par une puissance supérieure, ici le seigneur, et l’impossibilité de la victime, ici le jardinier, à lutter efficacement contre cette fatalité! L’ironie tragique étant ici que c’est le jardinier qui est à l’origine de son propre malheur.

Une morale critique. Resumez la morale attendue, de l'histoire. A quelle transposition procède en fait le fabuliste? Comment l'expliquer?

On peut donc assister à une critique virulente du pouvoir en place, qui est d’abord sociale, puis plus généralement politique. Sociale d’abord, avec la critique des pouvoirs seigneuriaux et leurs privilèges. À commencer par la critique des privilèges, comme ici la chasse à courre. Seul le seigneur est à même de chasser, c’est-à-dire que le jardinier, même si ce n’est pas pour son plaisir ni pour le loisir, ne peut chasser le lièvre hors de chez lui. Il doit recourir au seigneur. Ce qui paraît immédiatement absurde, puisque sans l’aide du seigneur, le jardinier aurait sûrement pu se débarrasser sans problème du lièvre en le tuant (ou par d’autres moyens), mais comme il lui est interdit, c’est ce privilège qui va provoquer la situation finale du récit. Le deuxième privilège critiqué est celui des seigneurs à pouvoir passer n’importe où à cheval, afin de montrer leur « domination » sur le reste de leurs sujets. C’est pour ça que le seigneur se réserve le droit de passer sur le jardin du bourgeois sans aucun état d’âme, et accélère sa destruction. La Fontaine cherche aussi à critiquer les abus de pouvoirs des nobles, comme ici avec le seigneur. En effet, « invité » chez le bourgeois à une partie de chasse, celui ne se gêne pas, et prend son aise : il profite de la fille du jardinier, mange comme un ogre (« on se rue en cuisine » et s’approprie tous les biens que possède le petit bourgeois. La Fontaine critique aussi la réalité de la vie paysanne. En effet, on s’aperçoit vite que même si le jardin paraît être un bien précieux du jardinier, il appartient en fait au seigneur. Cette réalité est rappelée par la formulation « demi – bourgeois, demi – manant » qui insiste donc sur le paradoxe de la vie du tiers état : même s’ils possèdent un bout de terre, celui-ci n’est pas réellement le leur. Le paysan n’est donc qu’un sujet asservi, qui ne peut contester le pouvoir en place. On peut l’observer grâce aux réactions du bourgeois lors de la partie de chasse (il trouve par exemple étrange d’utiliser des cors et des trompettes alors qu’ils sont dans un petit jardin, il ne voit pas non plus l’intérêt du seigneur à venir en cheval dans son jardin, sinon à détruire encore plus le jardin), mais ses réactions n’ont aucune influence. C’est en spectateur passif que le jardinier assiste à la destruction de son jardin. Enfin, le fabuliste cherche aussi à critiquer le système politique avec cette fable, comme le montre la morale, qui vient clore à propos ce que le lecteur a déjà compris, à savoir, que la politique doit chercher à éviter les abus, gérer les problèmes seule et se fixer des limites (les lois). Or, ce principe n’est pas respecté, bafoué par la plupart des princes et rois de l’époque. C’est donc un avertissement lancé aux dirigeants, dans ce siècle de guerre et d’affrontements sanglants.

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