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Commentaire sur la scène d'exposition mariage de Figaro

Par   •  3 Novembre 2018  •  2 258 Mots (10 Pages)  •  543 Vues

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comique est présent notamment grâce aux interactions entre Suzanne et Figaro aux sujets de la chambre qui leur est accordée par les maîtres. Les liens entre les valets et les maîtres sont d’ailleurs typiques de l’époque. En effet, la toute-puissance du Comte est présente dans cette scène, il veut notamment rétablir le droit de cuissage qui est honteux alors qu’il l’avait aboli. L’évocation de ce droit représente une critique de la noblesse et de cette ancienne pratique seigneuriale. De plus, le Comte représente un obstacle au bonheur de Figaro et Suzanne, en effet, car il « courtise » cette dernière et veut faire appliquer le droit de cuissage contre le gré de la servante. Le Comte Almaviva représente donc un élément perturbateur, le spectateur le comprend lorsque Suzanne explique à Figaro que « c’est sur (sa femme) qu’il a jeté ses vues », il représente donc un problème pour le bonheur du couple. Nous apprenons ces informations par le biais de la double-énonciation à travers les explications entre les deux fiancés et on assiste à une présentation de ce Comte qui apparait comme frivole et infidèle. Par ailleurs, nous pouvons constater que le Comte Almaviva dont il est question dans cette scène est absent ce qui permet de créer un effet d’attente pour les spectateurs. Nous pouvons donc constater que le Comte exerce son pouvoir et fait pression sur Suzanne pour obtenir ses faveurs. La critique des maîtres qui abuse de leur pouvoir envers leurs servants et notamment les servantes illustre les inégalités qui sont présentes dans la société d’ordres et qui sont combattues par les idées des Lumières. Cette scène et la pièce plus en général critique donc aussi le statut des femmes asservies, notamment par le biais de Suzanne qui est confrontée au Comte et à sa volonté d’appliquer le droit de cuissage. Par ailleurs, la chambre accordée se trouve au milieu de la chambre de la Comtesse et de celle du Comte, elle symbolise donc l’aliénation des serviteurs à leurs maîtres accepter cette chambre revient à accepter la dépendance vis-à-vis de ces derniers. De plus, la chambre est à « demi-démeublée » ce qui représente le statut modeste des valets. En plus de cela, Figaro est totalement dévoué à son maître certainement par peur comme on peut le voir lorsqu’il dit « me voilà rendu », ce dévouement est un trait traditionnel du valet. Nous pouvons donc constater que les serviteurs sont aliénés à leurs maîtres.

En plus de cette aliénation envers son maître, Figaro est naïf et ne comprend pas les enjeux qu’il y a avec l’acquisition de cette chambre. En effet, il ne comprend pas les intentions de son maître lorsque Suzanne tente de lui faire comprendre. Figaro apparait comme un personnage naïf, en effet, il considère la « dot » donnée par le Comte à Suzanne comme un cadeau et ne se rend pas compte qu’il est en train d’acheter les faveurs de cette dernière et veut appliquer le droit de cuissage. Pour lui l’acquisition de cette chambre est intégralement positive, il ne voit que l’aspect pratique de l’acquisition de cette chambre car elle se trouve à mi-chemin entre celle de la Comtesse et celle du Comte et qu’ils peuvent entendre les sonnettes. Au contraire Suzanne y voit un piège et sait ce qu’elle risque en acceptant cette chambre, nous pouvons notamment le constater lorsqu’elle dit qu’ « en deux pas il est à (sa) porte et crac, en trois sauts », ce qui sous-entend que dès que Figaro ne sera pas là le Comte fera des avances très insistantes à Suzanne. Pour tenter d’expliquer la situation à son futur mari, elle adopte un ton didactique tel un maître qui rappelle son élève à l’ordre, elle lui dit qu’il « faudrait (l)’écouter » et lui enseigne la situation notamment lorsqu’elle utilise la formule « apprends » pour l’informer, c’est elle qui mène la scène. Nous pouvons aussi le car elle connait les intentions du Comte alors que Figaro n’en a aucune idée et ne comprend pas quand Suzanne tente de lui expliquer. De plus, lorsque Suzanne reprend avec humour et ironie les mots de Figaro en disant « zeste, en deux pas il est à ma porte, et crac, en trois sauts… », elle veut essayer de lui faire comprendre les réelles intentions du Comte lorsqu’il leur laisse cette chambre. Suzanne mène donc clairement le jeu pour plusieurs raisons de ce fait, le spectateur s’attend donc à ce qu’elle mène de front ses prochaines affaires.

Malgré le fait que Figaro soit naïf et que Suzanne tente de lui faire comprendre la situation, il est flagrant dans cet extrait que le couple est amoureux et que le mariage occupe une place importante dans la scène. Tout d’abord, nous remarquons que le mariage se situe au centre de la scène avec l’évocation des mots tels que « noces », « époux », « dot », « mariant », « mari », « fiancée », toutes ces évocations connotent le fait que le couple de valets est central dans l’œuvre. De plus, nous pouvons constater que les deux valets sont amoureux notamment par le tutoiement, mais aussi par la métonymie employée par Suzanne « l’œil amoureux » pour désigner Figaro. Leur relation est aussi mise en avant par le biais de termes affectueux comme « ma charmante » pour désigner Suzanne. Par ailleurs, nous pouvons aussi remarquer qu’il y a tout un jeu autour du baiser à la fin de la scène qui connote tout le badinage amoureux qu’il y a autour de cette scène. En effet, Figaro demande un « petit baiser », puis Suzanne lui donne et après Figaro lui « court après », les acteurs doivent donc reproduire cette sorte de petit jeu qu’il y a entre les deux amants. Pour finir l’amour entre les deux protagonistes est aussi représenté par des gestes affectifs, on remarque notamment que Figaro « prend les mains » de Suzanne et « l’embrasse », cet amour est aussi représenté par des mots tendres et l’emploi de pronoms possessifs tels que « ma charmante », « mon fils », « ma petite Suzanne » qui font apparaitre un couple complice.

Cette scène remplit donc sa fonction de scène d’exposition, en effet, elle présente le cadre, les personnages principaux et l’action mais elle nous donne aussi les informations nécessaires pour comprendre l’intrigue de la pièce. De plus, elle indique la tonalité de la pièce, c’est-à-dire une comédie et le spectateur comprend les enjeux de la pièce. Par ailleurs, cette pièce est ancrée dans son époque car de nombreuses problématiques évoquées dans cet extrait mais aussi dans la pièce plus généralement sont celles de l’époque des Lumières qui remettent en cause les traditions de l’Ancien Régime. Le rôle de la scène d’exposition au théâtre est finalement le même que le rôle de l’incipit dans un roman.

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