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Dissertation Madame Bovary, le livre sur rien

Par   •  25 Avril 2018  •  1 224 Mots (5 Pages)  •  549 Vues

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: elle rêve d’un idéal qu’elle n’a jamais connu. Flaubert met en évidence l’insatisfaction chronique de même que l’ennui désespérant qu’Emma cherche à combler dans le rêve à travers les nombreux symptômes psychosomatiques décrits au neuvième chapitre de la première partie. Flaubert présente la dépression d’Emma à travers les cinq sens et ce, avec synesthésie : « Mais c’était surtout aux heures des repas qu’elle n’en pouvait plus, dans cette petite salle au rez-de-chaussée, avec le poêle qui fumait, la porte qui criait, les murs qui suintaient, les pavés humides ; toute l’amertume de l’existence lui semblait servie sur son assiette, et, à la fumée du bouilli, il montait du fond de son âme comme d’autres bouffées d’affadissement ». La dépression que vit Emma la pousse au bovarysme (terme inventé par Jules de Gaultier) qui est une sorte d’échappatoire à la réalité qui pousse l’homme à créer une image de sa vie faussée et embellie ; un mensonge tragique nécessaire à l’acceptation de son destin. Le bovarysme d’Emma est très représentatif du « rien » de Flaubert car parce qu’elle ne parvient pas à obtenir ce qu’elle veut, elle est obligée de rêver sa vie, sinon celle-ci serait un néant.

Toutefois, nous ne pouvons pas dire qu’il ne se passe rien dans le roman, car ce serait oublier la satire qui y prône avec un sarcasme acerbe. Nous remarquons cela, en ce qui concerne la vie réelle d’Emma et celle qu’elle s’est imaginée. Son existence est en effet des plus médiocres alors qu’elle rêve d’une vie de luxe et de passion. Il y a eu quelques rares occasions où elle est parvenue à effleurer son rêve, comme quand « quelque chose d’extraordinaire » arriva dans sa vie, « elle fut invitée à la Vaubyessard, chez le marquis d’Andervilliers », ou quand elle a assisté à l’opéra. C’est une satire de Flaubert, car Emma est endettée, mais elle trouve quand même le moyen de faire Charles céder à ses caprices. En outre Madame Bovary n’est pas un « livre sur rien » car le romancier fait aussi la satire des mœurs de province, via des personnages comme l’apothicaire Homais, qui se prend pour un homme supérieur à tout, ou encore l’amant Léon qui va exercer son métier ailleurs, car puisque c’est un homme, il en a le droit. Qui plus est, tout au long du roman, Flaubert fait la satire de Charles qui se contente de sa médiocrité et qui stagne socialement et professionnellement. D’autre part l’auteur fait aussi une caricature des comices et des repas à l’auberge du Lion d’or qui sont tous deux gargantuesques.

Ce que Gustave Flaubert voulait faire, c’est « un livre sur rien » car selon lui « les œuvres les plus belles sont celles où il y à le moins de matière. […] C’est pour cela qu’il n’y a ni beaux ni vilains sujets et qu’on pourrait presque établir comme axiome, en se plaçant au point de vue de l’Art pur, qu’il n’y en a aucun, le style étant à lui seul une manière absolue de voir les choses».Cette affirmation de Flaubert est révélatrice de sa conception de l’art. Certes, la longueur des descriptions, la lenteur de l’action et l’inanité des rêveries d’Emma pourraient laisser penser que Flaubert a choisi volontairement des personnages médiocres, un village banal et un sujet quotidien pour ne s’intéresser qu’au style et à la forme mais il fait aussi la satire de cette époque où la richesse et le paraitre ont une place prépondérante. Ainsi nous pouvons nous demander si le roman de Flaubert n’est pas en fin de compte l’histoire du réel, c’est à dire le surgissement d’un éternel ennui ?

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