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Commentaire le mariage de figaro, Acte III, scène 5.

Par   •  3 Juillet 2018  •  1 968 Mots (8 Pages)  •  749 Vues

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- Le comte se répand en reproches de trahison et de vénalité, puisque Figaro n’a pas cédé. Le Comte exprime son regret d’un passé parfait avec l’adverbe « autrefois » et la valeur absolue de « tout » (l. 8). Il reproche sa vénalité à Figaro « Combien la comtesse t’a-t-elle donné ?» et recourt à l’ironie dans l’antiphrase « belle association ». Figaro se défend d’une manière parfaitement rhétorique, qui cache le mensonge. Il reprend par antithèses tous les éléments du Comte (l.8-9) :

« autrefois » ≠ « maintenant »

« tu » ≠ « je »

« me » ≠ « vous »

« disais » ≠ « cachais »

« tout » ≠ « rien »

Il rappelle son honnêteté passée comme une preuve de son dévouement avec l’antithèse « t’a-t-elle donné » (.10) ≠ « me donnâtes-vous » (l.11), encore à travers une question rhétorique. Mais ensuite Figaro annonce fermement ses droits en ménageant et en flattant le Comte. En effet il passe de l’appellation habituelle « Monseigneur » (l.4-11) à « Votre Excellence » (l.22). La manière dont il présente le poste qu’on lui offre : « gratifié », « joli sort » et le superlatif « fort » va également dans le même sens. Il renonce à sa jeunesse aventureuse et palpitante : « étrenné », « nouvelles », « intéressantes », au profit d’une maturité casanière, frappée au coin du bon sens populaire (voir les références dans les lignes 24 ou 42).

- La relation de confiance n’opérant plus entre les personnages, leur affrontement devient social.

- Le comte revient sur les stéréotypes du valet de comédie pour en accuser Figaro. Il lui reproche des expédients inavouables en une répétition d’expressions redondantes : « du louche en ce que tu fais », « une réputation détestable » (voir la force de la forme exclamative), « jamais aller droit ». On peut remarquer la valeur hyperbolique ou absolue des circonstanciels « cent fois », « toujours », « jamais ». L’antithèse dans « cent fois » ≠ « jamais » l.17 insiste de manière hyperbolique sur la critique du rôle du mauvais valet. Cependant on peut remarquer que ces reproches sont généralisants et ne reposent sur rien de concret!

- Figaro se défend dans une dimension collective, (l. 11 – 20) représente tous les valets dont les défauts ne sont liés qu’à la condition sociale. Il recourt encore aux impersonnels : « on » pour reprendre « tu », « l’homme » pour reprendre « tu » ; et au présent de vérité générale pour devenir un simple représentant d’une classe malmenée (oppose la « réputation » que lui reproche le comte à la valeur réelle dans le Tiers Etat : « vaux plus qu’elle » l. 16). Figaro critique l’Ancien Régime en mettant en valeur les difficultés du Tiers-Etats pour se faire une place dans la société. Il y a une énumération croissante de verbes d’action « presse », « pousse », « coudoie », « renverse », accompagnée d’une gradation croissante qui insiste sur la difficulté à s’intégrer dans la société et la nécessité de lutter pour pouvoir réussir. La construction de propositions très courtes, ne comportant que le sujet et le verbe, insiste également sur la même idée. La métaphore « le reste est écrasé » montre que ceux qui n’ont pas réussi à s’insérer dans la société n’existent même plus ; l’antithèse « arrive qui peut » ≠ « le reste est écrasé » traduit la guerre sans merci et la violence de cette jungle.

- En critiquant la politique, chasse gardée de la noblesse, il dénonce en creux les défauts de toute la caste : Le chiasme « d’ignorer ce qu’on sait, de savoir tout ce qu’on ignore » et « d’entendre ce qu’on ne comprend pas, ne point ouïr ce qu’on entend » souligne le côté hypocrite de la noblesse. Il s’agit d’une définition très négative de la politique de l’Ancien Régime. Nous avons ensuite une énumération des actions des nobles qui évoquent la bassesse et l’absence de légalité : « amollir des cachets » (amollir la cire pour ouvrir les messages et les lire sans que cela ne se voie), « intercepter des lettres » (violer les correspondances privées), « jouer bien ou mal », « répandre des espions », « pensionner des traîtres » : il y a une critique virulente et une vision très péjorative de la politique. Figaro insiste sur les seules tâches que les nobles effectuent : « ne point ouïr ce qu’on entend », « paraître profond », « tâcher d’ennoblir », « tailler des plumes », ce sont des tâches totalement anodines et leur fonction dans la politique ne se résume qu’à cela, cela souligne donc l’inutilité de la politique de l’Ancien Régime. L’antithèse « paraître profond » ≠ « vide et creux » montre que le milieu noble, c’est en fait un monde où l’on fait semblant en se servant uniquement des apparences.

Éléments pour la conclusion : La relation conflictuelle entre un maître et son valet se traduit ici par un dialogue rempli de fourberies et de nombreux reproches mutuels. Figaro n’est qu’un valet, mais tient tête au comte : brillant, lucide, mène la danse avec d’assez longues tirades. Le face à face maître/valet devient affrontement entre noblesse et Tiers état. A travers ce dialogue, il y a en fait une opposition entre les classes sociales qui se confrontent dans une vision critique de la société de l’Ancien Régime défendant les privilèges des nobles dans tous les domaines. Figaro défend ici ses intérêts, mais devient porte-parole de la bourgeoisie qui conteste le bien fondé des privilèges.

Nous pouvons comparer cet extrait du Mariage de Figaro avec celui de l’île des Esclaves puisque dans ces œuvres, on questionne la place des maîtres et leur comportement autoritaire.

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