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La violence au théatre

Par   •  11 Novembre 2018  •  2 492 Mots (10 Pages)  •  579 Vues

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les passions coupables sont punis par le destin, se voit délivré, purgé des sentiments inavouables qu’il peut éprouver secrètement. Aristote (IVe siècle av-JC) dit dans le chapitre 6 de son ouvrage Poétique » : «La tragédie (...) est une imitation faite par des personnages en action et non par le moyen de la narration, et qui par l’entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation des émotions de ce genre.» Mais pour que cette catharsis soit possible, il faut que les personnages soient en imitation des passions humaines. Pour Aristote le meilleur exemple est Œdipe Roi, de Sophocle. Dès lors, pour les théoriciens du classicisme, le théâtre adopte une valeur morale. Ce terme sera alors employer en psychanalyse (Freud) et plus largement encore en psychothérapie, même si cette mécanique cathartique a longuement été discutée, notamment par les dramaturges du XVIIe siècle. Effectivement pour Racine la notion de catharsis a une valeur morale, qui doit être représenté par la virtuosité de l’écriture. Dans la préface de Phèdre il dit : « [...] les moindres fautes y sont sévèrement punies ; la seule pensée du crime y est regardée avec autant d’horreur que le crime même ; [...] et le vice y est peint partout avec des couleurs qui en font connaître et haïr la difformité. C’est là proprement le but que tout homme qui travaille pour le public doit se proposer ; et c’est ce que les premiers poètes tragiques avaient en vue sur toute chose. ». Corneille s’appuie sur les réaction du public après la représentation du Cid, pour se forger un opinion. Dans l’un de ses discours sur la poésie dramatique il dit « Cette pitié nous doit donner une crainte de tomber dans un pareil malheur, et purger en nous ce trop d’amour qui cause leur infortune et nous les fait plaindre ; mais je ne sais si elle nous la donne, ni si elle le purge, et j’ai bien peur que le raisonnement d’Aristote sur ce point ne soit qu’une belle idée, qui n’ait jamais son effet dans la vérité ». Aujourd’hui diverses réinterprétations poétiques de la notion cathartique continent d’intriguer les dramaturges contemporain.

Ainsi la représentation théâtrale de la violence permet d’établir une peinture de la réalité et de l’Homme, elle permet de témoigner de la violence du monde. Même si elle présente de nombreux avantages pour l’Homme, il faut tout de même considérer ses aspects moins conventionnels.

Effectivement le théâtre classique répond a un ensemble de règles inspirées du théâtre antique. Ces règle sont connues sous le nom de règles des trois unités et furent érigé par l’abbé d’Aubignac, même si elles sont apparues bien avant. A juste titre du respect de la vraisemblance et de la morale, l’acteur ne doit pas choquer le spectateur. De ce fait la présence de sang sur la scène, la violence et l’intimité physique sont exclue lors de la représentation théâtrale sur scène. Tout événement pouvant apparaître comme choquant pour le spectateur doit se dérouler hors de la scène et être rapporté aux spectateurs sous la forme d’un récit. C’est pour satisfaire cet ordre que la règle de bienséance a été fondée. Cette règle énonce qu’il est interdit au dramaturge de montrer des scènes choquantes aux spectateurs (qui sont souvent issus de la haute noblesse et vivent à la cour du roi au XVIIe). Boileau le résume de la sorte dans un passage de son ouvrage « Art Poétique » : « Ce qu’on ne doit point voir, qu’un récit nous l’expose : Les yeux en le voyant saisiront mieux la chose ; Mais il est des objets que l’art judicieux ; Doit offrir à l’oreille et reculer des yeux. » Le théâtre est fait pour divertir, c’est un lieu de convention où les gens vont se détendre en regardant une pièce de théâtre. Il est donc important qu’il n’en ressorte pas déboussolé et choqué par des actes violents qui ont eu lieu sur scène. En effet assister à une scène de violence peut avoir des répercussion importante chez le spectateur qui peut éprouver alors un sentiment permanent de peur, d’échec, de phobies, d’insomnie et bien d’autres conséquences ayant un impact sur sa qualité de vie. Même si cette règle de bienséance est dans la majorité des cas respectée, quelques auteurs y font exception comme dans Andromaque de Racine, ou l’on assiste au suicide de Phèdre et à la folie d’Oreste.

La représentation de scènes de violence au théâtre peut aussi engendrer quelques excès qui pourraient nuire à la crédibilité de la scène où engendrer quelques soucis de censure. Effectivement une trop grande efficacité ruine le spectacle en le faisant dérape. Habituellement la tragédie suscite un deuil intense vécu intimement par le public, mais dans certaines pièces, ce sentiment devient insupportable. Ce fut le cas avec l’auteur de tragédie grec Phrynichos qui écrit sa plus célèbre pièce en -493 ; La prise de Milet. A la suite de de cette représentation, le public a fondu en larme, ce qui par ailleurs empêche de voir et d’entendre. Phrynichos fut donc condamné à payer une lourde amende pour avoir rappelé les malheurs du peuple. De plus lors de la représentation d’une scène violente sur scène, la feinte et le trucage sont obligatoirement utilisés car il n’est pas possible de ruer, torturer ou violer sur scène à l’exception de quelques pièces de Shakespeare où la violence est montrée brutalement par des combats et des assassinats sur scène. Dans le cas d’actions faussés, si le trucage rate, il peut susciter le rire. En effet dans la préface de Saül écrite en 1705, l’abbé Nadal explique les raisons pour lesquelles il a renoncé à une scène évoquant la mort, car il avait peur que l’effet fasse sombrer sa tragédie dans la farce. Un des derniers défauts que peut apporter la représentation de la violence est que même si le trucage réussit parfaitement au point que la violence feinte provoque le même choc qu’une violence vraie, le spectateur risque de s’interroger sur les moyens employés pour créer l’illusion, et ainsi se détacher du spectacle. Certes ce n’est qu’un petit détail, mais qu’il faut prendre en compte.

De plus, le théâtre a pour but primaire de divertir, nous pourrions donc nous demander pourquoi ne pas se limiter à cette fonction et éviter de montrer des scènes choquantes. En effet le théâtre peut avoir une visée didactique. Il permet de dénoncer et de critiquer le monde réel en représentant la réalité et ses horreurs. Une pièce de théâtre montre ce que l’Homme a fait et ce qu’il est capable de faire, en montrant les conséquences que peut engendrer la violence. Cela peut permettre au spectateur de se révolter contre la cruauté

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