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La Fontaine cas

Par   •  21 Février 2018  •  1 523 Mots (7 Pages)  •  361 Vues

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justifier le meurtre de l’agneau. (transition)

II. L’argumentation du loup contre le plaidoyer de l’agneau

A - Un narrateur faussement objectif

Le narrateur raconte l’histoire au passé (imparfait vs passé simple = temps du récit) + emploi du présent de narration (« survient », v.5) pour mettre une action en évidence + présent de vérité générale pour la morale (v.1)

Veut paraître objectif : « nous l’allons montrer ». Il annonce une démonstration logique.

Mais la logique est faussée d’emblée par le double sens des trois expressions « raison », « le plus fort », « la meilleure »

Le narrateur est en fait omniscient il sait que le loup a faim et le présente à l’aide de périphrases négatives comme « un animal plein de rage » (v.8), « une bête cruelle » (v.18). Par ailleurs, l’allitération en « t » au vers 9 « tu seras châtié de ta témérité » accentue l’agressivité du loup.

La voix du narrateur nous prépare au dénouement de l’histoire, à la mauvaise foi du loup et traduit donc une argumentation indirecte dissimulé sous les traits du récit court autrement dit la fable ici.

B - Argumentation du loup : parcours argumentatif organisé

- Des arguments matériels. C’est d’abord un fait matériel qu’il reproche à l’Agneau : "troubler [son] breuvage" (v.7). Le chef d’accusation est présenté clairement pourtant l’interrogatoire porte sur la personne et non sur les faits reprochés: "Qui te rend si hardi [...] ", « ta témérité ». L’agneau est jugé d’emblée et c’est un jugement de mauvaise foi (Un agneau n’est pas caractérisé par son courage = ironie). Le Loup n’attend même pas la réponse de l’Agneau : il l’a déjà condamné sans appel, comme le marque le futur : "Tu seras châtié"(v.9).

Le Loup n’écoute pas la justification de l’Agneau : il reprend son accusation du vers 7, dans une phrase courte et fortement affirmative- en trois mots : "Tu la troubles" v .18.

- Des affirmations fausses et calomnieuses. Puis le loup quitte le domaine des préjudices matériels qu’il prétend subir pour lancer une autre accusation tout aussi calomnieuse ("tu médis" v.19)

- Une conspiration contre le loup. Le possessif "vos" du vers 25 et les pronoms personnels « vous » soulignent le nouvel objet d’accusation du loup prétendant une conspiration « anti-loup » de la part des moutons (les moutons régneraient sur un peuple de "bergers" et de "chiens"). Cependant, il ne révèle pas ses sources: il se contente d’une formule indéfinie ("on me l’a dit" v.26). Ce « on », pronom indéfini, qui ne désigne personne marque bien la fausseté de la logique du Loup. Cette fausse logique que le Loup essaie de rendre vraie avec une succession serrée de liens logiques aux vers 22, 23 et 24 : « donc », « donc », « car ».

→ Sous les apparences d’une logique implacable, c’est bien à la démonstration la plus parfaite de la mauvaise foi que nous avons affaire, le fabuliste dénonce ici la paranoïa et la mauvaise foi des tyrans. Rien ne saurait entraver l’argumentation ridicule du loup, pas même un plaidoyer solide et rigoureux fondé sur la raison.

C - Le plaidoyer de l’agneau (ou l’inefficacité de la raison)

L’argumentation de l’Agneau est à l’opposé de celle du Loup. En nombre de vers, elle équivaut à peu près à celle du Loup mais la répartition des répliques est bien différente. L’Agneau essaie de répondre à trois reprises aux menaces du Loup. Si le Loup montre sa domination grâce aux alexandrins, l’Agneau, quant à lui, répond essentiellement avec des octosyllabes : cela montre son respect, sa crainte, son infériorité.

- Une petite plaidoirie qui vise à convaincre. La première fois (v.10-17), il construit une vraie plaidoirie. Sans agressivité, avec une politesse respectueuse, il s’adresse au Loup à la 3e personne, reconnaît sa toute-puissance ("Sire","Votre Majesté"). Le Loup, quant à lui, tutoie l’agneau → il est hiérarchiquement supérieur. L’Agneau prouve avec logique et raison son innocence. Arguments d’ordre rationnels, voire scientifique « vingt pas » v.15

- Une innocence vaine (inutile, sans effet). Sa deuxième réplique est beaucoup plus courte : deux vers seulement sous la forme d’une question - sûrement pour ne pas braquer davantage le Loup contre lui. L’impossibilité matérielle ainsi que ses arguments concrets lui constituent pourtant un alibi imparable : "je n’étais pas né". En rappelant son extrême jeunesse, "je tète encore ma mère" (v.21), il met en avant, implicitement, sa complète incapacité de nuire → Inefficacité de la raison.

Sa dernière réplique, sous la forme de quatre monosyllabes, « Je n’en ai point », est à peine esquissée. L’Agneau ne cherche plus à construire son plaidoyer, il perd pied devant les attaques hargneuses du Loup qui lui confisque

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