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Devoir 3 cned Relation maître-valet 2016

Par   •  1 Juillet 2018  •  2 455 Mots (10 Pages)  •  715 Vues

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La tirade d'Arlequin est intéressante car elle nous révèle les pensées du valet par rapport à lui-même, à son maître, mais aussi au reste du monde. La première didascalie, l.14 « se reculant d'un air sérieux » est en opposition avec l'air léger qu'il avait d'abord adopté en « riant ». De plus, on apprend qu'il s'éloigne physiquement de son maître avant de parler, une distance qu'il va également créer de par ses paroles. Ce qu'on remarque d'abord dans cette tirade, c'est qu'il va soudainement se mettre à tutoyer son maître, renversant alors les rapports de domination et soumission. Cela marque une coupure dans la scène puisque jusque-là, la relation maître/valet avait été respectée malgré l'insolence du valet. Arlequin va également insister à plusieurs reprises sur le fait que cette relation est passée, révolue l.14 : « Je l'ai été […] j'étais ton esclave ». Il renie son maître avec force, créant une opposition entre « Athènes » où il était lui-même esclave, et « ici », où Iphicrate va le devenir. Aussi, le valet va prouver son indulgence l.14,15 : « mais va, je te le pardonne ; les hommes ne valent rien. ». Arlequin veut, ici, montrer qu'il se maîtrise, il lui pardonne car selon lui les Hommes ne valent rien ; il veut donc se placer au-dessus des Hommes et ainsi au-dessus de la réaction rancunière qu'un Homme pourrait avoir. Le présent de vérité général « les hommes ne valent rien » prouve bien l'image très négative que le valet se fait de la société, image qu'il dépeint à nouveau lorsqu'il dit, l.21 : « Tout en irait mieux dans le monde, si ceux qui te ressemblent recevaient la même leçon que toi ». Le but visé par Arlequin n'est donc pas seulement de faire souffrir son maître, c'est de lui faire comprendre ses erreurs. Sa souffrance n'est qu'une arme à la leçon de morale. Cependant, la répétition des mots « juste » et « justice » nous font penser que cela consiste également en une vengeance personnelle qui ravit le valet : « Eh bien ! Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi ; on va te faire esclave à ton tour ; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice-là ; tu m'en diras ton sentiment, je t'attends là. Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable ; tu sauras mieux ce qui est permis de faire souffrir aux autres ». Ses phrases sont clairement marquées d'un ressentiment puissant et nous font douter de la sincérité de son pardon ; même si l'on peut remarquer une ponctuation très neutre tout au long de son discours. Il termine sa tirade par une expolition « Adieu, mon ami ; je vais trouver mes camarades et tes maîtres. » qui lui permet d'insister sur le nouveau statut d'esclave d'Iphicrate. Suite à cela, les didascalies nous apprennent qu'Arlequin « s'éloigne » tandis qu'Iphicrate est « au désespoir, courant après lui, l'épée à la main » ; on trouve ici le paradoxe de la situation : l'esclave s'éloigne et le maître lui court après, c'est donc l'esclave qui est indépendant et le maître qui a besoin de ce dernier et non pas l'inverse. Cependant, affolé, Iphicrate essaye tout de même de rétablir leur relation par l'épée, prêt à tuer son valet pour l'outrage qu'il a commis. C'est cette réaction qui contraste les personnages : Arlequin est calme et se maîtrise tandis qu'Iphicrate est passionné et s'emporte vite. La dernière phrase de la scène établie définitivement la nouvelle relation maître valet l.26 : « Doucement ; tes forces sont bien diminuées, car je ne t'obéis plus, prends-y garde. ». Par-là, Arlequin fait comprendre à Iphicrate que pour se prétendre maître, il faut qu'au moins une personne reconnaisse son autorité, et puisque ce n'est plus le cas, ce dernier ne peut plus être considéré en tant que tel.

Ainsi, dans l'extrait de la première scène, Arlequin a largement réussi à se déclaré indépendant. Pourtant, l'arrivée d'un nouveau personnage dans la deuxième scène va encore plus marquer cet affranchissement.

L'arrivée de ce nouveau personnage au début de la scène suivante, va nettement influencer les personnages. Tout d'abord, les didascalies nous indiquent que Trivelin va commencer par faire désarmer Iphicrate avant de donner l'épée à Arlequin : l'épée constitue une métaphore, c'est le pouvoir, la domination qu'il prend des mains du premier pour la mettre dans celles du second. De même, apprenant qu'Arlequin n'a pas vraiment de nom, il va lui proposé d'échanger son identité avec celle de son maître : « Eh bien ! Changez de nom à présent ; soyez le seigneur Iphicrate à votre tour ; et vous Iphicrate, appelez-vous Arlequin, ou bien Hé. » or à cette époque, l'identité est la seule chose à laquelle tient le rang social. Ces changements, opérés par Trivelin, amusent beaucoup Arlequin, qui retrouve l'humeur enjouée qu'il avait au début de l'extrait de la scène 1, comme l'indique la didascalie « sautant de joie ». La légèreté de la scène permet donc davantage le registre comique que dans la scène 1 où le ton était grave. Ainsi, le comique de mot apparaît plusieurs fois en ce début de scène dans les répliques d'Arlequin, notamment l.43 : « il m'appelle quelquefois Arlequin, quelquefois Hé. » et 45 : « Oh diantre ! Il s'appelle par un nom lui ».

Aussi, le personnage de Trivelin a également une influence sur Iphicrate : ce personnage qui tenait l'un des rôles principaux lors de la scène précédente, s'efface dès l'entrée de Trivelin. Il n'aura droit qu'à deux répliques très courtes dans cette dernière partie de l'extrait, l.31 : « Punir l'insolence de mon esclave » et l.52 : « Maraud ! », cette dernière révélant le sentiment de trahison qui traverse Iphicrate. Face à Arlequin seul, Iphicrate avait une chance de retrouver son statut, mais face à Trivelin et à tous ces insulaires, cette chance disparaît et avec elle le personnage du maître.

Ainsi, le personnage de Trivelin, qui apparaît dans cette nouvelle scène, a non seulement une influence importante sur le comportement des deux autres personnages, mais aussi sur la pièce en elle-même, puisqu'il permet de retrouver un registre comique.

On a donc vu que les liens qui unissent un maître à son valet peuvent être corrompus par plusieurs facteurs : tout d'abord, une situation en la faveur du valet, mais aussi le type relation qu'ils entretiennent

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