Fiche de lecture - Philippe Buc - Rituel politique et imaginaire politique

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En outre, le contenu des sources, avec la description des rituels, pose aussi problème. A l’époque carolingienne, au IXème siècle, se déroule une augmentation des sources écrites en raison des réformes de l’éducation initiées par Charlemagne. Cette augmentation de traces écrites permet une augmentation des témoignages liés aux rituels. Ces témoignages comportent alors des rituels qui deviennent l’objet de controverses selon les auteurs, selon leurs croyances et le but de leurs œuvres. Les rituels mentionnés alors dans un esprit partisan constituent alors un important outil de propagande. A l’inverse, il pourrait y avoir une forme de contre-propagande, amenant débats et une imagination propre à l’opinion de chacun des auteurs. Ainsi, cet imaginaire destiné à des fins politiques amènent la formule de « l’imaginaire politique » utilisée par l’auteur de l’article. De plus, en dehors du fait que le problème pourrait se situer à l’origine même de la source, il pourrait aussi provenir de l’interprétation de ces sources par les historiens, différant selon leurs connaissances et le but recherché dans leurs futures œuvres dont l’étude contenue serait basée sur ces sources citées précédemment.

De plus, Philippe Buc considère que même dans le cas où l’on considérait les sources sur les rituels comme fiable, la question de l’efficacité des rituels pour le maintien de l’ordre notamment demeurerait. En effet, pour que les rituels politiques parviennent à maintenir un ordre social, il faudrait que ceux-ci contiennent une participation sincère de la population. Pour cela, il faudrait compter sur une absence d’hypocrisie de la part des participants, c’est-à-dire une absence totale de différence entre une personne dans sa sphère privée et la sphère publique. Cependant, cette hypocrisie existant bel et bien au Moyen-Âge, il en découlerait des rituels manipulés avec des participants au cœur hypocrite. Ainsi, si l’hypocrisie et le mensonge ne découlent pas de la source mentionnant le rituel, ils pourraient provenir du rituel lui-même, hypocrite et manipulé.

Dans cet article, Philippe Buc nous expose donc ses arguments quant à la limite des analyses des rituels politiques médiévaux à travers multiples exemples de la période du IVème au XIème siècle, des débuts du christianisme en empire romain jusqu’à la fin de la dynastie carolingienne. Il est intéressant de voir un avis se questionnant sur les méthodes de travail des historiens, les méthodes étant ce qui constitue la racine de l’analyse et le traitement des sources laissés à l’historien, le permettant de nous proposer son étude. Cela en fait la pertinence de l’article. Cependant, on note que malgré le fait que Philippe Buc dit évoquer dans cet article les rituels dits « médiévaux », son analyse concerne uniquement la période allant du IVème au XIème siècle, à savoir une période ne correspondant pas à toute l’époque médiévale. Le terme « médiévaux » serait alors ici bien réducteur par rapport à la période visée.