Le buffet, Rimbaud
Par Matt • 11 Octobre 2018 • 1 907 Mots (8 Pages) • 529 Vues
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Vieux objets
En outre, le vieux meuble est associé à de vieux objets, devenus inutiles mais pourtant conservés. On trouve ainsi un champ lexical de la vieillesse avec l’évocation de personnes âgées« grand mère » (8), « cheveux blancs » (10), d’objet ayant un aspect fané : « linge jaunes » (6), « dentelles flétries » (7), « fleurs sèches » (10) et démodés : « chiffons », « dentelles », « fichus ».
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Charnière du poème
La strophe 3 commence par un tiret (qui peut symboliser une rupture, une différence par rapport à la strophe 2 et un conditionnel : « on trouverait » qui constitue la charnière du poème : en effet, le poète ne parle plus de ce qu’il voit vraiment mais de ce qu’il imagine : il rêve sur ce que le buffet pourrait contenir.
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Deux buffets
Deux buffets semblent alors se superposer : strophes 1 et 2 = buffet réel, qu’il voit et décrit, ce n’est pas le sien (absence de déterminant possessif de 1ère personne) alors que dans les strophes 3 et 4, ce buffet réel le fait penser à un autre buffet, le sien, dont il connaît par conséquent le contenu.
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Passé symbolique strophe 3
Le passé est visible mais les objets portent la trace du passé concrètement dans la strophe 2, soit de manière symbolique dans la strophe 3 où ils sont des souvenirs qui rappellent les moments passés (cf. « cheveux » coupés pour garder le souvenir des personnes, « médaillons » et « portraits » qui représentent ces personnes, « fleurs séchées » qui symbolisent un événement (mariage par exemple).
Le meuble est donc une métaphore de la mémoire. Il contient un fouillis d’objet tout comme notre mémoire qui contient pêle-mêle des souvenirs qu’on ne parvient plus forcément à mettre dans l’ordre.
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III Un poème qui offre une réflexion plus large sur le vieillissement des êtres et des choses et sur la fragilité de notre mémoire
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1) Une éloge de la vieillesse…
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Vieillesse valorisée
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Adjectifs et hyperbole
La vieillesse, dans ce poème, est perçue de manière positive. Elle est mise en valeurs grâce à des adjectifs mélioratifs : «cet air si bon des vieilles gens » (2), ou encore des hyperboles « comme un flot de vin vieux » (4)n
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comparaisons
On remarque aussi des comparaisons entre le vieux buffet ou ses vieux objets et un parfum agréable. « verse dans son ombres […] des parfums engageants » (3-4), « des fleurs sèches dont le parfum se mêle à des parfums de fruits » (11)
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Des vieux objets qui ont une valeur affective
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Affection et respect
Ces objets sont vieux, désormais inutiles pourtant ils révèlent une dimension affective car ils apparaissent comme de véritables témoins. Ils racontent l’histoire de leur propriétaires disparus et en gardent une trace. Le buffet et son contenu appellent donc au respect, perçu notamment au début du deuxième tercet avec le « ô » lyrique. et génère une forme de nostalgie.
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Héritage concret et suggestif
Le buffet est un héritage familial concret, à travers les objets qui sont présents à l’intérieur mais aussi suggestif, que le narrateur ne connaît pas. Rimbaud exprime cette idée dans son dernier tercet lorsqu’il apostrophe le buffet en lui disant « tu sais bien des histoires, / et tu voudrais conter tes contes »
Le poème incite ainsi à méditer sur l’écoulement du temps et la possession des choses.
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2) Mais aussi une réflexion sur la fragilité de la mémoire
La trace que le buffet conserve du passé est fragile
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Des anciens possesseurs qui deviennent flou
Les souvenirs s’effacent en effet peu à peu avec le temps. Certes le buffet conserve des objets souvenirs, mais qui sont devenus anonymes.
Pour souligner ce fait, le poète ne recourt à aucun nom d’homme ou de femme à qui un objet du buffet appartenait. Il emploi à la place des termes indéfinis pour parler des anciens possesseurs de ces objets : « de femmes », « d’enfants », « de grands-mères » (7-8). A la ligne 7, à travers la conjonction « ou », Rimbaud nous montre qu’on ne sait même plus si les chiffons ont appartenu à des femmes ou a des enfants.
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Impossibilité de livrer des secrets
Cette anonymisation des objets montre une incapacité du buffet
Les souvenirs sont en désordre, mal rangés dans le buffet comme dans la mémoire (cf « fouillis » (5), « se mêle » (-11).
Et comme le buffet ne peut pas parler (le conditionnel « tu voudrais conter » (13) marque cette impossibilité de réaliser cette volonté),
il ne peut que montrer ce qu’il contient même s’il le fait de manière solennelle, en « ouvrant lentement ses grandes portes » (14).
On peut donc en éprouver une certaines frustration car il lui est impossible de livrer tous ses secrets.
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l’arrivée de la mort
La chute du sonnet semble alors évoquer la lente mais implacable arrivée de la mort : les portes du buffet (qui sont sa bouche) s’ouvrent, mais il n’en sort aucune parole, seulement le silence et l’obscurité. Cette fois-ci, plus fort
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