L'imaginaire dans le Malade Imaginaire, Molière
Par Raze • 21 Septembre 2018 • 2 004 Mots (9 Pages) • 810 Vues
...
Le second intermède ou Beralde essaie de calmer la colère et pour divertir Argan plusieurs Egyptiens pour des danses ainsi que des singes. Molière emprunte ce genre de ballets pour les chorégraphies et certains thèmes[2]. Il sert à aider Argan à sortir de l’emprise de la médecine et des médecins, à casser ce pouvoir illusoire de sa maladie. L’apport des Egyptiens apporte cette cote imaginaire dans la pièce car ils n’appartiennent pas au quotidien de la vie du bourgeois qu’est Argan. Ils appartiennent plus au monde pastoral ou à l’imaginaire d’Argan, d’où leur manque de noms et d’identités formelles. Une fois encore, cet intermède implique le faire semblant, et les costumes, créant ainsi un monde irréel. Le spectacle est conçu non seulement pour l’audience au théâtre mais également pour les personnages dans la pièce, dont Argan et Beralde.
Suite aux intermèdes, il y aussi les travestissements des personnages qui sort de l’ordinaire. Le jeu de rôle est un élément récurant de l’écriture de Molière. Les personnages se travestissent généralement pour apprendre ou dire la vérité.
Louison, la benjamine de la famille, simule un malaise afin d’échapper au courroux de son père. Elle fait semblant de mourir et sait pertinemment que cela l’inquiètera car il hurle : ah ! Malheureux, ma pauvre fille est morte. Qu’ai-je fait, misérable ! (acte2, sc. viii) (Moliere, 1673)
En effet, Toinette se déguise en médecin afin de donner un autre diagnostic de celui de M. Purgon qui a su traumatiser Argan. Elle essaie de détourner l’attention d’Argan de ces médecins qui font tout pour le ruiner, son corps et sa fortune. Elle use de tout pour paraitre convaincante quitte à exagérer sur son âge : j’ai quatre-vingt-dix ans (Moliere, 1673). Cependant cette imaginaire a une raison d’être car Molière s’en sert pour ridiculiser une fois de plus les prétentions des médecins.
Dans l’acte 3, Argan simulacre sa mort afin de connaitre les vrais sentiments de sa famille a son égard. Il découvre avec désarroi que Beline se réjouit de sa mort et ainsi montre son véritable visage. Mais est touche de voir que sa fille Angélique se culpabilise en le croyant mort et va même jusqu’à renoncer à son mariage avec Cléante, pour se faire pardonner. Ainsi, les jeux de l’apparence tendent à créer une illusion qui finalement sert à dévoiler la réalité des choses.
La cérémonie des Médecins quant à elle, est une autre illusion et en même temps un dénouement heureux de la pièce. Elle donne la réplique au Prologue tout en parodiant les cérémonies de remises de diplômes. Beralde se défend de « s’accommoder aux fantaisies » d’Argan quand Angélique lui reproche d’en faire trop. La scène se fait en pompe avec toute une assemblée d’apothicaires et de docteurs, de chirurgiens pour ajouter cette touche de réalité a toute la séance. Argan se soumet à l’examen pratique et est « reçu » a la faculté de la Médecine. Suite à laquelle tous les médecins et chirurgiens se prosternent devant lui.
Outre le fait d’être un moyen de divertissement, cet ultime intermède sert encore une fois à ridiculiser la médecine et les médecins. Molière étant lui-même malade lors de la présentation de la pièce fait état de l’imposture des médecins. Si l’on se réfère aux noms proposes aux médecins dans la pièce, on retrouve cet élément de l’imaginaire car les noms sont farfelus : Purgon, Diafoirus, Fleurant. Et dans cette scène, il s’en prend non aux médecins mais à la médecine même, car il relativise cette cérémonie à une pratique presque religieuse, à un rituel hors de l’ordinaire avec les vers en latin et les prosternations et danses.
Cependant, l’imaginaire joue un rôle prépondérant dans l’ouverture au monde réel car il sert de début. Effectivement Molière se sert de l’illusion mais référentielle afin de renvoyer le spectateur a la réalité de la situation. Il fait le spectateur voyagé tout en gardant les pieds sur terre et rire tout en se reconnaissant dans cette satire humaine qu’il démontre dans la pièce. Ainsi, Argan sort de l’imaginaire lorsqu’il se montre très préoccupé par rapport aux dépenses qu’il encourt suite à sa maladie : oui, Monsieur Fleurant, ce n’est pas tout que d’être civil, il faut être aussi raisonnable, et ne pas écorcher les malades. (Moliere, 1673).
De plus, Molière nous fait part du réel par rapport à la situation d’Argan car il exhibe sa colère et sa peur de mourir, ce qui est aussi ce que nous tous êtres humains redoutent un peu. L’inconnu nous fait peur et ainsi Argan retourne à la réalité avec ce sentiment. Apres le second intermède, Argan sait qu’il a été dupé par les médecins, car il a accepté de vivre dans ce monde imaginaire qu’il à lui-même crée et où il est aussi heureux. Malgré la bonne santé dont il jouit, il se laisse croire malade et dans son hypocondrie, entraîne toute son entourage qui en souffre. Ne serait-ce le stratagème de sa domestique Toinette et de son frère Beralde, il serait peut-être ruine par la médecine.
Donc, on peut percevoir que le monde irréel existe dans la dimension de la réalité car les deux mondes de complémentent. Molière utilise les deux mondes afin de créer cette farce pour démontrer la satire et les l’impuissance des humains face a des personnes sans scrupules. L’imaginaire coexiste avec le monde réel dans cette belle farce qu’est Le Monde Imaginaire.
---------------------------------------------------------------
...