Imaginaire des travailleurs sociaux
Par Ramy • 4 Mai 2018 • 5 763 Mots (24 Pages) • 614 Vues
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Géraud parle d’ « un effet de personnalité des travailleurs sociaux » (p29)
Même si l’on peut trouver à redire concernant la méthodologie de projet, néanmoins, celui-ci peut être porteur de changement en étant « instituant ».
« Dans cette vision du projet, le contrôle de l’institué, de ce qui est établi, est relégué à plus tard, il n’est pas premier. C’est l’instituant (ce qui est créé par le corps social) qui prime. » (p31)
Géraud parle donc de « double nature » pour le projet.
Le projet « boîte à outils » :
Evolution du social : aujourd’hui = cadré. Il y a rupture avec l’ancien modèle.
« Ainsi dépendant du projet, le TS est, de plus en plus, un « technicien » ». (p32)
« L’autre danger, c’est de générer les difficultés pour justifier un poste, une fonction, un financement… L’écueil est important si l’on n’y prend garde. » (p33)
Géraud évoque un « effet pervers » de la méthodologie de projet qui est celui qu’il faille à tout prix faire aboutir, finaliser celui-ci. De ce fait, si le projet ne parviens pas à cela, il y a manquement et le sujet lui-même peut être tenu pour responsable (tout comme le TS).
Géraud souligne l’importance d’un diagnostic initial avant la mise en place de tout projet, quel qu’il soit afin qu’il y ait une pertinence dans l’action.
Le projet « issue de secours » des TS ?
Deux sens possibles à « issue de secours » selon Géraud:
- Soit un moyen de s’échapper des contraintes institutionnelles et « d’améliorer la relation avec l’usager » (p35) ; du coup, prise en compte de la situation globale pour plus d’efficience dans l’action → pb : le tps !
« Faute de s’inscrire dans un processus identifiable par les décideurs, les cadres, l’étape consistant à appréhender l’individu dans un contexte, une histoire, est perçue comme une perte de temps, un excès de « psychologisme ». Or le temps, et d’autant plus que l’action est individuelle, est le moyen de conserver de l’humanité, d’intégrer la personne au cœur du dispositif de construction du projet. » (p35)
Ce type d’approche dite « traditionnelle » permet également le travail en partenariat et donc une « transversalité » par rapport à la situation.
Cette « transversalité » bien qu’utile peut être un « habillage » sans réelle concertation. (rattachée à la pluridisciplinarité)
Le projet = « fil rouge » dans les missions des TS bien souvent. Bcp de projets en cours parfois, Géraud parle de « boulimie du projet » dans certains établissements.
NB : Par rapport au projet au sens noble (a priori) voir JP BOUTINET (1990).
- Soit une façon de se distancier dans la relation à l’autre
Pour l’usager, la finalité du projet = y arriver, c’est la fin qui prime.
Pour le TS, c’est aussi le moyen qui compte.
« L’utilisation de moyens, de processus communs, contribue bien à l’unification du groupe des TS, par une sorte de « modélisation du regard ». On peut d’ailleurs craindre […] une « normalisation, une uniformisation du regard », tant cette méthode se propage à tous les groupes socioprofessionnels. On peut s’interroger sur cette uniformisation des méthodes, du commercial au social. Ne parlet-on pas déjà de « vendre le social » ? » (p38)
Les cadres de l’intervention, les missions :
Le cadre du travail social renvoie à de la technicité, à un souhait de rigueur pour faire valoir une image positive et une justification du travail mené (manquement aux origines du travail social).
Dimension « marketing » par la méthodologie de projet où les résultats doivent être présents.
« On entreprend alors des démarches qui, pour susciter l’adhésion, sont basées sur une approche du public proche de celle des stratégies commerciales. » (p.39)
« C’est une des caractéristiques de l’évolution du travail social depuis une vingtaine d’années : il doit pouvoir être évalué, au grand dam des travailleurs sociaux. » (p39)
Ce cadrage légitime les nouveaux métiers du social mais Géraud explique que cela est différent pour les AS et les ES : « la technicisation est une rupture avec leur identité. » (p40)
Comme l’activité est désormais définit par des missions, le TS entre forcément dans ce « cadre technicien. »
Dans les institutions où travaillent les TS, « tentation » d’aller vers une objectivation de l’intervention du TS mais « l’approche subjective » reste dominante.
- Les « formes » de l’intervention professionnelle :
Pour Géraud, l’intervention sociale = « protéiforme », « objet irrégulier, fragmenté ». Cette irrégularité peut s’expliquer « entre un espace formel et un espace actanciel, un « dire » et un « faire ». » (p40).
Géraud met en évidence que l’articulation entre « dire » et « faire » n’est pas aisé et le « dire », pourtant intelligible, peut ne pas être applicable.
Géraud évoque les temps de réunion qui instaurent un « dire » qui devance un « faire » à venir. « Ce dire » traduit plus d’une intention, une adhésion à un projet, une équipe, une vision du « faire comme il faut », qu’une perception précise des actes qu’il va induire. Il devra être adapté, modelé dans la pratique. » (p41)
Dimension religieuse du travail social = « ancêtre commun » du clan ». (p41), « lien originel ». Géraud parle de « ciment » qui peut aussi être « l’éthique (ou la morale) ».
Entre ascétisme et hédonisme :
Evocation de l’ascétisme car les TS prennent en compte les besoins vitaux des usagers et il n’y a pas de place au luxe, au superflu. Mais difficulté de définir réellement ce qui est « vital » ? Du coup, qui décide et comment décide le TS ? (souplesse ou rigueur ?). « L’ascèse n’est pas uniforme mais polymorphe » (p42).
Idée proche de «
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